« Qui, à la tombée du jour, voyant un château en ruines, n’a pas imaginé la présence de quelque inquiétant fantôme en ses murs éprouvés ? Qui, en traversant une épaisse et sombre forêt alors que vient la nuit, n’a pas cru deviner l’ombre de quelque inquié- tante créature ? Si elles évoquent de vagues souvenirs d’enfance, ces craintes-là ne concernent pas que les plus jeunes… Christian Doumergue, le prolifique auteur spécialiste des mystères, nous intrigue à nouveau avec son passionnant « Atlas des lieux hantés ».

À travers le monde, innombrables sont les récits cristallisés autour de tel ou tel lieu inspirant une terreur sourde. Ainsi, les châteaux d’Europe ne sont pas les seuls à avoir leurs fantômes. Au Japon comme ailleurs en Asie, les histoires de spectres sont nombreuses. Quant aux vampires, ils ne résident pas seulement dans les pays d’Europe de l’Est… L’un d’eux reposerait dans un cimetière mexicain, et certains redoutent encore qu’il finisse par sortir de sa tombe !

Edimbourg : à côté des fantômes, le souvenir des voleurs de cadavres hante les cimetières de la ville © Christian Doumergue / Lapérouse Éditions

Du nord au sud et de l’est à l’ouest, à travers toutes les cultures, se dessine ainsi un véritable Atlas du monde hanté. Atlas étrange, où se côtoient destins individuels et collectifs, superstitions et effrois inspirés par des phénomènes dits surnaturels, quand ce n’est pas la nature qui suscite l’effroi.

« Fées dansantes », tableau du peintre suédois August Malmström (1829-1901) © Christian Doumergue / Lapérouse Éditions

Que l’on croie ou non au monde invisible, le monde hanté est une réalité. Il est fait de paysages atmosphériques, de demeures à l’aura mystérieuse, de craintes séculaires, de légendes, de sou- venirs jamais disparus… Le lecteur de ce livre s’apprête ainsi à commencer un étrange voyage. Il n’est évidemment pas question de donner ici une liste exhaustive des lieux hantés, tant ils sont nombreux. Mais un aperçu des différentes hantises qui, à travers le monde, terrifient encore les vivants. »

Christian Doumergue, explorateur des mystères

« Passionné par le Mystère, Christian Doumergue est l’auteur de nombreux ouvrages. Reconnu comme un des grands spécialistes de l’affaire de Rennes-le-Château (il est l’auteur du « Secret dévoilé » préfacé par Ravenne et Giacometti). Il parcourt la France à la recherche de lieux énigmatiques et consacre d’incalculables heures à l’étude d’archives et de livres oubliés.

Christian Doumergue, auteur et chercheur © La Dépêche

Nous avons sélectionné quatre lieux hantés parmi les dizaines que Christian Doumergue nous dévoile dans un magnifique ouvrage abondamment illustré. Découvrons ici quelques extraits de son livre pour vous faire frissonner et vous donner envie de vous procurer ce bel ouvrage. »

Les fantômes du Queen Mary

« Lancé sur les eaux en 1934, le Queen Mary fait partie des mythiques transatlantiques, mais aussi un des plus hantés au monde. De nombreuses histoires de fantômes circulent au sujet du paquebot et ce phénomène ne serait pas récent. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Queen Mary est reconverti en navire de guerre. Repeint en gris pour passer inaperçu et échappant sans cesse à l’ennemi grâce à sa vitesse, il reçoit le surnom prédestiné de Gray Ghost, le « fantôme gris ». En 1942, il est à l’origine d’un véritable drame… Il percute accidentellement un croiseur léger chargé de l’escorter et 338 marins y trouvent la mort.

L’imposant Queen Mary © Christian Doumergue / Lapérouse Éditions

Pressé de poursuivre sa route pour échapper à l’ennemi, le Queen Mary ne prend pas le temps de les secourir. Par la suite, plusieurs membres d’équipage travaillant dans la salle des machines auraient régulièrement entendu des gémissements, des pleurs et des bruits étranges provenant du point d’impact avec le croiseur : les lamentations des soldats noyés. Les différents drames (49 morts à bord ont été recensés), dont le paquebot fut le théâtre, auraient généré quantité de spectres. »

Bien des âmes des anciens passagers du navire demeureraient dans les couloirs du Queen Mary © Christian Doumergue / Lapérouse Éditions

Le château de Frankenstein, le spectre du savant fou

« Tout le monde connaît la figure monstrueuse du monstre consacrée par le cinéma d’horreur. À l’origine du mythe, le roman Frankenstein ou le Prométhée moderne publié en 1818, est rédigé en 1816 par Mary Shelley (1797-1851), à l’âge de 19 ans. La genèse de l’œuvre est bien connue. C’est lors d’un été sur les bords du lac Léman, en compagnie de Percy Bysshe Shelley, son grand amour, et d’autres hommes de lettres, comme le ténébreux Lord Byron, que la jeune femme conçoit son terrifiant roman. Le récit rapporte les effroyables expériences d’un savant, Victor Frankenstein. Ayant assemblé plusieurs portions de cadavres, il arrive à donner vie à l’être ainsi reconstitué grâce à l’électricité. Mais, effrayé par l’aspect repoussant de sa créature, il l’abandonne et la voue à devenir un véritable « monstre ».

Le château de Frankenstein en Allemagne © Christian Doumergue / Lapérouse Éditions

En revanche, l’origine du nom de Frankenstein reste une énigme. Mary Shelley ne s’est jamais prononcée à ce sujet. Or, il est bien possible que la solution à ce mystère se trouve en Allemagne. C’est en effet là que se dressent les ruines du château de… Frankenstein ! Mentionnée pour la première fois dans un document du XIIIe siècle, la forteresse n’est pas inconnue de Mary Shelley. En 1814, elle effectue avec Percy un périple à travers l’Europe qui leur donne l’impression de « vivre dans un roman ».

La romancière Mary Shelley. Elle déclara avoir vu Frankenstein lui apparaître dans un rêve éveillé et « s’agenouiller à côté de la chose qu’il avait créée. » © Christian Doumergue / Lapérouse Éditions

Leur voyage les conduit à Gernsheim, une petite ville depuis laquelle on peut admirer la vieille forteresse solitaire. Le couple ne reste là que quelques heures, insuffisant pour entreprendre l’ascension menant au château. C’est cependant assez pour que le nom de Frankenstein s’imprime durablement dans les souvenirs de la jeune fille. Le lien entre la forteresse et le roman de Mary Shelley est, selon certains, d’autant plus probant que le vieux château est lié au souvenir d’un mystérieux alchimiste qui y aurait réalisé de bien macabres expériences et dont le fantôme hanterait aujourd’hui les lieux…

Johann Konrad Dippel, dont le fantôme hanterait le château, a écrit plusieurs ouvrages sous le nom de Christianus Democritus © Christian Doumergue / Lapérouse Éditions

Né au château de Frankenstein en 1673, Johann Konrad Dippel est entouré de nombreuses légendes. Théologien rattaché à l’université de Giessen, il commence à s’absorber dans des recherches hermétiques et alchimiques aux alentours de 1700. Dès lors, il mène une vie souvent aventureuse, dont certains aspects ne sont pas sans rappeler le personnage de Victor Frankenstein. À partir de différentes substances d’origine animale, il compose une huile portant son nom, et la présente comme un véritable élixir de vie! Il tente même de racheter le château de Frankenstein en échange de la formule secrète de cette étrange potion.

Le Prométhée Moderne © Christian Doumergue / Lapérouse Éditions

Une offre déclinée, mais il continue à mener ses recherches dans les murs de l’ancienne forteresse. De quoi susciter bien des rumeurs. Il est aujourd’hui difficile de démêler le vrai du faux au sujet de Dippel. Dans ses écrits, Dippel évoque la possibilité de transférer une âme d’un cadavre à un autre. Cela reste-t-il théorique ou passa-t-il à la pratique? Si la légende fait de lui un pilleur de tombes semblable à Victor Frankenstein, rien cependant ne permet d’établir qu’il se livre à de telles activités. En effet, si l’on ne peut affirmer avec certitude que Dippel a vraiment influencé Mary Shelley, en revanche, il est sûr que le roman de cette dernière a bien alimenté la légende noire de l’alchimiste ! »

Le Hell Fire Club

« Le Hell Fire Club (le « Club du feu de l’enfer ») est un vieux bâtiment délabré situé au sommet de Montpelier Hill, une colline d’un peu moins de 400 mètres de haut dans le comté de Dublin. Il s’agit d’un ancien pavillon de chasse, qui doit son nom à une inquiétante fraternité qui s’y réunissait au XVIIIe siècle. Si l’existence de cette société est incontestable, ses agissements en ce lieu reculé sont plus incertains. Ses adeptes s’y seraient livrés à différentes cérémonies ou rites impies, et les pires rumeurs ont ainsi, bien vite, entouré l’endroit. L’histoire la plus racontée est celle d’un étranger de passage dans la région.

Les ruines du « club du feu de l’enfer » et leurs alentours seraient encore le théâtre d’inquiétants phénomènes © Christian Doumergue / Lapérouse Éditions

Surpris par une tempête alors qu’il marche à travers Montpelier Hill, il frappe à la porte du club. Ses membres lui ouvrent et l’invitent à jouer aux cartes. Durant la soi- rée, une de celles-ci tombe au sol. Alors que l’étranger se baisse pour la ramasser, il s’aperçoit que les jambes de l’un des hommes assis autour de la table se terminent non par des pieds, mais par des sabots fendus ! L’instant d’après, l’horrible satyre disparaît dans une boule de feu. Une autre fois, un prêtre y aurait surpris un sordide sacrifice… De quoi faire craindre ce lieu et l’envelopper d’une lourde atmosphère ! »

Le Mont Osore, Porte du Monde des Morts ?

« Situé au nord de l’île d’Honshu, le mont Osore est constitué d’une série de volcans entourant un lac. Fumerolles, sources bouillonnantes, sulfureuses et acides, roches calcinées donnent à ce paysage un aspect « infernal ». Guère étonnant que les Japonais aient appelé ce site « Osore », « l’effroi » ! Il s’agit pourtant d’un lieu sacré. Le temple bouddhiste qui s’y dresse aurait été fondé en 862 par un moine nommé En’nin après qu’il en eut reçu l’ordre sous la forme d’un rêve.

Statue de Jizō, chargée de sauver les êtres en souffrance © Christian Doumergue / Lapérouse Éditions

C’est que l’endroit n’est pas anodin : il serait ni plus ni moins qu’un accès vers le royaume des morts ! Un ruisseau se jetant dans le lac est d’ailleurs identifié comme le « fleuve des trois chemins », (Sanzu-no-kawa en japonais). Dans les croyances nippones, c’est un cours d’eau que les âmes des défunts doivent traverser sept jours après leur mort. Suivant les actions commises de leur vivant, ils pourront le faire en franchissant un pont richement orné, ou… en traversant tant bien que mal des eaux infestées de serpents !

Datsue-ba, la « vieille qui déshabille », est un démon gardant la rivière Sanzu © Christian Doumergue / Lapérouse Éditions

Ainsi, les âmes des morts seraient particulièrement nombreuses sur le mont Osore. Le contact entre les vivants et les défunts y est en outre facilité par les itako rattachées au temple. Les itako sont des femmes chamanes de la région, souvent aveugles. Lors de certaines fêtes, elles pratiquent le « kuchiose ». Littéralement : « le bouche- à-bouche ». Elles se laissent posséder par les esprits des morts qui peuvent ainsi prendre la parole à travers leurs bouches. Sur le mont Osore, les âmes des enfants décédés avant leurs parents seraient particulièrement nombreuses. Les petits tas de pierres que l’on y observe sont liés à leur présence. Déposés par les pèlerins, ils permettent aux âmes des enfants de se défendre lorsque les démons les tourmentent, une fois la nuit tombée. »

Comment se procurer le livre de Christian Doumergue ?

Le livre à mettre absolument sous votre sapin hanté © Christian Doumergue / Lapérouse Éditions

Pour découvrir bien d’autres lieux hantés, connus ou inconnus, procurez-vous l’ouvrage de Christian Doumergue: « Atlas des Lieux Hantés », 208 pages en couleurs, 34,90 €, chez Lapérouse Éditions.


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