Joseph Jongen est le plus grand compositeur belge de la première moitié du XXe siècle. Un grand festival a lieu en Belgique ces mois de novembre et décembre en son honneur, à l’occasion des 150 ans de sa naissance. Et les entrées sont gratuites ! Vous n’avez plus d’excuses pour ne pas le découvrir.

Joseph Jongen, un festival pour le célébrer

Laissons la parole à Olivia Wahnon de Oliveira, la directrice du Conservatoire Royal de Bruxelles : « Le Festival Joseph Jongen 150 organisé par le Conservatoire Royal de Bruxelles est né de la volonté de rendre hommage au compositeur qui fut aussi professeur de fugue (1920-1925) et directeur (1925-1939) de son institution.

Joseph Jongen à Londres pendant la Première Guerre Mondiale © Wikipedia

Né il y a 150 ans, précisément le 14 décembre 1873, et décédé le 12 juillet 1953, Joseph Jongen est considéré comme le compositeur belge le plus important de la première moitié du XXe siècle. Il se consacre à la composition dès le début des années 1890 et s’y voue toute sa vie, ce qui lui permet d’écrire un corpus de près de 140 œuvres des plus variées dont les manuscrits sont conservés au sein de notre bibliothèque. »

Des lieux de concert prestigieux

C’est dans des lieux d’une beauté merveilleuse, tout emprunts de l’architecture Art Nouveau qui embellissait la Belle Époque qui fut aussi celle de Joseph Jongen, que plusieurs des concerts qui lui sont consacrés auront lieu. Songez donc : le Musée Horta, l’imposant Hôtel de Ville de Saint-Gilles, la délicate Maison Autrique, l’École n°1 de Schaerbeek qui est un véritable palais scolaire Art Nouveau, le Musée des Instruments de Musique qui occupe les superbes et anciens magasins Old England, la Maison Hannon qui vient de rouvrir après une fabuleuse restauration, et bien sûr le Conservatoire Royal de Bruxelles, et d’autres lieux encore.

Joseph Jongen vers 1914 © joseph-jongen.org

Le sublime et pauvre Conservatoire Royal de Musique qui a subi l’outrage des ans et du désintérêt des responsables politiques, au point de devoir disposer des seaux pour récolter l’eau qui coulait des trous dans les toits… Le scandale de son abandon prendra fin bientôt car en septembre 2024 commenceront de grands travaux de restauration de ce magnifique bâtiment aux merveilleux stucs omniprésents. Les travaux sont prévus pour cinq ans. Le chantier est en effet imposant et ô combien nécessaire.

Un concert d’ouverture prometteur

J’ai eu le privilège d’assister au concert d’ouverture du lundi 27 novembre au Conservatoire Royal et de découvrir une musique intéressante de Joseph Jongen que j’avoue ne pas avoir connue avant cette date. La radio Musiq3 était là pour retransmettre en direct ce moment intense ,qui comportait notamment une création mondiale : les Impressions d’Ardennes pour deux pianos, op.44 (1913), magistralement interprétée par les pianistes Éliane Reyes et Jean-Claude Vanden Eynden.

La Rhapsodie pour piano, flûte, hautbois, clarinette, basson et cor, op.70 (1922) était parfaitement interprétée par Julie Delbart au piano. A remarquer aussi la violoniste Shirly Laub dans le Concert à cinq pour flûte, violon, alto, harpe violoncelle, op.71 (1923), premier mouvement. Ou encore la harpiste Annie Lavoisier dans la Valse pour harpe, op.73 (1924). Joseph Jongen qui appréciait particulièrement la harpe, influencé par le grand harpiste français Marcel Grandjany. Il existe en effet une belle tradition de cet instrument en Belgique, qui fait de notre école une des meilleures du Monde avec l’école française.

Un programme très inspirant

Parmi les morceaux qui seront mis à l’honneur, une Chanson Roumaine, musique de Joseph Jongen évidemment, et paroles d’Hélène Vacarescu. Cette grande dame de la littérature roumaine qui écrivait aussi en français, deux fois primée par l’Académie Française, fut une personnalité des lettres du début du XXe siècle, mais aussi une combattante lors de la guerre de 1877-1878 pour la libération de la Bulgarie du joug ottoman, une diplomate, une personnalité de la Cour. Demoiselle d’Honneur de la reine Elisabeth de Roumanie avec laquelle elle partageait la passion du spiritisme, elle faillit épouser l’héritier du Trône de Roumanie, le prince Ferdinand de Hohenzollern-Sigmaringen, projet contrecarré par le roi Charles Ier de Roumanie. Une fameuse personnalité !

Pour la suite du festival je vous invite à consulter le programme des concerts qui se succéderont jusqu’au 14 décembre, à Bruxelles mais aussi à Liège. Vous trouverez sûrement votre bonheur parmi l’abondante production musicale de ce grand compositeur.

Découvrez sur Culturius un autre grand talent musical belge, le contre-ténor Dominique Corbiau.

Joseph Jongen: Danse Lente pour flûte et harpe