PAC Marseille, 16ème édition du Printemps de l’Art Contemporain : honneur au plus grand réseau de membres en France
Qui dit plus grand réseau, dit multitude de musées et galeries dont le fameux MUCEM qui avec la Tour Saint-Jean trône sur le Vieux-Port. Marseille oui, mais pas que ! Les communes d’Aix-en Provence, Porc de Bouc, Miramas, Rognes, Châteauneuf-le-Rouge et Rousset sont partenaires du Festival ; des parcours sont organisés à la découverte des sites patrimoniaux dont ceux du Pays d’Aix.
PAC Marseille, la ville investie…
Si, entre le 2 et le 19 mai, les amateurs d’art contemporain et autres curieux sont invités à déambuler dans 75 lieux répartis dans les différents quartiers de Marseille et alentours, ils ne manqueront pas de jouir de multiples performances d’artistes. Celle d’Arthur Gillet, qui travaille le rapport aux textiles et aux mots s’intitule « la flamme et la flemme » en un clin d’œil probable aux Jeux Olympiques, a inauguré le festival place Jean-Jaurès, lieu populaire, lieu de rencontres, lieu d’échanges avec ces multiples cafés. Revêtu d’une tenue jaune fluorescent, la couleur des gilets jaunes, et d’un chapeau de la même couleur où l’on peut reconnaître une cocarde, symbole de patriotisme (car dit-il, il s’habille pour manifester), Arthur Gillet a lu un texte décrivant sa garde-à-vue et la violence dont il a été victime… comme beaucoup.
Arthur Gillet © PAC Marseille
La performance « Par tous les diables » de Yoan Sorin habillé d’un bleu de travail propre aux ouvriers, s’inscrivait elle-aussi, vendredi 3 mai, dans la ville puisqu’elle invitait les badauds à la contempler en une sorte de palimpseste sur le bloc de marbre de Carrare dont l’installation date de 2013, année où la ville de Marseille fut sacrée capitale de la culture. Un bloc de marbre de 14 tonnes recouvert de graffitis dans la continuité de la rue Longe des Capucins, comme autant de tatouages plus ou moins « artistiques ».
Quant à celle de Ju Bourgain, « Circular Swing » qui s’est déroulée au Parc Longchamp à la tombée de la nuit du samedi 4 mai, elle use des codes de la techno et du headbanging, ses cheveux longs baignant dans l’eau avant d’éclabousser le public. Si l’artiste rentre en transe à l’instar des Derviche Tourner ou encore des Gnaoua, offre-t-elle à partager avec les spectateurs réunis en cercle autour d’elle une nouvelle dimension spirituelle entre baptême et communion grâce au vibrations intenses de la musique ?
Santiago Reyes © PAC Marseille
Mais il me faut également citer « Trajectoire infinitive » de Santiago Reyes, lequel artiste sur plus de 7kms entre Tchikebe et le MAC (Musée d’Art Contemporain), a exploré le 5 mai des actions telle que « danser », « faire le mort », « s’embellir », « vomir », « appeler sa mère »… Actions saugrenues et d’autant plus dans l’espace public. S’il n’avait pas été suivie par une caméra et quelques étudiants des Beaux-Arts, on aurait pu le prendre pour un fou. N’interroge-t-il pas ainsi la frontière poreuse entre l’art et la folie telle qu’elle se manifeste encore aujourd’hui dans l’inconscient collectif ?
Ne manquez pas de découvrir les performances de Léa Puissant, Saphir Belkhair, Fanny Lallard, Jérôme Grivel, (j’espère que je n’oublie personne) les 18 et 19 mai prochains.
Décloisonnement : l’art contemporain accessible au grand public
L’art contemporain est de moins en moins réservé à une élite. Les organisateurs du Printemps d’Art Contemporain. ont en effet été animés par la volonté de faire avec tous les publics, dans les écoles, les prisons, les hôpitaux, etc. et avec toutes les dimensions de la société. « Les valeurs qui font la puissance créative du réseau PAC (Provence Art Contemporain) ne peuvent être séparées d’un devenir-monde ».
Alain Séchas, La Monitrice, au MAC © MAC
Au-delà des performances dans l’espace public, dont certaines ont été évoquées plus haut (un bémol pour celles qui se sont déroulées vendredi 3 mai, puisque j’honorais avec plaisir l’invitation de Miss Martini, initiatrice d’« A l’origine sera le Drag » la part belle a été faite au sport, une pratique des plus fédératrices. A l’occasion des Jeux Olympiques encore une fois, Marseille accueillant cette année les épreuves de voile et de certains matchs de football, l’exposition « Des exploits, des chefs-d’œuvre » se déploie au MUCEM, au FRAC ainsi qu’au Mac.
Mettre en parallèle exploits sportifs et chefs-d’œuvre artistiques, c’est donner lieu à une rencontre inattendue, susceptible d’attirer au sein des musées de nouveaux publics. S’ouvrir à tous les publics, c’est aussi par exemple l’une des fonctions du Château de Servières qui accueille entre autres des centres sociaux, des écoles, des collèges… Des médiations qui permettent un premier pas vers l’art, une initiation, une sensibilisation, sous-tendus par le désir profond de « replacer l’individu au cœur du travail et des problématiques artistiques ». Invités à oser poser une parole sur une œuvre, à laisser libre cours à leur imaginaire, les visiteurs s’approprient les œuvres : tel est l’un des objectifs de Martine Robin, la directrice de cette galerie de près de 1000 m2, qui expose le travail de Moussa Sarr « Bamboula » dans le cadre du Printemps d’Art Contemporain.
Moussa Sarr © PAC Marseille
Quelques mots encore sur Belsunce, quartier de Marseille au cœur duquel se love un espace à part : Twali, un lieu où prendre un café, fêter un anniversaire, tapoter sur son ordinateur… Un lieu qui bénéficie d’une terrasse-jardin où samedi 4 mai dernier a débuté « la saison du tee-shirts » ou comment déplacer et véhiculer l’art contemporain dans l’espace public, « faire un pas de côté » en dehors des lieux dédiés habituellement à l’Art contemporain, comme le souligne Cédric Aurelle, curateur. « Faire un pas de côté », c’est aussi donner l’opportunité aux artistes ayant de près ou de loin tissé un lien avec ce quartier populaire, d’explorer leur savoir-faire / savoir-être sur des tee-shirts, vendus 40 euros la pièce.
Très loin d’être exhaustif, cet article ne constitue qu’un tout petit échantillon de ce qui est à découvrir pendant cette 16ème édition du Printemps d’Art Contemporain à Marseille. Il ne vous reste plus qu’à ouvrir tout grands vos sens (ou presque) !
Si vous allez à Marseille profitez-en pour visiter le Palais Longchamp.