La superbe exposition Noblesse et Royauté à la Galerie Alexis Bordes vous propose jusqu’au 22 décembre une sélection de magnifiques œuvres des XVIIIème et XIXème siècles, dont un très beau Riesener tout en douceur et délicatesse, un monumental portrait de la princesse d’Artois, ou un très élégant Nattier. Une galerie d’excellence à fréquenter non seulement pour les Fêtes mais tous les mois de l’année.

Alexis Bordes est un homme dont l’élégance naturelle se reflète dans ses choix picturaux. Ses cimaises n’accueillent que la crème de la crème de la peinture des XVIIIème et XIXème siècles. L’exposition en cours sur le thème Noblesse et Royauté ne fait pas exception à la règle. Sa galerie parisienne se situe au 4 Rue de la Paix, à deux pas de la Place Vendôme, un lieu discret qui n’a pas pignon sur rue mais que tous les amateurs et les collectionneurs connaissent. Le galeriste a commencé sa carrière en se spécialisant dans les écoles flamande et hollandaise du XVIIème siècle.

Il est maintenant un expert en dessins anciens auprès des salles de ventes et des commissaires-priseurs, ce qui l’a amené à diriger l’Association du Quartier Drouot de 2004 à 2007, association qui rassemble tous les professionnels du marché de l’art autour de l’Hôtel des Ventes Drouot. Son expertise l’amène aujourd’hui auprès de collectionneurs privés et des grandes institutions muséales qu’il conseille pour leurs acquisitions.

L’amour du beau et l’excellence de son expérience ont tout naturellement amené Alexis Bordes à se lancer dans une tâche ô combien ambitieuse et utile pour le marché de l’art: la réalisation du catalogue raisonné du peintre Henri-François Riesener (1767-1828).

Henri-François n’est autre que le fils du célèbre ébéniste Jean-Henri Riesener (1734-1806) qui connut un extraordinaire succès sous le règne de Louis XVI, fournissant notamment la reine Marie-Antoinette en meubles fastueux de style néo-classique. Cet Allemand d’origine avait débuté sa carrière auprès d’un autre célèbre ébéniste d’origine allemande, Oeben, dont il épousa par la suite la veuve avec laquelle il eût un fils, Henri-François, le futur grand peintre. Il faut croire que ce don était dans la famille car la fille du premier mariage de Madame Riesener, Victoire Oeben, est la mère du grand peintre Eugène Delacroix (1798-1863). C’est une véritable dynastie d’artistes puisque le fils de Henri-François Riesener, Léon Riesener (1808-1878) devint lui aussi un peintre de talent.

Henri-François Riesener s’est formé à la miniature auprès de d’Antoine Vestier, puis a rejoint les ateliers de François-André Vincent et de Jacques-Louis David, l’immense peintre chef de file du mouvement néo-classique. C’est sous son influence qu’il intégra les cercles les plus huppés de l’Empire français, portraiturant les célébrités de l’époque et même Napoléon et Joséphine. Son portrait de Napoléon déjeunant a eu tant de succès qu’il aurait été amené à en faire plus de cinquante copies !

Une telle intimité avec le régime impérial lui valut une raréfaction des commandes à la Restauration, aussi Riesener partit-il en Russie poursuivre une magnifique carrière de portraitiste. Les commandes de l’aristocratie russe et de la Famille Impériale Russe elle-même affluèrent, son œuvre rencontrant le succès tant à Saint-Pétersbourg qu’à Moscou et Varsovie.Ses œuvres se retrouvent aujourd’hui tant au Louvre et à l’Ermitage que dans les plus grands musées. 

Le magnifique Riesener, portrait d’une femme à la robe bleue et au châle de cachemire, vers 1815, est une œuvre exemplaire de l’apogée de ses portraits français d’Empire. Ne retenant que la beauté mystérieuse de cette belle femme au regard doux et intrigant, l’artiste la représente sans fioritures, s’attachant au magnétisme du modèle qui se suffit par lui-même. Tout dans sa mise et dans son allure nous indique une femme de haute naissance, coiffée à la mode lancée par Hortense de Beauharnais, aux boucles savamment disposées et dont quelques une s’échappent artistiquement sur le front.  

Ne manquez pas non plus le superbe Nattier, un portrait présumé de Charlotte Paulmier de La Bucaille, marquise de Cany, vers 1740, dans son cadre d’origine à motifs rocaille ajourés d’époque Louis XV. Son pinceau habile rend avec la plus grande délicatesse la beauté diaphane de cette élégante, saisie dans la nature au bord d’une source claire.

La princesse Louise d’Artois par Dubois-Drahonet

Ou encore l’impressionnant portrait de la jeune princesse Louise d’Artois, fille de la duchesse de Berry, future duchesse de Parme (1819-1864) sur la plage de Dieppe, par Alexandre-Jean Dubois-Drahonet en 1830. Ce somptueux portrait d’une petite fille habillée avec tant de recherche est un contraste rare avec les galets de la plage. Sa mère, surnommée La Nageuse Intrépide, avait rendu cette plage célèbre.

Retrouvez aussi Delacroix, Isabey, Géricault, Greuze, Boucher et tant d’autres dans ce petit paradis du collectionneur et de l’amateur d’art. 


Exposition à découvrir à la Galerie Alexis Bordes jusqu’au 22 décembre 2022 – 4 Rue de la Paix, 75002 Paris.