Vous n’avez pas des centaines, voire des milliers d’euros, à dépenser pour une seule nuit dans un palace historique et mythique ? Mais peut-être avez-vous de quoi vous offrir un café ? Je vous emmène au palace « Les Trois Rois », à Bâle.

C’est un magnifique hôtel au bord du Rhin. Et un des plus anciens qui soient. Sa première mention date de 1681. A l’époque, Louis XIV régnait en France, Pierre le Grand en Russie l’année suivante.  Ca ne nous rajeunit pas. Mais quand on sait qu’en Angleterre à l’époque règne Charles II, et que le roi actuel est juste le suivant des Charles, c’est-à-dire Charles III, on peut se dire que c’était hier.

Un magnifique hall central sur plusieurs étages, un petit côté « Grand Budapest Hotel » © photo Grégoire Tolstoï

En ce temps-là, en raison du mauvais état des routes, le Rhin était une voie navigable encore plus importante qu’aujourd’hui. Les auberges fleurissaient donc sur ses bords, et c’est ainsi qu’est mentionné l’hôtel « Drei Köningen », ou « Zu den Drei Köningen », francisé depuis des siècles en : « Les Trois Rois », un nom à la mode en 1681, tout comme on rencontrait alors beaucoup d’auberges du  « Cheval Blanc ». Ca tombe bien, c’est justement le nom du restaurant de l’hôtel, animé par le chef Peter Knogl. Mais comme je vous l’ai dit, je suis juste venu pour un café.

Les Trois Rois vous attendent à Bâle © photo Grégoire Tolstoï

C’est sur la très belle terrasse qui surplombe le Rhin que je me suis installé par une magnifique matinée d’août, pour siroter un café glacé, idéal par ces journées d’été. Calme et tranquillité, personne d’autre sur la grande terrasse. Seuls de l’autre côté, séparés par des plantes, des clients de l’hôtel finissent leur petit-déjeuner. Mais ils sont plus nombreux et doivent se supporter les uns les autres, les pauvres.

Atmosphère © photo Grégoire Tolstoï

En contrebas, dans le Rhin, je vois des centaines de personnes, accrochées à des sacs imperméables qui contiennent leurs vêtements, et qui se laissent entraîner par le courent. Le fleuve va vite, ils ne doivent même pas nager, juste se laisser aller. On me dit que c’est une activité prisée des Bâlois, qui descendent ainsi le fleuve sur des kilomètres. Dans un autre genre, l’hôtel loue aussi sa Bentley couverte de graffiti pour se promener dans la ville. Décidément, je ne comprendrai jamais mes contemporains.

Il y en a pour tous les goûts © Grand Hôtel Les Trois Rois

Juste au-dessus de moi se trouve la célèbre chambre 117 qu’occupait en son temps le fondateur du sionisme, Theodor Herzl. C’est à Bâle qu’il a organisé le premier Congrès Sioniste en 1897. Une célèbre photo le montre accoudé à la balustrade de sa chambre. Le pont en arrière-plan a changé depuis, construit en 1914. Mais la balustrade est toujours la même. Le président israélien Isaac Herzog est venu récemment prendre la pose au même endroit, pour le 125e anniversaire de cet événement.

Theodor Herzl au balcon de la chambre 117. La photo est en partie reprise sur cette vignette de 1913 vendue en faveur du mouvement sioniste © Wikipedia Commons

On ne compte plus les célébrités qui ont logé aux Trois Rois : Napoléon, Voltaire, Goethe, Wagner, Dickens, Liszt, Duke Ellington, Sartre, Bob Dylan, Picasso, Chagall, le Dalaï-Lama… Et la reine d’Angleterre ; mais où n’a-t-elle pas logé ? Sans oublier Grégoire Tolstoï. Mais lui, il n’était là que pour un café glacé.

Un excellent café glacé, un bon souvenir au calme des Trois Rois © photo Grand Hôtel Les Trois Rois pour la terrasse, photo Grégoire Tolstoï pour le café

Visitez le site de l’hôtel Les Trois Rois (5 étoiles)


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