À quelques kilomètres de Dinant, se dresse, le long de la Meuse, le village de Bouvignes. On trouve au cœur de cette charmante localité chargée d’histoire la Maison du patrimoine médiéval mosan (MPMM), un espace d’expositions qui nous emmène à la découverte de la fabuleuse histoire de la vallée mosane. Jusqu’au 6 novembre, la MPMM propose, outre ses collections permanentes, l’exposition temporaire #Révolution de l’écrit, qui nous fait voyager dans le temps, à partir du XIIIe siècle, à une époque où l’écrit acquiert une place inédite dans nos sociétés.

Le Moyen Âge, trop souvent considéré comme une période obscure par le grand public, est en réalité ponctué de nombreux épisodes riches en découvertes et en évolution sociétales. Parmi tant d’autres, voilà un des temps forts de cette période : celui d’une révolution du rôle de l’écrit dans le fonctionnement de la société. Généralement considéré comme un sujet réservé aux spécialistes, la MPMM se propose de faire découvrir à ses visiteurs cette révolution qui est loin d’être anodine et dont on perçoit encore les effets aujourd’hui.

©V. Rocher-SPW-AWaP

L’écriture occupe une place centrale dans l’histoire de l’humanité. Sa naissance vient d’ailleurs tout bouleverser : on quitte la préhistoire pour entrer dans l’Histoire. La culture écrite continue de se développer au cours du temps. Un des grands moments, bien connu de tout à chacun, est l’invention de l’imprimerie par Gutenberg vers 1454. Cette innovation est si révolutionnaire qu’elle est généralement considérée par les historiens comme la fin du Moyen Âge et le début des Temps Modernes. Mais avant l’apparition de l’imprimerie, l’histoire de l’écrit connaît d’autres rebondissements.

Si l’on remonte jusqu’au XIIIe siècle, on constate que l’écrit n’est plus employé par quelques personnes aisées socialement, mais qu’un nombre croissant d’individus y recourent pour des utilisations très variées. On écrit de plus en plus pour gérer son domaine et son argent, pour se remémorer des choses importantes, alors qu’auparavant, on utilisait quasi exclusivement sa mémoire. À partir du XIIIe siècle, l’écrit devient, dans nos régions, un outil indispensable pour de nombreux aspects de la vie quotidienne.

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Si cet épisode de l’histoire est peu connu pour les non-initiés, la MPMM relève le défi de le rendre accessible au grand public. L’exposition débute avec une brève présentation de l’apparition des écritures, qui peuvent prendre des formes très variées. Plusieurs pièces antiques sont d’ailleurs exposées pour mieux en visualiser la diversité. On entre ensuite à l’époque médiévale où l’on se penche tout d’abord sur la place de l’écrit dans le monde ecclésiastique. On y découvre de magnifiques enluminures, qui font la splendeur des manuscrits de cette époque. Des instruments employés pour orner les lettres de miniatures sont également visibles. Leur taille et leur forme permettent de se rendre compte de la complexité du travail et de la patience dont faisaient preuve les moines dans leur monastère.

Ensuite, l’exposition se poursuit autour d’autres documents, ceux créés en-dehors du monde religieux pour répondre à des besoins plus quotidiens, comme les comptes d’un domaine ou des actes consignant par écrit des transferts de propriétés. Une variété de pièces en original, issues de différents dépôts d’archives et de bibliothèques de Belgique, y sont présentes. Notons un dossier exceptionnel de parchemins et de papiers retrouvés il y a un peu plus de 10 ans enfouis depuis la fin du XIXe siècle dans le sol d’une galerie de la collégiale Saint-Vincent de Soignies en Hainaut.

Si le Moyen Âge est une période très ancienne, il est, en effet, encore possible de découvrir des documents de cette époque. Grâce aux fouilles archéologiques réalisées à Soignies sous la direction de C. Ansieau, le visiteur peut ainsi observer des fragments dans leur état de découverte dont l’apparence diffère grandement d’autres pièces restaurées présentes dans l’exposition. En effet, l’historien travaille sur des documents très variés qui ont parfois eu des histoires compliquées et qui ne sont pas toujours bien conservés.

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À côté de cette présentation de l’évolution du rôle de l’écrit durant l’époque médiévale, la MPMM a également désiré mettre en avant d’autres pans de la discipline historique. Si les archives nous apportent des informations sur la société qui les a produites, il est nécessaire de savoir lire ces informations, de les déchiffrer. C’est au paléographe que revient la tâche d’identifier et d’étudier les écritures anciennes.

Un jeu est proposé au visiteur qui désire se glisser dans la peau du paléographe. Sous la forme du jeu du pendu, il s’agit de trouver le mot apparaissant à l’écran. D’ailleurs, si vous désirez poursuivre l’expérience, Aurélie Stuckens et Geneviève Benoît proposent le 4 septembre prochain dès 15h un atelier découverte de la paléographie médiévale et une démonstration de calligraphie médiévale.

De plus, l’exposition se prolonge par une publication à destination de tous : #Révolution de l’écrit. Essor et développement de la culture écrite (XIIe-XVe siècles). L’ouvrage réunit treize contributions de spécialistes (archéologues, historiens, historiens de l’art et romanistes) qui offrent une vision très large de l’écrit à l’époque médiévale.

Il est disponible sous format papier et téléchargeable en ligne sur le site : https://cahiersdelampmm.be/.

L’exposition #Révolution de l’écrit est présente jusqu’au 6 novembre prochain à la MPMM. Du mardi au dimanche de 10h à 18h.

Les ateliers du 4 septembre prochain sont accessibles sur réservation par téléphone au 082/22.36.16 et par mail via info@mpmm.be.

Pour toutes informations complémentaires, n’hésitez pas à consulter le site de la Maison du patrimoine médiéval mosan https://www.mpmm.be.