Avec La tendresse, la metteuse en scène Julie Berès et son équipe poursuivent leur enquête autour de la jeunesse d’aujourd’hui. Après avoir exploré l’émancipation féminine dans Désobéir, ils s’interrogent sur les codes masculins, sur ses modèles, ses constructions et ses assignations. Deuxième volet de ce diptyque, La tendresse est un spectacle tout aussi explosif et rythmé que Désobéir. Une pépite à voir au théâtre de Namur du 15 au 17 mars 2023 !

Miroir masculin

©Axelle de Russé

Tout comme Désobéir, la metteuse en scène, Julie Berès, et les auteurs Lisa Guez, Alice Zeniter et Kevin Keiss sont allés à la rencontre de jeunes pour construire leur pièce. Cette fois-ci, ce ne sont plus des jeunes femmes issues de l’immigration qui se prêtent à l’exercice, mais des hommes. Ceux-ci se voient questionnés sur leur rapport à la masculinité et à la virilité sous différents prismes (la famille, la sexualité, le monde du travail…) : qu’est-ce qu’être un mec bien ? Un bon père ? Un bon amant ? Quels sont leurs modèles ?Dans la droite lignée de Désobéir, La tendresse réunit un ensemble de témoignages et des parcours de vie qui sont portés sur scène par huit jeunes hommes venus d’horizons différents. En plus de leurs origines et de leurs milieux sociaux-culturels différents, ils apportent un propos divergent qui témoigne de l’infinité des facettes d’une même problématique. Ces discours ne manquent pas d’humour et sont déclamés avec une incroyable énergie.

Une énergie joyeuse

©Axelle de Russé

La tendresse s’ouvre en trombe. Les interprètes débarquent en furie sur fond de rap brutal d’un collectif de rappeurs marseillais. Ils se mettent alors à danser au rythme des paroles emprunts de clichés liés à la masculinité. Une entrée fracassante qui est à l’image de la suite : l’énergie que dégagent les comédiens est incroyable. Ils se donnent comme s’il y allait de leur vie. Entre battles et joutes verbales, un groupe se construit sous nos yeux où chacun tente de trouver sa place pour s’exprimer. Durant toute la durée du spectacle, à tour de rôle, ils se dévoilent pour des confessions faites aux autres. Si les points de vue sont différents, chacun à leur manière vient ébranler les injonctions d’une identité masculine construite sur la performance, le physique, la domination de soi et des autres. Ils souhaitent tous bouger les codes qui leur ont été enseignés. Les certitudes des générations antérieures se fissurent. Comment se positionner face à ces schémas ancestraux ? En faire partie ? S’en exclure ou s’en dissocier ? Car derrière cette rage, transparaissent beaucoup d’incertitude, de fragilité mais aussi de la sensibilité, tant d’aspects que le patriarcat a souhaité faire disparaître.

Le corps en place d’honneur

©Axelle de Russé

Une attention toute particulière a été donnée au corps. Au-delà du discours, les comédiens proposent plusieurs scènes de danse d’une très belle intensité. Les techniques se croisent et se répondent. Danseuse de hip-hop, Naso Fariborzi est tout aussi incroyable que Junior Bosila Banya qui nous surprend par sa maîtrise du breakdance. Natan Bouzy vient brouiller les frontières des genres en interprétant une danse de ballet. Outre la musique et la danse, le corp est également mis en avant lors d’une scène phare où aucun mot n’est prononcé et pourtant d’une forte intensité. Mais je vous laisse le plaisir de la découvrir.

Une ode à la jeunesse et à la fureur de vivre qui fait du bien !


La tendresse de Julie Berès avec Bboy Junior (Junior Bosila), Natan Bouzy, Naso Fariborzi, Alexandre Liberati, Tigran Mekhitarian, Djamil Mohamed, Romain Scheiner et Mohamed Seddiki.

Durée : 1h30 (sans entracte)

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