Ancrage local de la culture moderne et non-institutionnelle, Le Vecteur vous embarque dans une aventure des plus audacieuses.

Comment définiriez-vous le Vecteur de Charleroi ?

Romain Voisin ( coordinateur du Vecteur) : Le Vecteur c’est un lieu qui a plein de facettes différentes, la nomination normale qui est un peu compliquée et qu’on évite de dire, mais que l’on va quand même dire, c’est que le Vecteur est une plate-forme pluridisciplinaire.

Une plate-forme qui, grâce à notre asbl, permet à nos partenaires nous louant leurs locaux, d’avoir des interactions culturelles artistiques. Donc, en tout, nous sommes une vingtaine dans le bâtiment.

Puis le Vecteur, ce n’est pas juste l’asbl Orbital, c’est « l’asbl Orbital et ses partenaires au sein du bâtiment ». Et pluridisciplinaire, parce que le métier principal, c’est de promouvoir la jeune création via plusieurs champs artistiques. Aussi, on essaye d’avoir une transversalité. À travers les pratiques à la fois dans le champ des arts visuels, de la littérature, de l’édition et de la musique. Pour cela, nous avons plein d’espaces et d’outils, comme une salle de spectacle, une bibliothèque, une galerie d’exposition, un bar pour les événements et un appartement pour les résidences.

Quels sont les piliers du projet ?

Romain Voisin : Notre projet au Vecteur se base sur 3 aspects. Il y a l’aspect diffusion où nous proposons des concerts et des expositions, le public vient et l’on est content.(rire)

Puis, il y a les résidences. Réservés aux artistes que nous accueillons, qui peuvent ainsi bénéficier des outils et espaces que nous mettons à disposition. Ce n’est pas la première chose qui se voie de prime abord mais il y a beaucoup d’artistes qui créent du contenu, ici au Vecteur.

Et le dernier aspect, c’est tout ce qui se rapporte au public. C’est la médiation pour créer des ponts entre le public et les artistes. Et là, ça passe surtout par des ateliers « tout public », enfants, adultes, groupes individuels, à la fois dans les champs de la littérature, de l’édition et de la musique.

Romain Voisin (Coordinateur de projet) et Tom De Ley (Chargé de communication et de production)
©Juliana Izquierdo

Que représente la « culture » pour vous ?

Romain Voisin : Pour moi, c’est comme « un grand village » , où l’on y voit toutes sortes de personnes venant de Bruxelles, de Liège, Namur, de France, ect. Ça représente les artistes, la création, c’est là et c’est génial , il faut que ça continue d’exister. La culture, ce n’est pas que dans les lieux culturels.

Même si le métier dans lequel on travaille est un peu compliqué, car on ne peut pas tous résonner avec la culture, ce n’est pas un monde tout « rose », ou tout va très bien. Il y a beaucoup de lieux culturels, comme le nôtre, qui dépendent des fonds publics.

Le Vecteur ne serait pas le Vecteur s’il n’était pas à Charleroi. Il est intimement lié à son quartier, ainsi que son histoire qui l’alimentent.

Romain Voisin

Que proposez-vous en termes d’événements culturels ?

Romain Voisin : Nous proposons un large panel d’événements. Pour vous citer un exemple, lors de notre dernière soirée culturelle, nous proposions aux publics (limitation Covid incluse), de pouvoir voir deux expositions, assister à deux concerts, boire de la soupe, prendre un verre, aller à notre bibliothèque, et tout ça sur une seule et même soirée !
D’autant plus que nous proposons des lectures dans notre bibliothèque où des auteurs viennent parler de leurs bouquins, ou aussi assister à des cinés-débats. Il se passe tout le temps des choses au sein du Vecteur.

Vous possédez bien plusieurs bâtiments, chacun d’entre eux sont-ils spécifiques ?

Romain Voisin : Le Vecteur est un seul et même lieu, nous possédons un seul bâtiment mais divisé en 2 parties.
Dans le plus grand bâtiment, il y a une zone de spectacle pouvant accueillir 120 personnes debout, sur 90 personnes assises, un bar pouvant accueillir 40 à 50 personnes, la bibliothèque contenant trois pièces et un appartement pour accueillir les artistes. Nous avons des bureaux pour nos partenaires, dont deux bureaux que nous avons transformé en atelier pour nos artistes. Et en face du Vecteur, nous avons le « V2 », qui est notre galerie d’exposition, que nous louons au Port Autonome de Charleroi.

©Juliana Izquierdo

Quels genres d’artistes viennent se présenter à vous ?

Romain Voisin : C’est particulier, car nous accueillons des jeunes artistes, quand je parle de « jeune », ce n’est pas forcément en âge, cela revient du contexte que ce sont des artistes qui n’ont pas une pratique artistique reconnue par le grand public, mais plutôt jeune dans leurs parcours d’artistes. Même si parfois, nous accueillons des groupes jouant depuis plus de 10 ans, lors de nos concerts.

Nous avons pu avoir des surprises aussi, comme Roméo Elvis, qui a commencé il y a 4 à 5 ans d’ici, qui n’a pas joué ici, mais qui est venu en résidence pendant quelques jours. Puis c’est une chance pour eux, de pouvoir montrer des formes artistiques qui sont assez peu montrée à Charleroi, cela a une importance. Et aussi des artistes qui sont dans des circuits un peu différents, qui ne sont pas trop institutionnels.

Êtes-vous sélectif avec les artistes que vous accueillez lorsque vous décidez d’exposer leurs « arts » ?

Romain Voisin : Nous avons plusieurs façons de fonctionner là-dessus, soit nous allons nous-même chercher les artistes, car nous essayons d’aller voir un maximum d’expositions, des concerts pour s’inspirer et voir si cela vaut vraiment la peine. Donc, c’est soit des groupes ou artistes que nous contactons directement, soit ce sont eux qui nous contacte, ou nous font une proposition. Et si on trouve ça intéressant, que ça colle à l’esthétique du lieu, on engage tout simplement.

Vos expositions sont-elles ouvertes à tout type de public ?

Romain Voisin : Oui complètement ! On essaye de créer des outils de médiation adéquats pour tout type de public. Il y a certainement des expositions qui sont un peu plus difficiles pour les plus petits, mais nous mettons en place des documents, des dossiers pédagogiques pour les expositions, avec des petits jeux en essayant de synthétiser le propos ou la thématique abordée. Nous faisons aussi des visites d’expositions avec des publics en situation de handicap, ainsi que des ateliers dans la bibliothèque.

En tout cas, notre volonté est d’accueillir un plus grand nombre de public, en terme « d’accueil », pour que tout le monde puisse se sentir chez soi. C’est vraiment notre souhait !

©Juliana Izquierdo

Quels sont les évènements qui ont rythmés votre année 2021?

Pendant ce début d’été, où il a fait très beau, le lieu était ouvert et l’on proposait des ateliers assez sympas pour les gens. Ce qui a donné lieu, ce 17 juillet dernier, un samedi, à une fête de quartier de 10h à 18-19h, où l’idée était que tout le monde mette un peu la main à la patte.

On y proposait un barbecue, les terrasses étaient un peu plus nombreuses, nous avions même décoré la rue ! On a fait jouer des artistes dans la rue, des concerts étaient disponibles à la fin et il y avait des ateliers où l’on pouvait se faire grimer le visage. Il a eu au moins, entre 1000 à 1500 personnes qui sont passées dans la rue, c’est chouette pour la rue de Marcinelle ! Un de nos objectifs, c’est que le Vecteur soit identifié, mais aussi de faire en sorte que les gens de la ville puissent travailler ensemble.

L’idée est vraiment de développer cette « relation de quartier », et de permettre encore plus au Vecteur, d’avoir un ancrage local.

Justement quelles sont les attentes du Vecteur, sur le long terme ?

Je prendrai comme exemple, ce que l’on a commencé à faire depuis quelques années, c’est d’avoir « une relation de quartier ». On s’est rendu compte qu’on faisait pas mal de tour dans la ville, en partie en période de carnaval, aux fêtes de la musique, ect…Où l’on faisait des concerts de droite à gauche, donc en dehors de notre lieu. On croisait beaucoup de monde à La Quille, on se connaissait tous de vue, mais qu’on n’était pas vraiment identifié (en tant que Vecteur).
Nous avons donc commencé à partir du mois d’avril/mai , à faire toute une série de réunion, avec à la fois, les habitants, les commerçants et les gens qui bossent dans la rue. Pour donner lieu à un « bureau de quartier » , ouvert de début à mi-juillet, qui se trouve au « V3 », qui est un espace commerçant que l’on arrivait à louer gratuitement, juste en face de notre galerie d’exposition, le V2.

Il n’y a rien de pire, qu’un lieu culturel qui est amené dans un endroit, où celui-ci n’a pas d’ancrage avec sa ville.

Romain Voisin

Avez-vous un message à transmettre aux lecteurs qui découvriront cet article ?

Venez au Vecteur tout simplement ! Nous prenons les gens comme ils sont, il n’y a pas d’à priori, l’ambiance est assez sympa ici et nous ne prenons pas les gens de haut. Je pense qu’il y a moyen de passer une bonne soirée, de A à Z au Vecteur, que ce soit en venant boire une bière, venir voir une exposition, emprunter un bouquin ou voir un ciné-débat… ou la faire à fond, venir à 19h et repartir à 2h du matin, même si pour le moment la situation Covid nous l’en empêche, nous avons connu des moments de fêtes intenses ici !(rire)

On espère, tout de même, que la situation nous permette de faire revenir un jour, ces moments de fêtes au Vecteur !

Le Vecteur
Rue de Marcinelle, 30
6000 Charleroi