J’ai connu Ferdinand Lemoine quand j’étais professeur dans une petite ville des Hauts de France dont il est originaire, j’ai eu régulièrement de ses nouvelles par mon fils qui est son ami et j’ai suivi ses débuts avec intérêt. Et voilà que j’apprends que Ferdi va faire l’Olympia ! Cela méritait bien une petite rencontre.

Ferdi le saxophoniste, fervent supporter de l’OM est un musicien qui compte désormais sur la scène musicale bruxelloise et qui est en train de prendre son envol. De belles collaborations avec des rappeurs et autres beatmakers lui ont permis d’affiner son style et de se forger sa propre identité.

Des débuts classiques

Il m’a donné rendez-vous pour le déjeuner dans un café de Saint-Gilles, La Pompe. J’arrive la première pour découvrir ce lieu où se côtoient jeunes et moins jeunes artistes, journalistes et bobos dans un brouhaha joyeux et décontracté autour d’assiettes appétissantes. Ferdi aime bien manger et il me dit être affamé dès son arrivée, c’est donc en dégustant un copieux plat de légumes (Céleri rave rôti à la sauge et au parmesan pakchoï, sauce gorgonzola chicon) qu’il répond à mes questions.

Ferdi, le Petit Prince du saxophone

Elève au conservatoire de Douai, il manque parfois les cours « quand j’avais match… » et rate ainsi quelques présentations d’instruments mais assiste à celle du saxophone et succombe à son pouvoir magique. S’en suivent des années d’apprentissage couronnées par une médaille d’or. Alors qu’il se prépare à entrer au conservatoire de Paris, il change d’avis et opte pour la section jazz du conservatoire royal de musique de Bruxelles où il passera cinq années.

Soucieux de gagner sa vie, il quitte le conservatoire pour animer soirées d’anniversaires et autres réceptions, une activité lucrative mais peu satisfaisante pour celui qui rêve déjà à d’autres horizons musicaux. C’est le confinement qui va permettre au jeune musicien de faire des rencontres décisives pour la suite…

Ferdi dans le clip de 5:34 © YouTube

Les belles rencontres font les belles collaborations

Piano et saxo

Au gré de ses discussions sur les réseaux sociaux, Ferdi (c’est désormais son nom de scène) rencontre le rappeur bruxellois Peet qui cherchait un saxophoniste. « J’ai fait un truc en quelques minutes sur Insta et il marche direct », c’est un premier pas dans le petit monde du rap de la capitale belge.

Ferdi et Sofiane Pamart

Il fait ensuite la connaissance de Dabeull dans une soirée, « le funky man » producteur l’emmène en studio où il sympathise avec celui qui deviendra son ami, Sofiane Pamart. Leur faible différence d’âge ne permet pas de parler d’un mentor mais Ferdi reconnaît que « le pianiste a ouvert les portes d’une autre direction artistique pour la musique instrumentale notamment en collaborant avec de nombreux artistes du rap ».

Ferdi suit donc les traces de Sofiane Pamart avec qui il enregistre dès leur rencontre quatre morceaux. Comme lui, il souhaite toucher un public plus large que celui du jazz classique et dépoussiérer la vision traditionnelle du saxophone. Il s’agit de ramener l’instrument au premier plan et de créer un univers autour de lui : « la musique instrumentale de demain pour ma génération ».

Au pied du Phare © Scylla

Rap et saxo

Et pour ce faire, il répond aux invitations de talentueux artistes comme Ichon, ou Scylla, dont les univers auraient pu sembler éloignés de celui d’un instrument comme le saxo… Et pourtant !

Ecoutez Au pied du Phare de Scylla jusqu’au bout pour le superbe solo de Ferdi.

Trompette et saxo

Il y en a un qui est de toutes les aventures de Ferdi, l’ami de la première heure, trompettiste, beatmaker et producteur qui évolue dans cette mouvance que je qualifierais de trans-catégorielle (j’utilise ce mot avec l’assentiment de Ferdi), c’est Béesau.

Ferdi et Béesau

Il suffit d’écouter la prestation des deux artistes dans l’émission de La Libre.be pour constater leur évidente complicité.

De leur collaboration est né le morceau Pandore.

C’est après avoir participé au dernier album du trompettiste que Ferdi décide de se lancer et de sortir son premier EP (Extended Play : 5 titres).

Dans la cour des grands :

Val Duchesse

Val Duchesse, c’est le titre de l’EP composé de cinq morceaux aux couleurs mélangées de jazz, hip hop et néo-soul. Son ami Béesau l’accompagne, à la trompette bien sûr, pour le morceau 5h34 dont le clip est tourné comme les quatre autres par Virgil Hombach, réalisateur qui m’a confié avoir utilisé pour ce morceau la salle de bain de la maison de son grand-père, « effet seventies garanti ! »

L’album Val Duchesse de Ferdi © Ferdi

Romance

Sa collaboration avec Dabeull permet la sortie de son premier album Romance en septembre dernier, un véritable bijou qui porte l’empreinte des 80’s qu’affectionnent les deux artistes. Huit morceaux, cette fois portés par le saxophoniste de bout en bout, qui laissent présager un avenir des plus brillants à ce jeune artiste encore émerveillé par une belle aventure musicale qui n’en est qu’à ses débuts.

Ferdi, l’album Romance © Ferdi

Son nom en haut de l’affiche

Invité par Sofiane Pamart, Ferdi sera sur la scène de l’Olympia du 22 au 26 octobre et si son nom n’apparait pas encore sur la façade de la prestigieuse salle, nul doute qu’il brillera en lettres de feu dans l’esprit de ses nombreux fans, ses parents en tête !

Et puisque le concert affiche complet pour les cinq dates, il vous sera peut-être possible de l’applaudir dans l’un des Zénith de la tournée en novembre et décembre où il accompagnera toujours le talentueux pianiste.

Une belle collaboration de Ferdi avec Sofiane Pamart © Sofiane Pamart

Quand j’interroge Ferdi sur la suite, il me regarde avec un petit air malicieux… Il a de beaux projets, qui pourraient de nouveau l’amener à collaborer avec l’un de ses fidèles compagnons de route. Il pourrait aussi nous faire voyager et continuer de franchir les frontières musicales.

 Un petit prince du jazz (je ne sais si ce sont sa blondeur ou sa capacité d’émerveillement qui m’évoque cette analogie) à suivre à travers la Belgique, la France, et pourquoi pas la planète !

Ferdi avec la rédactrice de Culturius Frédérique Vanandrewelt © Frédérique Vanandrewelt

Les bonnes adresses bruxelloises de Ferdi

. Le café La Pompe « pour l’ambiance, le patron et le lunch », Chaussée de Waterloo 211, Bruxelles

. Le caviste Calmos « parce qu’il m’a fait découvrir les vins naturels », Rue de Tamines 1, Saint-Gilles

. La boulangerie Charli « parce qu’ils font les meilleurs croissants de la ville ! », Rue Sainte-Catherine 34, Bruxelles

. La boutique 90, vintage football store « parce que je collectionne les maillots de foot vintage », Rue des Riches Claires 18, Bruxelles

Si vous voulez découvrir 6 nouveaux groupes musicaux belges, c’est par ici sur Culturius.