Quand on pense aux films du genre western, ce sont souvent des œuvres comme « Le bon, la brute et le truand », « Il était une fois dans l’Ouest » ou encore « Et pour quelques dollars de plus » qui nous viennent à l’esprit. Mais il existe des westerns au sens profond, comme « L’étrange incident ».

Le western : un genre présent depuis la naissance du cinéma

Ces longs métrages d’origines italiennes ont comme appellation les « Westerns spaghettis ». Cependant, ils sont loin d’être les premiers films à s’être focalisés sur l’Ouest américain et la conquête de celui-ci. Le western existe depuis les premiers balbutiements du cinéma.

© 20th Century Fox

C’est en 1903 que sort la première œuvre considérée comme appartenant à ce genre avec « Le Vol du grand rapide », un film muet de douze minutes qui décrit l’assaut d’un train par des brigands. C’est à partir des années 30, jusqu’aux années 50 que le western américain vivra son âge d’or. On verra la sortie d’œuvres fondatrices comme « La train sifflera trois fois », « La rivière rouge », « La prisonnière du désert » ou encore « La poursuite infernale ».

Une grande partie de ces longs métrages qui sont le plus restés en nos mémoires aujourd’hui ont été mis en scène par les cinéastes John Ford et Howard Hawks.

© 20th Century Fox

Je ne suis pas amateur de tous les films de l’âge d’or du western américain, dans ceux que j’ai cité, seul « Le train sifflera trois fois » m’a réellement plu. Néanmoins, j’ai été récemment très impressionné par un long métrage de cette période, qui est certainement l’un des plus réussis et des plus influents. « L’étrange incident » ( « The Ox-Bow incident » ) sorti en 1943 et réalisé par William Wellman.

Un western pas comme les autres, qui nous expose la laideur de l’âme humaine  !

D’une durée de seulement 1h15, le film va directement à l’essentiel pour nous livrer son message, en effet « L’étrange incident » est un western engagé. Il ne traite pas de la conquête de l’Ouest, le long métrage est bien plus intimiste. Il nous raconte l’histoire du meurtre d’un éleveur. Une bande de cow-boys, tous très en colère et prêt à en découdre, va partir à la recherche des coupables.

© 20th Century Fox

Trois hommes vont être désignés comme les fautifs et rapidement être condamnés à la pendaison. Mais comment être certain de leur culpabilité ? Et par quel moyen peut-on éviter un odieux lynchage ? « L’étrange incident » s’intéresse au thème de la violence de la foule. Il nous montre de quelle manière un groupe de gens peut développer une véritable hystérie collective et commettre des choses affreuses que l’individu seul n’aurait jamais perpétré. On voit également qui parvient à raisonner par lui-même et se retirer du groupe malgré la pression de celui-ci en refusant cette injustice et ceux qui suivent aveuglément.

Une puissante démonstration de la violence de la foule

Le fonctionnement de cette psychose est très bien représenté à l’écran. Ces cow-boys sont hors d’eux, lorsqu’ils apprennent que leur compagnon aurait été tué. Il leur faut mettre la main sur les coupables à tout prix, afin de soulager cette rage. Un groupe de trois hommes s’est retrouvé au mauvais endroit, au mauvais moment, sur le chemin de cette impitoyable foule en colère. L’importance de la présomption d’innocence est le message livré par l’œuvre, elle met en lumière avec brio les dangers de la justice expéditive. La fin est très douloureuse, l’individu, séparé de « l’hystérie collective » doit maintenant faire face aux conséquences de ses actions et à l’atrocité dont il a fait partie.

L’affiche de 1943 © 20th Century Fox

On retrouvera cette thématique traitée 16 ans plus tard dans l’extraordinaire et indispensable « 12 hommes en colère » de Sidney Lumet. Une œuvre qui n’aurait sans doute jamais existé sans « L’étrange incident », cela prouve l’influence de ce dernier dans l’histoire du cinéma. On peut y voir l’immense comédien Henry Fonda dans le premier rôle des deux longs métrages et ce n’est pas un hasard. Vous l’aurez compris, « L’étrange incident » est un grand film et l’un des plus remarquables représentants de l’âge d’or du western américain. D’une durée très courte, le long métrage est d’une efficacité terrible et dresse un portrait pessimiste et interpellant du comportement humain et de la bassesse de celui-ci.

« L’étrange incident », monologue en ANGL :


« Le dernier face à face » : L’un des westerns spaghettis les plus grandioses de son époque