Le 12 janvier est devenu depuis quelques années le « Kiss a Ginger Day », le « Jour des Roux ». Cette nouvelle tradition se veut positive, contrairement aux anciennes traditions qui stigmatisaient les roux.

C’est dans la série Southpark que les scénaristes ont eu la mauvaise idée de lancer, en manière de blague, le « Kick a Ginger Day », le jour où l’on frappe les roux. Cette mauvaise blague s’inscrivait bien dans la tradition négative liée à la rousseur. Heureusement un Canadien, Derek Forgie, a eu la bonne idée de lancer ce « Kiss a Ginger Day », le « Jour où on embrasse un roux », et qu’il a fixé le 12 janvier de chaque année. Sans devoir embrasser qui que ce soit, c’est une bonne journée pour célébrer les chevelures flamboyantes, trop souvent malmenées par le passé. Mais pourquoi cet ostracisme ?

Victor Prouvé, dessin préparatoire pour La Femme Rousse © Galerie Origines

Assimilés aux sorciers

Depuis des temps très anciens, les roux ont été assimilés aux sorciers. Leurs cheveux couleur de feu en faisaient les enfants du Diable car on disait qu’ils étaient marqués des feux de l’Enfer. Les taches de rousseur en étaient les marques évidentes. Et le soufre des Enfers leur donnerait une mauvaise odeur. Les roux n’avaient donc pas d’âme, étaient des démons. La tradition est restée en ce qui concerne nombre de personnages de sorciers modernes : Églantine Price, Molly Wiseley et toute sa famille (dans Harry Potter), Winifred Sanderson (Hocus Pocus), Pandora (Ma Sorcière Bienaimée), Willow (Buffy contre les Vampires), etc…

Les vampires, parlons-en

La légende veut que les roux soient prédisposés au vampirisme, ils se transformeraient après leur mort en suceurs de sang. Ils pourraient aussi être des demi-vampires, des dhampires, ou moroïs. Ils auraient la faculté de se déplacer de jour, ce sont alors des diurnambules, comme Blade. Certains peuples des Balkans auraient des prédispositions à la rousseur, ce qui en ferait de potentiels vampires. Xénophon cite le peuple Thrace, et Hérodote le peuple Sarmathe. Lilith, que l’on peut considérer comme la première vampiresse, aurait été rousse.

La Liseuse, Henner © Domaine public

Une soi-disant traîtrise

On a aussi accusé les roux d’être des traîtres. Le saint patron des traîtres, Judas, aurait été roux selon cette tradition. Ce n’est pas dans la Bible, mais les artistes se sont emparés du thème et ont souvent représenté Judas de la sorte. Si cette couleur n’était pas appréciée, on l’a donc accordée aux Juifs que les antisémites affirment être plus souvent roux que les autres. Le roi David aurait été roux. Assimilés à la jolie fourrure du renard, les roux seraient malins et retors comme des goupils. Et par conséquent les roux seraient infidèles. Pour achever le tableau, en France au Moyen-Âge on demandait aux prostituées de se teindre en rousses.

Quant aux Romains, ils estimaient que les roux avaient un tempérament de feu, notamment sexuel. C’est pourquoi nombre de femmes romaines de la bourgeoisie se commandaient des perruques rousses.

La Cène (1519, retable de Herrenberg) de Jerg Ratgeb © Domaine public

Pour célébrer ce Ginger Day, laissons la parole à l’écrivain français Savinien de Cyrano de Bergerac (1619-1655) qui aimait beaucoup les femmes à la chevelure rousse et en parle avec les tournures de style astronomiques de son temps: « Une belle tête sous une perruque rousse n’est autre chose que le soleil au milieu de ses rayons, ou le soleil lui-même n’est autre chose qu’un grand œil sous la perruque d’une rousse. Cependant tout le monde en médit à cause que peu de monde a la gloire de l’être, et cent femmes à peine en fournissent une, parce qu’étant envoyées du Ciel pour commander, il est besoin de plus de sujets que de seigneurs. »

Boticelli, La Naissance de Vénus, 1485 © Wikipedia Comons

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