La Frauenkirche, symbole de la religion luthérienne dans la ville de Dresde, cathédrale détruite par les bombardements anglo-américains pendant le seconde guerre mondiale, a retrouvé sa splendeur d’antan au cœur de la capitale de la Saxe.

C’est un chef d’œuvre technique de l’architecture baroque, une ode de pierre lancée vers le ciel à la manière des bâtisseurs de cathédrales du Moyen-Âge. Construite d’après les plans de l’architecte George Bähr entre 1726 et 1743, elle culmine à 96 mètres de haut. Son immense dôme surmonté d’un lanternon est visible de tous les coins de la ville de Dresde. C’est une des plus belles églises luthériennes d’Allemagne.

Statue de Martin Luther devant la Frauenkirche reconstruite. On voit les quelques pierres noires anciennes, mélangées aux nouvelles © photo Grégoire Tolstoï

Une église luthérienne ?

Oui, luthérienne, car la population de la ville était majoritairement de cette confession. C’est une profession de foi protestante, face au prince-électeur de Saxe, Auguste II le Fort, qui s’est convertit à la religion catholique, car il était aussi roi de Pologne. Cette couronne vaut bien une messe. Son fils, Auguste III fera même construire à Dresde la cathédrale catholique de la Sainte-Trinité en même temps que les habitants font construire la Frauenkirche, l’église Notre-Dame luthérienne. Une véritable course à celui qui aura la plus belle église. Dans l’église catholique se trouve une crypte abritant les sarcophages de la famille de Saxe. Mais les deux bâtiments seront détruits par le grand bombardement de 1945.

Un magnifique orgue récent du facteur alsacien Daniel Kern © photo Grégoire Tolstoï

Le bombardement de 1945

Du 13 au 15 février 1945 la magnifique ville de Dresde, surnommée la Florence de l’Elbe, sera rayée de la carte par une série de quatre raids aériens anglo-américains. La ville-musée était devenue un ville-hôpital, regroupant 22 hôpitaux et des centaines de milliers de réfugiés. Le nombre de morts que ce bombardement a fait est extrêmement fluctuant en raison de l’aspect politique qu’il revêt.

La Frauenkirche en 1880, et en 1945 © Wikipedia Commons

Cela va de 25 000 morts pour l’historien Rolf-Dieter Müller au début des années 2000, à 305 000 morts pour la Comité International de la Croix-Rouge (CICR) en 1946. Ce bombardement de terreur sur des civils avait pour objectif de casser le moral de l’ennemi, comme les bombes atomiques larguées sur le Japon. Les bombes incendiaires ont créé une véritable tempête de feu, ce qui a complètement détruit la Frauenkirche par la chaleur plutôt que par les explosions des bombes elles-mêmes.

Relique de l’ancienne croix qui surmontait l’église, en partie fondue par les températures infernales du bombardement © photo Grégoire Tolstoï

Une formidable reconstruction

On voit encore des éléments de métal fondu qui ont échappé à la destruction complète et qui sont exposés dans l’église. Un débat est intervenu après la guerre sur le fait de reconstruire ou pas cette église emblématique du patrimoine allemand. Durant la période communiste de l’Allemagne de l’Est, on considéra, sans surprise, que le bâtiment devait rester à l’état de ruines pour rappeler symboliquement les horreurs de la guerre. Un choix différent a été fait lors du retour à la démocratie et de la Réunification allemande, et cette incroyable église a été reconstruite à l’identique.

L’admirable, et hélas trop rare, travail de restauration © photo Grégoire Tolstoï

Avec un coût de 125 millions d’euros, les travaux ont commencé en 1993 et se sont achevés en 2005 lorsque l’église a été consacrée. En 2006 elle a été ouverte au public à l’occasion du 800ème anniversaire de la ville de Dresde. D’une capacité de 2200 fidèles, les visiteurs peuvent admirer l’extraordinaire travail de restauration. Seules certaines pierres de couleur noire, rescapées de la destruction et réutilisées pour la reconstruction, rappellent la mosaïque de pierres de différentes époques utilisées pour cet extraordinaire travail.

Les bords de l’Elbe dans le centre de Dresde, la Frauenkirche ressort par sa hauteur © photo Grégoire Tolstoï


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