Pour sa 27e édition, le Graspop, festival de metal belge incontournable, a frappé très fort, grâce à une affiche légendaire que tous les festivaliers seront fiers de porter sur leurs t-shirts commémoratifs. 

Compte rendu d’une expérience hors du commun

Sur 4 jours, nous avons vu plus de légendes du rock et du metal que durant toute notre vie d’adulte. Et l’on peut avec certitude se dire que ça ne nous arrivera probablement plus jamais. Sur les réseaux sociaux, après l’annonce du line-up, tous les festivaliers ou presque se sont mis d’accord : cette année, le GMM dépasse clairement le Hellfest, autre institution du metal en Europe, en matière d’invités prestigieux. 

Et pour cause : pas moins de huit headliners, dont cinq qu’on ne voit plus très souvent en Europe. Machine Head a ainsi décidé d’accorder au Graspop sa seule et unique date européenne. On note aussi le retour très marqué de Pantera – sans les frères Abbott, pour des raisons évidentes – sous forme d’hommage. Et pour clôturer, deux groupes qui traversent les générations : Mötley Crüe et Def Leppard.

Avec une affiche pareille, on pardonnerait presque le seul bémol de ces quatre jours de folie : un Axel Rose très décevant pour mener les Guns & Roses, qui clôturait le premier jour de ce festival. 

©GMM

La présence très remarquée de Johnny Depp aux côtés des Hollywood Vampires, accompagné notamment d’Alice Cooper et Joe Perry pour ne citer qu’eux, rajoute encore un peu plus de prestige à cette affiche qu’on n’est prêts d’oublier. On notera aussi l’intervention étonnante de Helmut Lotti, qui s’est adonné à plusieurs reprises étonnantes sous le Metal Dome. Si certains ont dû faire face à quelques dilemmes – car beaucoup d’artistes se produisaient en même temps sur deux scènes différentes – on ne retiendra qu’une chose de ce week-end : les plus vieux peuvent encore compter sur leurs fans de toujours, tout en attirant une nouvelle génération. La preuve avec nos saints de Los Angeles préférés : Nikky, Vince et Tommy – sans Mick – de Mötley Crüe, qui ont enflammé ce dernier soir malgré la pluie battante, avec leurs titres les plus célèbres : Live Wire, Girls Girls Girls ou encore Kickstart My Heart. C’est pourtant la prestation de Tommy Lee au piano, sur Home Sweet Home, qui a le plus ému nos cœurs de rockeurs.

D’un petit festival de rock local, à la référence belge

Depuis 1996, le Graspop Metal Meeting attire jusqu’à 200 000 visiteurs chaque année dans la commune flamande de Dessel – autrement dit, pratiquement au milieu de nul part, mais ce n’est pas ce qui arrêtent les véritables fans. La promesse ? Quatre jours intenses de metal, de rock et de punk sur cinq scènes différentes, et un marché pour renflouer sa garde robe et sa collection de disques. 

Si cette année le festival enregistre son tarif le plus haut, avec un ticket Combi à 299€ et la journée à 95€, cela n’a pas empêché le public de répondre présent, car les quatre jours ont été déclarés sold out

Une journée au Graspop Metal Meeting

Si vous n’avez jamais vécu l’expérience du Graspop, ou même d’un festival de metal, voici à quoi vous attendre. 

Le réveil se fait à 9h au doux son mélodieux du titre Dikke Titten de Rammstein – difficile pour certains, car si ce n’est pas le froid qui vous a empêché de dormir sous votre tente, c’est probablement la musique ou les autres festivaliers bout-en-train faisant la fête jusqu’au bout de la nuit. 

Les plus courageux feront la file pour prendre une douche rapide au prix d’un jeton, d’autres se contenteront d’un petit rafraîchissement à l’évier. Les campeurs les mieux préparés se retrouveront autour de leur réchaud pour une bonne omelette au bacon, d’autres se contenteront d’un pain au chocolat écrasé au fond de leur sac. Mais en festival, l’inconfort importe peu : c’est la musique qui compte.

Vers 11h30, les premiers festivaliers quittent le camping pour se garantir une place devant les barrières du premier concert de la journée. Et à partir de midi, les circle pits et autres pogos s’enchaînent les uns après les autres. Certains profiteront d’un concert de black metal pour faire leur meilleure sieste au soleil, d’autres s’amuseront à collecter les gobelets en plastique qui jonchent le sol afin de jouer à la pêche aux canards.

©GMM

Le Graspop, c’est aussi une multitude de personnages hauts en couleurs, et une ambiance unique et sécurisante. L’apparence importe peu, tous les corps y sont acceptés sans jugement et avec une grande bienveillance. Parce qu’il est vrai que, si les métalleux traînent derrière eux une réputation de mecs violents et alcoolisés, on oublie souvent qu’il s’agit aussi de la communauté la plus ouverte d’esprit et respectueuse de l’autre. En témoignent les nombreux slammers qui confient leurs corps à la foule les yeux fermés pour surfer jusqu’à la scène. Et en tant que femme, il n’y a pas meilleur endroit pour se sentir en sécurité, même en se baladant en soutien-gorge sous un soleil cuisant.

À partir de 18h, les headliners commencent à défiler sur scène, jusqu’à une ou deux heures du matin. Les plus courageux continueront ensuite vers le Classic Rock Café où les DJ défilent jusqu’aux petites heures pour faire danser la foule. D’autres tenteront en vain de s’endormir sous leur tente, épuisés mais heureux. 

Autre élément notable de cette aventure hors du commun : la nourriture, consommée à des heures pas du tout convenables, beaucoup trop chère, mais en quantité très variée. 

En bref, que vous soyez fan inconditionnel ou initié, le Graspop Metal Meeting constitue un univers à explorer au moins une fois dans sa vie, ne serait-ce que pour son ambiance bon enfant. On retiendra la règle numéro 1 de ce festival d’enfer : venez comme vous êtes, avec toute votre énergie et votre sens de la camaraderie. Sur le chemin du retour, attendez-vous à expérimenter le véritable blues post-festival. Une chose est sûre, nous, on a déjà envie d’y retourner.