Magritte au sommet à New-York, un nouveau record du monde
Le magnifique Magritte qui était dans la collection de Madame Mica Ertegun a été adjugé ce mardi à New-York pour 121 millions de dollars, frais compris, établissant un nouveau record du monde pour cet artiste belge.
C’est Christie’s qui s’est chargé de la vente de ce superbe Magritte intitulé «L’Empire des Lumières, une huile de 146 x 114 centimètres datée de 1954. Adjugé 105 millions au marteau lors de la vente au Rockefeller Center, il établit un nouveau record si l’on considère les frais qui font monter l’addition à 121 millions de dollars. « Le résultat est formidable » déclare Monsieur Charly Herscovici, de la Fondation Magritte, dans les colonnes du journal La Dernière Heure, précisant : «C’est le Magritte le plus cher du monde aux enchères, mais d’autres tableaux ont été vendus plus cher encore lors de ventes privées. »
« La Cour d’Amour », un autre Magritte de la collection Mica qui est parti à 10,5 millions de dollars © Chrities
Il semblerait que des enchères épiques aient opposé un candidat asiatique à un collectionneur américain qui a finalement emporté la lutte. Ce tableau fait partie d’une série d’œuvres sur ce même thème du clair-obscur cher à René Magritte. Signalons que d’autres tableaux du même peintre ont été présentés à cette même vente et qu’ils ont fait des scores admirables : La Cour d’Amour (1960) a été adjugée pour 10,5 millions de dollars, et La Mémoire est partie pour 3,68 millions. Quant à la gouache intitulée elle aussi L’Empire des Lumières, elle a atteint 18,8 millions, un autre record mondial, cette fois pour une gouache de Magritte. Comme dit un collectionneur de nos amis : « Magritte monte, il faut acheter ! »
« La Mémoire », adjugé mardi pour 3,68 millions de dollars © Christies
Qui était la grande collectionneuse Mica Ertegun ?
Mica était une Roumaine née en 1926 et décédée en décembre 2023 à l’âge de 97 ans. Elle est née Ioana Maria Banu, à Bucarest, fille d’un proche des rois Carol II et Michel Ier de Roumanie. Son père sera emprisonné par le nouveau régime communiste, et Mica se verra contrainte à l’exil avec son mari, Stéphane Grecianu, un noble roumain de quinze ans son aîné. Ils s’installent d’abord à Zürich, puis au Canada, où Mica travaille pendant huit ans dans une ferme. C’est la dèche. Un jour qu’elle se rend à New-York pour consulter un cabinet d’avocats dans l’espoir (illusoire) de récupérer ses terres en Roumanie, elle rencontre un émigré comme elle, un Turc, Ahmet Ertegun.
Madame Mica Ertegun (1926-2023), la dernière propriétaire du tableau, jusqu’à cette semaine © DR
Ahmet et le riche héritier d’une famille turque, et il a lui-même développé son affaire aux États-Unis, la compagnie de disques Atlantic Records. Mica divorce de son aristocrate et épouse devient Madame Ertegun en 1961. Elle se lance dans la décoration d’intérieur, tant pour les résidences privées que pour des projets commerciaux, en s’associant avec Chessy Rayner. Elle refit entièrement, par exemple, la décoration des grands magasins Saks sur la Cinquième Avenue. Partageant son temps entre la philanthropie et son goût très sûr pour les collections d’art, elle était l’actuelle heureuse propriétaire de se magnifique Magritte, jusqu’à la vente de ce mardi.
Plus tôt cette année, la vente d’un autre grand Magritte: « Le Banquet »