Ils s’étaient déjà attaqué à des icônes du monde de l’art tels que Van Gogh, Klimt ou encore plus récemment Frida Kahlo , c’est maintenant aux principales figures des Arts visuels du New York des années 60, 70 et 80 qu’ils s’intéressent. Exhibition Hub Entertainment – l’entreprise organisatrice, a choisi la Grand Place de Bruxelles pour sa nouvelle création : Exposition Pop Masters, qui expose le travail d’Andy Warhol, de Roy Lichtenstein et de Keith Haring, trois figures emblématiques du mouvement Pop Art.

Une scénographie léchée

Aux premiers abords, la proposition est alléchante, exposer les mastodontes du Pop Art dans les locaux qui avaient déjà accueilli l’exposition Banksy: Genius or Vandal. On s’attendait donc à quelques reproductions des pièces les plus représentatives des grands maîtres du Pop Art: les Marilyns colorées de Warhol, les personnages en pointillés de Roy Lichtenstein, et les fresques peuplés de petits bonshommes entremêlés de Keith Haring.

Forts de nos certitudes, on se glisse dans la première salle, une pièce à priori vide, où les symboles fétiches de nos trois artistes sont projetés à 360°. Déjà, on est dans l’ambiance. Mais l’expo ne fait que commencer: car l’un des murs s’ouvre littéralement sur la galerie. C’est partie pour une bonne heure de déambulation dans des couloirs et des pièces tapissées de noir, permettant une mise en valeur optimale des couleurs vives des différentes affiches exposées. On en a littéralement pris plein la vue. Et pour le coup, tout y est :  parmi les œuvres phares de l’exposition, on retrouvera « Drowning Girl » de Roy Lichtenstein, les célèbres « Campbell’s Soup Cans » d’Andy Warhol ou encore la fresque dénonçant les ravages de la cocaïne « Crack is Wack » de Keith Haring.

Les quelque 150 posters de la collection que l’on va pouvoir admirer proviennent du Museum für Kunst und Gewerbe (MKG) de Hambourg, qui est, d’avis de grands curateurs du monde de l’art, l’une des plus riches au monde. Pour l’expérience, on devra remercier Exhibition Hub, producteur et distributeur de grandes expositions à travers le monde, du Brésil à la Chine.

En gros, l’idée est de proposer des expériences ludo-éducatives, en utilisant des biais d’art numérique, avec pour fer de lance, leurs exposition immersives. Des spectacles de sons et lumières où le spectateur semble être happé tout entier dans l’univers de l’artiste exposé, rendant, de facto, l’art plus accessible à un public de novices et de curieux.

Cela ne pouvait pas mieux porter le propos intrinsèque du mouvement pop art, dont l’objectif même est grosso modo de rendre accessible des contenus artistiques au plus grand nombre. Car, au-delà du pure aspect scénographique, que l’on a trouvé très réussi, on en apprend long sur les artistes et surtout, sur la portée de leur art depuis les années 60 jusqu’à aujourd’hui.

(Re)découvrir le mouvement Pop Art, une démocratisation des arts visuels

On apprend par exemple que la vision artistique de nos trois compères du Pop Art converge globalement vers une idée principale : démocratiser les arts visuels, réintroduire le réel dans un art jusque là fortement marqué par le courant expressionniste abstrait, destiné à une élite de connaisseurs. Ils prendront donc le parti d’introduire des symboles populaires – d’où la célèbre Campbells can, qui marquent ou ont marqué l’inconscient populaire pour désacraliser l’œuvre d’art, qui auparavant s’intéressait plutôt à des sujets dits “nobles”.

Mais les artistes vont plus loin, et certaines des pièces exposées ont carrément un caractère visionnaire, comme lorsque Warhol déclare sur l’une de ses créations qu’à l’avenir, n’importe qui pourra accéder à la célébrité pendant 15 minutes, ou que personnellement il ne lit jamais, trop occupé qu’il est à regarder les images. 

Au détour d’une des pièces de l’exposition, on tombe sur une œuvre de Lichtenstein reprenant les couleurs du drapeau ukrainiens…

Roy Lichtenstein, Liberté 1991

Historiquement parlant, c’est aussi pour nous l’occasion de plonger dans l’univers du New York des années 60, et de redécouvrir les codes d’un art visuel bien particulier, la publicité, et de comment Warhol, Lichtenstein et Haring se sont employés à en jouer au service de leurs divers combats. On y retrouve l’engagement de Keith Haring pour des sujets de société qu’il a à cœur de défendre, comme par exemple la lutte contre le SIDA, ou la lutte contre l’apartheid.

Keith Haring, Ignorance = Fear / Silence = Death 1989 ©Fondation Keith Haring
Keith Haring « Sans titre », 1984 ©Fondation Keith Haring

Pour toutes ces raisons, on ne peut que recommander l’expérience. Vous avez jusqu’au 29 Mai prochain, à la Grand Place.