Pour la première fois, le musée Carnavalet – Histoire de Paris, de référence mondiale pour ses collections de la Révolution française, prend le parti de singulariser une seule année révolutionnaire, sans doute la plus complexe. L’exposition Paris 1793-1794. Une année révolutionnaire marque l’importance du rôle révolutionnaire de Paris. L’ « An II » du calendrier républicain, correspondant à la période allant du 22 septembre 1793 au 21 septembre 1794, est une année décisive de la Révolution française.

Illustration : Jean-Baptiste Lesueur, Repas républicain à Paris, 1794 © Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

1789, année de la Prise de la Bastille et de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, serait la glorieuse année de la Révolution, et même de la Révolution française tout entière. L’année pendant laquelle Paris se serait définitivement imposée comme la capitale des Lumières et des Révolutions.

Jacques-Louis David, Marat assassiné (réplique de l’original), entre juillet et novembre 1793 © Grand Palais Rmn (Château de Versailles) / Franck Raux

Mais face à la clarté de « 89 », « 93 » apparaît bien plus ténébreuse et embarrassante. À peine achevée, la longue année politique qui s’écoule du printemps 1793 jusqu’à l’été 1794 a en effet trouvé un nom : la « Terreur ». Fabriqué pour des raisons politiques, le mot évoque la transition autoritaire du nouveau régime républicain. Pourtant, les années 1793 et 1794 sont aussi ce que d’autres, confiants dans leur capacité à réinventer l’histoire, ont appelé l’ « An II » : une année de rupture avec le passé et de relance des utopies révolutionnaires.

Pierre-Antoine Demachy, La fête de l’Unité et de la Réunion sur la place de la Révolution, vers 1793 © Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

C’est cet héritage contrasté que l’exposition propose de découvrir, dans le foisonnement artistique, sensible et intellectuel de ce temps de crise. « Révolutionnaire », l’année 1793-1794 l’est à double titre : une partie des 700 000 Parisiennes et des Parisiens la vivent comme un temps d’utopies et d’expériences politiques qui font brèche à la désespérance, mais elle l’est aussi car les mesures provisoires d’exception pèsent lourdement sur la population.

Jeanne-Louise, dite Nanine, La Liberté, 1794 © Collection Musée de la Révolution française – Département de l’Isère Dépôt du Musée du Louvre

L’exposition réunit plus de 250 œuvres de toute nature, peintures, sculptures, objets d’art décoratif, objets d’histoire et de mémoire, papiers peints, affiches, pièces de mobilier… toutes interprètent des histoires collectives et des trajectoires individuelles inouïes.
Ces œuvres les plus diverses dévoilent un contexte traversé d’autant
de peurs collectives et de violences d’État que d’activités quotidiennes, de fêtes et célébrations hors du commun. Les œuvres les plus connues sont redécouvertes grâce à des investigations scientifiques menées en laboratoire.

Jean-Baptiste Philibert Moitte, Projet d’arc de Triomphe pour le concours de l’An II, 1794 © Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Plusieurs créations ont été spécialement réalisées dans le prolongement des œuvres présentées : un texte de l’écrivain Eric Vuillard intitulé « La Mort de Robespierre » et plusieurs dessins des auteurs-dessinateurs Florent Grouazel et Younn Locard. L’exposition présente également cinq entretiens filmés d’historiennes et d’historiens spécialistes de la période – Déborah Cohen, Aurélien Larné, Guillaume Mazeau, Côme Simien et Sophie Wahnich – ainsi qu’un dispositif multimédia permettant de poursuivre la visite dans les lieux parisiens de la période, encore visibles aujourd’hui.

Pour visiter l’exposition au Musée Carnavalet, du 16 octobre 2024 au 16 février 2025, c’est ici.


L’exposition Caillebotte au Musée d’Orsay