Avec près de 70 ans d’activité en tant qu’acteur et plus de 50 en tant que réalisateur, Clint Eastwood s’impose comme l’une des plus grandes légendes du cinéma encore en vie aujourd’hui. Âgé de plus de 90 ans, il est sidérant de constater à quel point cet immense artiste continue de nous surprendre. En effet, si ce « Juré n° 2 » est bel et bien son dernier film, il aura conclu sa carrière de la plus sublime des manières, en nous offrant une nouvelle fois, une œuvre brillante.

Le metteur en scène revient à l’un de ses sujets favoris avec « Juré n°2 »

Ces dernières années, Clint Eastwood s’était intéressé au thème de la justice. Nous l’avons vu par exemple mettre en valeur les héros américains dans « Sully » et « Le cas Richard Jewell ». Ces deux films racontent l’histoire d’hommes ordinaires, qui ont dû réagir à une situation d’urgence pour sauver des vies. Leur acte héroïque va leur apporter la gloire, jusqu’à ce qu’ils soient accusés injustement d’êtres les responsables de la catastrophe qu’ils ont stoppées. Ce « Juré n° 2 » se focalise également sur la justice, mais ici le traitement est différent, Eastwood a vraiment voulu explorer dans son cinéma toutes les facettes de cette thématique.

Nicholas Hoult et le réalisateur Clint Eastwood sur le tournage de Juré n°2 © Dichotomy Films

Ici, le protagoniste n’est pas soupçonné à tort d’avoir commis un crime, il est le coupable réel et c’est une autre personne qui est inculpée à sa place. C’est comme si la situation était inversée par rapport aux deux longs métrages cités précédemment. En effet, nous suivons un homme être juré dans un procès pour meurtre. On accuse le petit ami d’une jeune femme de l’avoir assassiné. Le protagoniste va vite réaliser que l’auteur de ce crime, c’est lui-même. Il a percuté cette femme sur la route et il a continué son chemin, croyant qu’il s’agissait seulement d’un cerf. Il va être confronté à un dilemme moral extrêmement difficile et intense. Doit-il se dénoncer au risque de détruire sa propre vie ou faire condamner un innocent ?

« Juré n°2 » : Une œuvre percutante et qui fait réfléchir

Le conflit psychologique auquel le héros est confronté est très bien représenté à l’écran, la performance de Nicholas Hoult dans le rôle principal est remarquable. Son jeu est très fin et sobre, il transmet énormément d’émotions avec seulement ses yeux et son regard. On ressent le poids de cette culpabilité qui ronge le protagoniste de plus en plus tout le long de ce procès.

Un dilemme moral © Dichotomy Films

Il n’est pas le seul à être tiraillé, on nous montre également le point de vue de l’avocate de l’accusation, superbement interprétée par Toni Collette. Doit-elle rester fidèle à sa mission et tenter de faire emprisonner cet homme, même si un doute persiste ?

Des dilemmes moraux d’une redoutable intensité

Le film interroge sur le concept même de justice. L’avocat, doit-il simplement remplir la fonction que le système lui impose ou doit-il avant tout rechercher la vérité ?

L’auteur du crime va-t-il se dénoncer à la justice ? © Dichotomy Films

Notre protagoniste est certes l’auteur de ce crime, mais il s’agissait d’un accident, il n’est pas un meurtrier. Mérite-t-il de tout perdre pour protéger un homme, innocent dans ce cas de figure, mais déjà coupable de nombreux actes de violence par le passé ? Tous ces questionnements sont très interpellants, Clint Eastwood les met en scène à la perfection, il désire susciter le spectateur à la réflexion et le faire s’interroger sur ce qu’il aurait fait à la place de ces personnages.

Clint Eastwood livre un magnifique hommage aux classiques du Septième Art

« Juré n° 2 » est aussi une œuvre très référencée, Clint Eastwood rend hommage à des monuments du cinéma. L’intrigue rappelle le fabuleux classique du cinéma français « Le Septième Juré » sorti en 1962. Le personnage campé par Bernard Blier était confronté à un dilemme similaire, car il avait assassiné une femme et se retrouvait juré au procès du compagnon de celle-ci.

L’actrice australienne Toni Collette interprète une procureure adjointe dans Juré n°2 © Dichotomy Films

On y voit aussi des allusions évidentes au fantastique et intemporel « 12 hommes en colère », car on y voit un personnage se dresser seul contre les autres jurés qui sont tous convaincus de la culpabilité de l’accusé. Certaines séquences sont des clins d’œil clairs au chef d’œuvre de Sidney Lumet. Seul un cinéaste aussi talentueux que Eastwood pouvait avoir l’audace de réinterpréter à sa façon les thématiques explorées par ces deux immenses films.

Affiche de « Juré n°2 » © Dichotomy Films

Une sortie de scène magistrale pour le brillant cinéaste

Vous l’aurez compris, « Juré n° 2 » est une très grande réussite et un long métrage à ne pas manquer. Clint Eastwood livre une œuvre subtile et très forte dans les questionnements qu’elle pose. Le film dégage énormément d’émotions, sans jamais tomber dans le piège de la surenchère. S’il s’agit effectivement de son dernier film, Clint Eastwood quitte la scène par la grande porte.

Bravo Monsieur !

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