Habituellement consacrée aux antiquités italiennes et médiévales, la galerie ouverte en avril dernier se transforme pour laisser place à une rétrospective sur le peintre belge Léon Devos, dont nous célébrons le cinquantième anniversaire de sa mort cette année.

Illustration: « Nature morte aux rascasses », circa 1953

En 1934 Richard Dupierreux, critique d’art de l’époque, qualifiait Léon Devos de « peintre de la joie ». Un an après sa mort, le 17 avril 1975, Gustave Camus publiait dans le Bulletin de lAcadémie des Beaux-Arts une éloge à son camarade défunt et parlait de lui comme étant doté d’une « réalité poétique qui accorde au chant des couleurs une puissance évidente ».

« Émilie », circa 1933 © Zouave

Tout au long de sa carrière, ce peintre wallon du XXe siècle (1897-1974) aura touché son public par sa large palette chromatique et ses sujets sincères. Des premiers nus réalisés au début des années 30, peints dans des couleurs plus froides et avec le trait fin et aérien, aux natures mortes intenses et vives de la seconde moitié de sa carrière, l’évolution artistique de Léon Devos est saisissante.

« Autoportrait », circa 1955 © Zouave

Très vite attiré par le dessin, il reporte le début de son apprentissage et s’engage volontairement au sein de l’armée belge durant la première Guerre Mondiale. Démobilisé en 1919, il s’inscrit à l’Académie des Beaux-Arts de Mons et ira ensuite poursuivre sa formation à Bruxelles et Paris, où il habitera jusqu’en 1928 et dont les toiles du Louvre, qu’il visitait presque chaque jour, continueront de l’inspirer des décennies durant.

« Autoportrait », circa 1930 © Zouave

De retour à Bruxelles, il est présent lors de la création du mouvement artistique wallon Nervia en 1928, en réponse au pendant flamand de Laethem-Saint-Martin. Initié par l’assureur Léon Eeckman, le groupe a pour but de défendre un art wallon trop souvent délaissé. Ici, aucune ligne de conduite artistique ou technique, si ce n’est le rejet de l’avant-gardisme à tout prix et le choix des sujets portés principalement sur l’humanisme et l’idéalisme. Anto Carte, Louis Buisseret, Taf Wallet, Frans Depooter, Léon Navez, Pierre Paulus, Rodolphe Strebelle et Jean Winance rejoindront également le mouvement qui perdurera une dizaine d’années.

« Bouquet de fleurs », circa 1953 © Zouave

Confiné place des Barricades pendant la seconde Guerre Mondiale, à une centaine de mètres de bureaux de la Gestapo, Léon Devos sort de cette période avec une volonté évidente d’une construction plus formelle. Le trait devient plus appuyé et les sujets deviennent animés d’une couleur bien plus vive. Une réelle évolution dans le chef de l’artiste qui tendra à s’harmoniser avec ses premières œuvres au sortir des années 50.

« Nu debout », 1929 © Zouave

Entre temps, il deviendra professeur et ensuite directeur de l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles où il laissera sa marque et sera fortement apprécié par ses élèves comme Maurice Wyckaert pour ne citer que lui. Il sera également choisi en 1952 pour une commande d’État afin de réaliser le tableau officiel de la prestation de serment du roi Léopold III de 1934.

« Paysage provençal », circa 1956 © Zouave

Les dernières réalisations de l’artiste seront marquées par le soleil du Sud de la France et par l’arrivée de ses petits-enfants, mais toujours avec une sincérité absolue de la recherche du beau et de la peinture franche, hors des nouveaux critères établis à cette époque.

« À ma Milie », 1950 © Zouave

Cette riche carrière est donc exposée chez Zouave, une galerie ixelloise qui a vu le jour en début d’année. Des premières toiles peignant son épouse Émilie jusqu’à l’une de ses dernières natures mortes, l’exposition fait honneur à l’artiste et à la large variété de ses œuvres. Celle-ci s’étend durant tout le mois d’octobre et consacre cet artiste hautement honoré et apprécié de son vivant, en proposant à la vente près d’une cinquantaine de toiles. L’exposition ayant connu un franc succès depuis son lancement il y a deux semaines, celle-ci est d’ailleurs prolongée jusqu’à début novembre.

« Paysage », circa 1942 © Zouave

Léon Devos, 50 ans après. À la galerie Zouave, 525A Chaussée de Waterloo, 1050 Ixelles. Du mercredi au samedi de 13h à 18h30, ou sur rendez-vous. Exposition jusqu’au 2 novembre 2024.


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