Cette année encore, Antica Namur Fine Art Fair fait son grand retour du samedi 8 au dimanche 16 novembre, avec moult exposants présentant des maîtres anciens, des arts décoratifs des XVIIIᵉ et XIXᵉ siècles, de la peinture et de la sculpture modernes et contemporaines, ainsi que du mobilier allant de la Haute Époque à l’époque moderne. Ils seront 115 cette année à dévoiler leurs trésors dans les allées de Namur Expo (2, avenue Sergent Vrithoff), nichées au cœur de la capitale de la Région Wallonne.
Parmi eux, citons la Galerie Costermans, Millennium Atelier ou encore la toute récente MFJ Gallery.

Illustration : « Allégorie du Printemps : le pique-nique dans le parc d’un château » de Sébastien Vrancx © Galerie Costermans

L’éternelle et célèbre Galerie Costermans, située 5 Place du Grand Sablon à Bruxelles, dans l’ancien hôtel du XVIIIᵉ siècle du Chastel de la Howarderie, présentera une superbe toile de Sébastien Vrancx, figure de l’école flamande du XVIIᵉ siècle (Anvers, 1573-1647). Intitulée « Allégorie du Printemps : le pique-nique dans le parc d’un château », l’œuvre invite le spectateur à entrer dans un univers champêtre. Sous les frondaisons d’un parc boisé, des dames et des gentilshommes s’enivrent de musique, de bons vins et de bonne chère.

Cette foire connaît toujours un grand succès © Antica Namur


Au premier plan, un pique-nique improvisé, sur une nappe étendue dans l’herbe garnie de plats, de pain et de vin, évoque l’abondance et la douceur de vivre. Une dame allongée, levant son verre, incarne une Flore profane, figure de la fécondité et de la jouissance. À gauche, un couple s’enlace ; au centre, d’autres dansent ; à droite, un musicien joue — autant de gestes qui, ensemble, composent une symphonie de joie. À l’arrière-plan, le château entouré d’un étang, la chaumière d’un paysan et, plus loin à droite, le clocher d’une église s’inscrivent dans un décor verdoyant. La scène est baignée d’une lumière douce et paisible, typique des compositions flamandes du XVIIᵉ siècle.

Marc Renard, « Résurgence », 2025 © Millennium Atelier

Millennium Atelier, la jeune galerie de Raphaël Van Huyck, sise 32 rue des Minimes à Bruxelles, présentera pour sa part de nombreuses toiles d’artistes contemporains, dont des œuvres de Marc Renard et Daisy Boman. Mais ce qui retiendra particulièrement l’attention, c’est une sculpture de Jef Lambeaux (1852-1908). Sculpteur originaire d’Anvers, formé à l’Académie royale des Beaux-Arts, Lambeaux s’impose rapidement comme une figure majeure du réalisme sculptural belge.
Il rejoint le groupe progressiste « Les XX », qui prônait la liberté artistique face aux conventions académiques.

Jef Lambeaux, chez Millenium Atelier © Wikipedia Commons


Son œuvre Le Temple des Passions humaines suscita en son temps de vives polémiques en raison de son érotisme et de son intensité dramatique. Tout au long de sa carrière, Lambeaux s’attacha à représenter le corps humain dans sa force expressive, oscillant entre beauté, douleur et exaltation des sens. Dans cette sculpture intitulée « Le Baiser » (1881), on retrouve parfaitement le style caractéristique de l’artiste : vitalité, tension, complexité des émotions — un mélange de lutte, d’abandon et de désir, typique du symbolisme expressif de Lambeaux. Un exemplaire identique est actuellement visible à la Maison Hannon (1 Avenue de la Jonction, 1060 Saint-Gilles), dans l’exposition « L’écho des songes », consacrée au symbolisme belge. La sculpture en bronze, mesurant 57 × 70 × 31 cm, sera proposée au prix de 9 500 euros.

Toute aussi récente, la MFJ Gallery apportera une touche d’Orient dans le sillage namurois. Créée en 2025 par Michaël de Favereau de Jeneret, cette galerie spécialisée dans les peintres orientalistes belges du XIXᵉ siècle, a ouvert ses portes 18 Rue Ernest Allard, à deux pas du Sablon. Ces artistes se sont attachés à représenter les peuples orientaux, en traduisant dans leurs toiles leurs langues, histoires, coutumes, religions et littératures.

Une œuvre orientaliste d’Emile Claus © MFJ Gallery


Si, dès le XVIIIᵉ siècle, l’Orient est déjà en vogue — pensons à L’Enlèvement au sérail de Mozart, aux Lettres persanes de Montesquieu, à Zaïre ou encore à Mahomet le prophète de Voltaire, sans oublier les portraits « à la turque » d’Élisabeth Vigée-Le Brun — c’est véritablement au XIXᵉ siècle que le nombre de représentations orientales s’intensifie et gagne en réalisme. Les artistes ne se contentent plus d’insuffler une vision fantasmée du Levant : ils cherchent à représenter cet univers tel qu’il est, avec ses minarets, souks, médinas, mosquées, costumes de lin et, surtout, ses couleurs d’une chaleur et d’une intensité incomparables.

Antica Namur, du 8 au 16 novembre 2025


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