La nouvelle exposition du Musée de la Photographie plonge le visiteur dans l’objectif de la caméra de Michel Vanden Eeckhoudt qui chasse l’émotion des gestes tout en soulignant le parallèle entre les humains et les animaux.

Beaucoup d’encre à déjà coulé sur le bestiaire photographique de Michel Vanden Eeckhoudt (1947-2015) actuellement visible sur les murs du Musée de la Photographie jusqu’au 22 mai 2022. Or, les organisateurs de l’exposition carolorégienne ont davantage insisté sur la temporalité et l’instantané du cliché de Michel Vanden Eeckhoudt que sur le sujet du photographe ou l’évolution chronologique du photographe dont c’est la deuxième exposition dans cette institution. En dépit d’être proche du style d’un Cartier-Bresson, Vanden Eeckhoudt issu d’un père docteur en sciences naturelles et d’une mère assistante sociale va au-delà de la situation de son sujet.

Le terrain

Dans les photographies en noir et blanc exposées sur les cimaises du Musée, on retrouve les clichés les plus connus du photographe belge, tel le singe portant un masque ou le chien transporté dans un sac, déjà vus lors de ses expositions précédentes. L’aspect le plus intéressant de ce qui nous est montré par Xavier Cannone (le directeur du Musée) et Mary van Eupen (épouse de Michel Vanden Eeckhoudt), organisateurs de l’exposition, est la non-chronologie des groupes de clichés associés côte à côte. Ainsi, par exemple, la photographie de momies siciliennes se trouve juxtaposée à celle d’une dissection animale ou bien des mains simiesques contre une vitre en dessous d’un rongeur dont les mains traversent une grille.

©Michel Vanden Eeckhoudt

Ces photographies prises à des époques et des endroits différents partagent le même instant de leur sujet peu importe où ils se trouvent lors de leur capture par Michel Vanden Eeckhoudt. C’est toute la magie de l’instant pris par la pellicule du photographe, il s’agit du même à différents endroits et époques. Michel Vanden Eeckhoudt est un chasseur d’instants de vie de ses sujets, qu’ils soient humains ou animaux, la métaphore est la même. Il essaie de retrouver dans chacun d’eux la même émotion du moment ou bien de la ressentir en tant qu’observateur. La détresse de la captivité, la froideur de la destruction, la joie du rassemblement, sont parmi d’autres les véritables sujets de ces photographies. Le jeu des relations entre les photographies permet de passer entre ces différents blocs d’instants qui rythment le parcours de la visite.

©Michel Vanden Eeckhoudt

La cible

Ainsi, comme la frontière entre humains et bêtes se floute dans l’objectif de Michel Vanden Eeckhoudt, les frontières géographiques et chronologiques sont éclatées par les commissaires de l’exposition pour atteindre l’essence de l’instant du moment capté. Par exemple, dans les grands formats, une famille de lémuriens dans leur enclos observe sur le mur adjacent un groupe de personnes rassemblées au Japon.

Le tir

C’est d’ailleurs pour cette même raison que les textes didactiques de l’exposition sont réduits à l’essentiel: seulement une biographie du photographe ou le lieu et la date du cliché. L’invitation est faite à l’observation et aux sens de la perception davantage qu’à l’intellect. D’abord perdu, le visiteur ne peut que se placer sur les traces des organisateurs du parcours pour s’y retrouver de manière interactive et pas seulement comme spectateur. Venez vivre cette expérience visuelle.

Exposition du 29/02/2022 au 22/05/2022

Musée de la Photographie

Av. Paul Pastur 11

6032 Charleroi