C’était un samedi de décembre, les Marseillais couraient les magasins, on s’était laissé porter par la foule, sa gaieté, son euphorie presque, à l’approche des fêtes. Mais bientôt ce fut trop : bousculades, atmosphère électrique…La nervosité était palpable. Sous ce ciel bleu, retrouver le calme de son home : sans façon. Alors quoi d’autre ? Un parc ? Pourquoi pas. Pour changer du clapotis des vagues qui lentement viennent lécher sable ou galets…Un rapide coup d’œil à Google Map : le choix est fait, ce sera le Parc Longchamp.

Magnificence et brin d’histoire

C’est bouche bée, qu’on quitte le tramway, les yeux rivés sur l’entrée du Parc : Le palais Longchamp…Ses cascades, eau vive qui dans un flux continu vient se jeter dans les bassins. Le palais Longchamp…Surplombant les cascades, l’allégorie de la Durance, affluent du Rhône, qu’encadrent deux autres statues représentant l’une la vigne, l’autre le blé, têtes tournées vers la reine Durance. Fierté, aplomb, celle-ci a réussi à se faufiler jusqu’à Marseille pour alimenter la ville en eau potable. 80 km de canal bâtis, le front en sueur, par plusieurs centaines d’hommes entre 1834 et 1849, pensés par des ingénieurs des ponts et chaussées pour dresser la rivière, la mener jusqu’à la cité phocéenne qui au début du XIXème siècle, par la sécheresse suivies de pluies diluviennes, avait souffert de plusieurs épidémies. La sorcière choléra, si bien décrite par Jean Giono dans « Le hussard sur le toit », avait terrassé plus d’un millier de Marseillais. Pour les lecteurs les plus curieux, nous vous conseillons le petit film « La mémoire du Canal » pour vous en dire encore davantage.

Dans une symétrie parfaite de part et d’autre des allégories et bassins s’élèvent le musée des beaux-arts et le Musée d’histoire Naturelle. Le palais Longchamp est un château d’eau bâti dans un style néo-classique pour célébrer l’arrivée de l’eau potable dans la ville. Château d’eau qui au passage a requis le travail de nombreux architectes avant que la ville ne fasse son choix comme s’il fallait rendre un hommage aussi grand que l’arrivée tant attendue de l’eau à Marseille.

Ici et maintenant

On a longtemps admiré le palais de la terrasse d’un café où l’on s’était posé après avoir déambulé dans la foule nerveuse. Soudain un feu d’artifice éclate en plein jour, le ciel d’un bleu limpide est alors habillé d’éphémères fleurs blanches mouvantes, comme pour célébrer cette merveille de palais. C’est veille de finale, la France et l’Argentine s’affrontent demain, se souvient-on. Piqûre de rappel de l’ici et maintenant.

Il est temps de se lever, monter les marches du palais. Deux escaliers sont situés de part en part des bassins et mènent jusqu’au couloir cerné de colonnes rappelant l’architecture grecque et qui, dans une belle harmonie derrière les trois allégories, font se rejoindre les deux musées. Ici et maintenant.

En bas des marches, un photographe guide deux amoureux. On est ébloui par la jeune femme vêtue d’une longue robe blanche, un turban tout aussi blanc encadrant son beau visage, le marié sobrement habillé d’un costume noir semble s’étonner de tenir par la main une si jolie princesse. Un mariage. Maghreb ? Orient ? On opte pour l’Orient, on se dit que ce n’est pas un hasard si les mariés ont choisi ce palais où le Musée des Beaux-Arts offre à voir un immense tableau intitulé « Marseille, La porte de l’Orient. ».

Le temps file. Quand on sort du Musée des Beaux-Arts, à peine parcouru (on reviendra !), la nuit est presque tombée. Dans le crépuscule, le Palais de Longchamp s’élève encore plus majestueusement revêtu de lumières qui se mirent dans l’eau des bassins.

Marseille, le Vieux-Port, les calanques, Notre-Dame-de-Bonne-Garde, La Canebière, le Panier… Et ce palais comme à contre-courant de la bouillonnante cité.

Informations pratiques

Adresse : Place Henri Dunant Bd de Montricher, Marseille
Horaires d’ouverture : du lundi au dimanche de 09:00 à 20:00