La fièvre de l’exposition immersive : Le mapping, nouvel outil d’accès à l’art ?
Dans plusieurs capitales européennes se sont succédées des expositions d’artistes de renom. Van Gogh, Bruegel, Klimt, Monet ont orné l’intérieur de différents hauts lieux culturels sous formes de projections lumineuses animées, nous invitant à redécouvrir les grands classiques sous un autre angle.
Depuis une dizaine d’années le secteur artistique suit la mouvance numérique en nous proposant une nouvelle expérience lumineuse : le mapping. Ce dernier révolutionne notre relation à l’art -pictural- tant dans sa création que dans son appréhension. Cette technique permet la projection de visuels sur des volumes en jouant avec leur relief.
C’est en 1952 au château de Chambord que les premiers spectacles de son et lumières ont été créés. La mise en mouvement d’images et la spatialisation sonore du lieu ont été rendues possible grâce à l’association de projections lumineuses et de nouvelles techniques dites stéréophoniques, développées par des ingénieurs de la Radio-télévision française (RTF) et par la société de diffuseurs sonores Elipson (Monin,2019). Cette audacieuse transversalité entre les techniques audio-visuelles et artistiques ont permis de donner l’impression de vie dans des lieux pourtant inanimés, laissant place à un théâtre multisensoriel joué tous les soirs d’été sous le regard émerveillé des visiteurs.
Infiniment sensorielle et onirique, cette technique réservée à une petite élite a fini par séduire de nombreuses entreprises créatives et inonde désormais le secteur artistique.
En 2012, les carrières de pierres des Baux-de-provences, connues désormais sous le nom de Carrières des Lumières, a été l’un des premiers grands lieux de diffusion du mapping grâce à sa première exposition “Gauguin, Van Gogh, les peintres de la couleur” réalisée par G.Iannuzzi, R.Gatto et M.Saccardi. Elles restent à ce jour un lieu inévitable pour les amateurs de cette expérience si unique.
L’expérience avant tout
Dans ces expositions les artistes disparaissent sous leurs œuvres, seules quelques pièces maîtresses sont mises à l’honneur et prennent vie. La grenouille ailée de Bruegel s’échappe dans un coin de mur, tandis que le couple dans le Baiser de Klimt échange une étreinte devant nos yeux ébahis.
Derrière ces bains de lumières, un travail technique considérable d’artistes et ingénieurs qui analysent, déconstruisent et reconstruisent des œuvres numériquement pour l’adapter à des parois, des murs, et parfois des monuments historiques. En France, les châteaux de la Loire se sont habillés d’art renaissant pendant que les hauts plafonds de la Bourse à Bruxelles étaient inondés de la douce lumière de la Nuit de Van Gogh.
Magique, les spectateurs vivent une expérience riche en couleur et en musique créant un véritable monde enchanté. Absence d’écritos explicatifs, de livrets et de murs blancs, le mapping cherche à émouvoir le spectateur et non à le questionner. Cette nouvelle vague permet à un public peut-être réticent à l’idée d’une visite classique au musée, d’apprécier l’art par les sens. Dans une société de plus en plus numérisée en recherche d’images percutantes, le mapping reste à ce jour un levier crucial quant à l’accès à l’art et son histoire.