Célèbre pour ses peintures de fleurs et ses paysages du Sud-Ouest de l’Amérique, Georgia O’Keeffe (1887 – 1986) est une artiste majeure de l’art du 20ème siècle. Retour sur une icône américaine, encore trop peu connue en Europe !

Il y a 37 ans, en mars 1986, s’éteignait la peintresse américaine Georgia O’Keeffe à Santa Fe, au Nouveau Mexique. Jusqu’à sa mort à 98 ans, et en dépit de la perte progressive de sa vision à partir de l’âge de 73 ans, elle continua à produire, parfois avec l’aide d’assistants, des tableaux entre figuration et abstraction, colorés et modernistes, qui ont su l’établir comme une des artistes nord-américaines les plus importantes du 20ème siècle. Prolifique, Georgia O’Keeffe laisse derrière elle plus de 2000 peintures à l’huile, aquarelles, et dessins, qui ensemble donne à voir l’œuvre « anticonformiste » et « inclassable » d’une « femme émancipée », selon les mots de l’historienne de l’art Marie Garraut dans la biographie Georgia O’Keeffe, une artiste américaine qu’elle dédie à l’artiste. 

Aux origines : passion pour l’art et détermination

Née en 1887 dans le Wisconsin, Georgia O’Keeffe sait très tôt qu’elle veut devenir artiste. Après avoir étudié la peinture réaliste au Chicago Art Institute et à l’Art Students League de New York, elle doit momentanément mettre son rêve de côté lorsque sa mère contracte la tuberculose et que son père perd ses ressources financières. Elle donne des cours de dessin dans diverses écoles et met ses talents artistiques au service de la publicité pendant plusieurs années. Doutant de ses capacités à faire carrière en tant qu’artiste, elle décide toutefois de reprendre sérieusement la peinture à la suite d’un cours d’été à l’Université de Virginia. Inspirée par les principes du peintre Arthur Wesley Dow, Georgia O’Keeffe expérimente avec l’abstraction et, après sa première exposition organisée en 1916 par son futur mari et galeriste Alfred Stieglitz, elle décide de se consacrer entièrement à son art et développe le style qui finira par la caractériser.

Au cœur de ses tableaux : la fascination pour la nature

Oriental Poppies, Georgia O’Keeffe, 1928.

Jouant souvent à la frontière entre abstrait et figuratif, l’art de Georgia O’Keeffe est inspiré par la nature, et notamment par les grands espaces du Wisconsin où elle a grandi, du Texas, du Pérou et du Japon où elle voyage, et du Nouveau Mexique où elle finira par s’installer définitivement à partir de 1934. Les fleurs en gros plan, les montagnes, les rivières, les ossements, les gratte-ciels, le ciel et les nuages, sont des motifs récurrents dans ses tableaux. Au-delà de ces motifs toutefois, c’est une utilisation tout à fait unique et ordonnée de la couleur, des formes, des lignes et des volumes, qui donne à l’œuvre de Georgia O’Keeffe toute sa singularité. Unique, son travail a été décrit comme appartenant au mouvement moderniste nord-américain, mais également comparé à d’autres mouvements tels que le romantisme, le symbolisme, le paysagisme, le minimalisme… Quel que soit le mouvement au sein duquel classer son œuvre, Georgia O’Keeffe dira qu’elle cherche avant tout à « créer un équivalent de ce que je ressens à propos de ce que je regarde, et non pas le copier ».

Une artiste majeure à diffuser et revaloriser dans le monde

Black Mesa Landscape, New Mexico, Out Back of Mary’s II, Georgia O’Keeffe.

Extrêmement reconnue aux Etats-Unis où elle est la première artiste femme exposée au MoMa peu de temps après son inauguration en 1929, Georgia O’Keeffe reste encore moins diffusée en Europe et dans le reste du monde. Inédite jusque-là en France, une récente rétrospective au Centre Pompidou lui a cependant été dédiée de septembre à décembre 2021. Le travail de redécouverte et de revalorisation des femmes artistes à travers l’histoire, porté par de nombreuses associations et activistes féministes ces dernières années, est toutefois encourageant pour le futur. On espère donc avoir bientôt de plus en plus d’occasions de célébrer le génie de Georgia O’Keeffe, et de pouvoir admirer son travail en personne !