Du 18.04 au 13.05, la CINEMATEK de Bruxelles nous permet de plonger dans l’univers Camp à travers l’objectif de Marie Losier. Cette artiste française s’est appliquée, depuis les années 90, à réaliser des portraits en 16 mm de figures de la contre-culture telles que George Kuchar, Guy Maddin, Alan Vega, ou encore Tony Conrad.

Un cinéma analogue dans un monde digital

Fantaisistes, poétiques et anticonformistes, les films de Marie explorent autant les procédés artistiques que les vies de ceux dont elle réalise les portraits grâce aux moyens d’un cinéma analogue. C’est à l’Anthology Film Archives de New York que Marie a découvert le cinéma expérimental underground auquel elle est restée fidèle en continuant à utiliser sa Bolex.

En effet, les limitations physiques de cette caméra, comme la nécessité de rembobiner la pellicule par exemple, lui permettent de garder un geste très intentionnel ainsi que de penser l’image et de travailler la matière du film telle une plasticienne. Elle tourne, d’abord sans son, développe, coupe, superpose, colore, altère le film. Puis elle enregistre les récits de ses protagonistes et investit le son, ultérieurement, pour donner à ces objets singuliers une dimension onirique.

Faire du cinéma comme on cuisine une tomate

Mike Kuchar disait à Marie : “You can make films the way you cook a tomato. Keep cooking it in your corner” (Tu peux faire des films comme tu cuisines une tomate. Continues de cuisiner dans ton coin.) L’économie du cinéma de Marie, qui pendant longtemps n’a pas bénéficié de financements, lui a donné la liberté de filmer sans contraintes ce qui lui tenait à cœur.

Ainsi, elle filme des gens qu’elle aime de manière intime et complice. C’est un cinéma fait
maison où les protagonistes se sentent à l’aise pour improviser, performer et même jouer. “It is done with a lot of professionalism but a lots of joy and messy too” (C’est fait avec beaucoup de professionnalisme, mais beaucoup de joie et de pagaille aussi) précise Marie Losier dans une interview.

Au menu de la CINEMATEK

Lundi 18.04 à 19 h : une immersion dans sorte de mélodrame hitchcockien burlesque en deux films: L’Oiseau de la nuit de Marie Losier et Ocaña, retrat intermitent de Ventura Pons. En présence de la drag queen Juriji der Klee.

Vendredi 22.04 à 19 h : une promenade dans le musée de la chasse et de la nature avec Taxidermisez-moi et dans les expériences musicales et sonores de Felix Kubin dans Felix in Wonderland, suivit d’une rencontrer avec la poétesse et performeuse Milady Renoir.

Samedi 23.04 À 17 h : une collection de 5 court métrages de Marie Losier : Electrocute Your Stars, Bird Bath and Beyond, Byun, objet trouvé, Alan Vega, Just a Million Dreams et Manuelle Labor. Puis à 19h, toujours en présence de Milady Renoir, une immersion dans la Lucha Libre mexicaine avec Bim, Bam, Boom et Cassandro el Exótico !

Dimanche 24.04, trois rendez-vous : à 17 h 45 une performance musicale de Felix Kubin dans Waltz Me Trust Me suivit du processus de création collective de Pina Bausch dans le film de Chantal Akerman Un Jour Pina A Demande… À 19 h 30 une plongée en apnée dans les strates de l’inconscient du théâtre de Richard Foreman avec The Ontological Cowboy puis deux figures du cinéma indépendant : Tonino De Bernardi et Alberto Momo dans Des
provinces Lointaines
de Catherine Libert. Et enfin à 21 h 15 Marie Losier présente deux portraits de famille qui lui tiennent à cœur. Oncle Yanco réalisé par Agnes Varda sur un oncle retrouvé et Grey Gardens réalisé par Albert et David Maysles sur la tante et la nièce de Jacky Kennedy.

Vendredi 06.05 à 19 h : une histoire d’amour et de fusion entre l’artiste Genesis P-Orridge, figure mythique de la scène musicale anglaise industrielle et Lady Jaye dans The Ballad of Genesis and Lady Jaye.

Vendredi 13.05 à 19 h : deux portraits ludiques de Tony Conrad, pionnier de la musique minimaliste et performeur du cinéma expérimental.

Ce cycle est programmé par CINEMATEK et le Centre du Film sur l’Art (C.F.A.)
En collaboration avec l’Ambassade de France en Belgique & l’Alliance Française et ÂGE D’OR.