Le Musée de la Porcelaine de Dresde (SKD) constitue la plus vaste et la plus précieuse collection de céramiques au Monde. On doit son existence au roi de Pologne et Prince-Électeur de Saxe Auguste le Fort et sa « maladie de porcelaine », comme il qualifiait lui-même sa passion pour « l’or blanc ». L’éventail de porcelaines exposées va des vestiges de la dynastie chinoise Ming aux porcelaines japonaises Imari et Kakiemon du début du XVIIe et du XVIIIe siècle, en passant par les collections datant du règne de l’empereur Kangxi.

Illustrations : toutes les photos sont de © Grégoire Tolstoï

À travers des œuvres caractérisées par une extrême habileté, le musée présente aussi l’évolution de la porcelaine de Meissen, depuis son invention jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Il est abrité dans le palais Zwinger depuis 1962. Ces dernières années, l’architecte new-yorkais Peter Marino a réaménagé l’intérieur des deux galeries sous arcades et de la Tiersaal (salle des animaux). Ainsi, le palais Zwinger permet aujourd’hui d’admirer toute la beauté des précieuses porcelaines de Chine, du Japon et de Meissen.

Vers 1934, on programma un transfert au Zwinger, mais la guerre et l’évacuation, en prévision de potentiels bombardements, empêchèrent la réalisation de ce projet. Les bombardements eurent effectivement lieu, dont les terribles bombardements du 13 au 15 février 1945 qui détruisirent la majorité de la ville, notamment le service au Cygne qui était propriété des descendants du comte de Brühl, et tuèrent en 35 000 et 50 000 personnes. De ce service survécurent quarante pièces qui sont aujourd’hui exposées dans la collection.

Les pièces de la Collection ayant été évacuées survécurent à la guerre, mais furent en revanche confisquées par l’Armée Rouge et envoyées en URSS à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Elles furent restituées vers 1955 et l’idée d’un transfert de la collection au Palais du Zwinger ressurgit. La collection s’installa dans ce palais en 1962, après trois ans de restaurations et de rénovations. Actuellement les travaux continuent. Elle s’y trouve toujours, dans l’ancienne orangerie des princes-électeurs de Saxe.

Un musée magnifique toujours en travaux, mais les collections sont accessibles

Auguste le Fort (1670-1733) est à l’origine de cette incroyable collection. Sous son impulsion, Dresde s’enrichit d’une extraordinaire collection de porcelaines. Il fut influencé dans cette soif de porcelaine par son goût passionné pour la beauté de ce matériau exotique et des reliefs peints par les peintres céramistes d’Extrême-Orient, mais aussi par la mode très répandue de la chinoiserie qui influençait la culture européenne à son époque. L’élaboration d’une collection de rang international était également pour lui une belle vitrine de sa puissance et de la richesse de la Saxe, tout en témoignant de sa formation humaniste et de son cosmopolitisme. Il a réunis plus de 23 000 objets en porcelaine !

Des porcelaines si précieuses qu’on avait coutume de les surnommer « L’Or Blanc »

Le roi acheta sans compter pour les porcelaines venues d’Asie à partir de son accession au trône de Pologne, et il fut sur le point de se ruiner à plusieurs reprises pour avoir tenté avec brio de surclasser les autres cabinets de porcelaine des princes européens. Mais Auguste enrichit également sa collection grâce aux présents diplomatiques qui lui étaient offerts, dont l’un est devenu légendaire, celui du roi Frédéric Ier de Prusse (1657-1713). Pour remercier Auguste le Fort de lui avoir envoyé 600 cavaliers, Frédéric lui livra à Dresde 151 vases chinois monumentaux. Aujourd’hui cette collection de porcelaine est la plus grande du Monde et mérite d’être certainement d’être visitée lors de votre passage dans la ville de Dresde.


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