Jusqu’au 5 mars 2023 « To Tell My Real Intentions, I Want To Eat Only Haze Like A Hermit » de Katherine Longly nous propose une vision sociologique, au travers le témoignage de 10 personnes, du rapport humain à la nourriture à la galerie du Botanique. Bien loin d’être uniquement « un acte technique », manger est chez l’humain et dans nos sociétés, un acte culturel et codifié. Plongez dans l’univers japonais et son iconographie culinaire, l’exposition de Katherine Longly vous offre, salive à la bouche, une excellente tambouille pour méninges : à méditer !

Dans la galerie du botanique, entre takoyakis et bonne bière belge un choc culturel
enveloppe ce vernissage. Katherine Longly nous dévoile une atmosphère nipponne anxiogène pour l’individu inondé dans le collectif de société : un collectif qui prime souvent au détriment de l’individualité de l’être. Une rude réalité mise à vue à travers le thème de l’alimentation : quel rapport lie alimentation et comité ?

Grand questionnement du nouveau projet de K.Longly, en artiste récolteuse d’un terrain
culturel bien éloigné du sien, le Japon, les témoignages de 10 participantes sont décryptés
et mis en rapport dans une exposition qui présente une vision des complications du rapport humain à la nourriture.

Une artiste-médiatrice des témoignages récoltés des personnes choisies, rencontrées durant son voyage au Japon, champion du malaise social. Une exposition ficelée de ces récits personnels et intimes, qui prend pour point de départ l’expérience passée de l’artiste, de son propre corps et du conditionnement à l’aliment. Qu’est ce qu’un monde qui nous dicte nos conduites et nos désirs, dans l’obligation de soi, de notre corps : jusqu’à ce qui est ingéré, mesuré, pesé et pesant ?

Une voltige à travers des faits bien réels, de sa vie d’enfant stigmatisé par son poids vers les
expériences personnelles des personnes rencontrées durant sa résidence. L’artiste a
recherché en ces contrées lointaines le recul nécessaire à sa propre culture pour établir un travail d’anthropologue décentré. On y découvre le témoignage de personnes dont le profil nous éclairent, chacun.e.x selon son expérience, sur notre rapport à la nourriture et quel sens nous puissions comprendre et exploiter : se connecter avec nos proches, contrôler notre corps, (di-)gérer nos émotions, développer notre créativité, etc.

Traumatismes symptomatiques d’une société codée qui propose à ses personnes au profil
atypique, un rude rapport journalier aux calories, comme l’inscription de celles-ci sur les
marches du métro ou une présence constante de l’image qui nous renvoient à nos complexes. Comment peut-on vivre dans ce constant rappel à des codes déterminants non choisis ? D’autant plus lorsque l’être est déjà en état d’anxiété, que signifie pour lui l’iconographie extérieure omniprésente qui le renvoie à son souci ?

« Tu seras comme ci, tu seras comme cela »

L’ ensemble des témoignages, collages de réalités, teinte un pluriel original des dépendances et rejets de chacun-ex. Un travail de dialogue et d’écoute pour Katherine qui offre un appareil jetable à chaque participant-e. Ce travail d’archéologue du présent offre une représentation à celleux que l’on souhaite gommer ici et là. L’artiste demande à ses co-créant-ex de délivrer leur expérience personnelle inédite dans l’expression de leur choix.

C’est au travers des marques et des concepts de leur culture méga codée que se compose le roman de leur histoire au sein de la galerie du Botanique. En ressort un magnifique abécédaire de vie et de vision très personnelles sur un sujet commun : l’alimentation de chacun.e et comment celle-là même dicte le rythme de nos vies et de notre quotidien. Entre regard personnel et conditionnement, comment ces personnes atteintes de sur ou sous poids se retrouvent confronté-e-x au quotidien dans l’être ensemble jusqu’à dicter de nouveaux comportements nutritifs.

Dois-je faire face à mes collègues lorsque je ne désire pas partager un repas avec, ni même
leur regard ? Et comment me sentir face à l’abandon de moi-même ?

Digression entre l’écartement de l’individu, la séparation de la mère, vers des comportements impulsifs dirigés ver l’objet et l’achat, l’abandon, la surenchères, la distorsion du temps et de l’espace (…) : définir son mode consumérisme reviendrait à mesurer l’impact des personnes et des proches dans ma vie ? Quelle vision, quel réflexe, quelle diction, quelle sommation tisse-je entre moi, les autres, la nourriture ? Où et de qui sont mes actes, que reproduis-je, que vis-je ? Autant de portraits, de clichés et de questions déconstruits grâce à ce travail et une culture qui intègre l’aliment, le manger jusqu’en faux semblant.

Une exposition riche d’émotions qui nous demande : que se passe-t-il dans nos assiettes et
nos pensées ?
Véritable sujet propre à l’individualité : le plat devient miroir de soi à travers des faïences bien réflexives.

En parallèle de l’exposition, Katerine Longly a sorti un livre fait main primé en Belgique dans
la catégorie « gravure et image imprimée », à la croisée de l’art et de l’anthropologie avec les personnes interviewées sur les racines de cette relation à la nourriture.

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