Avec la sortie de « Killers of the flower moon » l’année dernière, le temps était venu de se replonger dans l’une des œuvres les plus sous-estimée du grand Scorsese. « Aviator » est souvent considéré comme l’un des moins bons films du génial cinéaste, mais ça ne veut pas dire qu’il est mal aimé ou même controversé. Sa réputation est excellente, car une œuvre un peu moins réussie dans la filmographie de l’un des plus grands metteurs en scène de tous les temps, reste de très bonne facture. Un grand nombre de réalisateurs rêveraient que leur long métrage considéré comme le plus faible soit aussi bon que « Aviator ».

Je ne trouve cependant pas qu’il soit l’un des moins bons Scorsese, car à mes yeux, « Aviator » est une œuvre remarquable. Il s’agit d’un biopic efficace et très intéressant, qui nous plonge dans la vie mouvementée de Howard Hugues, un aviateur, homme d’affaires et metteur en scène aussi fou que brillant, qui a marqué son époque.

Howard Hughes, une ambition portée par une vision © Warner Bros

Le long métrage ne tombe pas dans le piège de ce genre de films, en effet certains biopics se contentent de raconter platement la vie d’un personnage historique sans ajouter quelque chose en plus. Ici Scorsese insuffle de la force à son œuvre, sa maîtrise et son amour pour le septième art se sentent durant chaque plan et scène.

Aviator: plongée dans la vie mouvementée d’un homme hors du commun

Dès le début, on est captivé, lorsqu’on voit ce jeune homme réaliser son film en dépensant sans compter et en voulant toujours en faire plus. On représente très bien l’extravagance de ce personnage.

Leonardo DiCaprio interprète magistralement le grand visionnaire © Warner Bros

On peut faire beaucoup de rapprochement avec « Le loup de Wall Street » car on y observe également la montée en puissance d’un homme, qui se complet dans la dépravation et la surenchère. Notre film du jour l’a certainement inspiré dans sa manière de raconter son histoire.

Attention : des éléments de l’intrigue sont dévoilés dans le paragraphe suivant

La différence est qu’il ne s’agit pas d’un « Rise and fall » (ce terme désigne une œuvre qui relate l’ascension d’un antihéros jusqu’au pouvoir et la richesse, pour ensuite nous montrer sa chute) car ici Hugues est au sommet au départ, il aura ensuite une descente aux enfers, mais parviendra à remonter la pente par après et à retrouver la gloire et le succès.

La passion de l’aviation © Warner Bros

La fin est donc plutôt positive pour lui (même s’il garde ses troubles compulsifs), Scorsese est l’un des maîtres du « Rise and fall », il s’amuse donc ici à jouer avec ses propres codes en les détournant.

De remarquables performances d’acteurs

Leonardo DiCaprio est parfait dans son rôle, il porte le long métrage. L’acteur parvient superbement à retranscrire l’aspect fou, incontrôlable et presque psychédélique de son personnage. Il livrera une performance similaire lorsqu’il interprétera neuf ans plus tard Jordan Belfort, d’ailleurs, les deux protagonistes se ressemblent beaucoup.

Cate Blanchett dans la peau de Katharine Hepburn est également fantastique, c’est l’un de ses meilleurs rôles. Elle m’a beaucoup impressionné, elle crève l’écran durant certains passages. Même si elle parait plus calme, elle est tout aussi folle que Hugues, c’est pour ça qu’ils vont se mettre ensemble et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils ont formé un couple hors du commun.

Cate Blanchett campe une magnifique Katharine Hepburn © Warner Bros

Ce qui est amusant, c’est que beaucoup de grands acteurs apparaissent dans de très courtes scènes. On peut voir notamment Jude Law et Willem Dafoe. Même s’il n’est pas le film le plus emblématique de Scorsese au niveau des scènes cultes, certaines sont assez marquantes. On peut noter l’accident d’avion, très spectaculaire et magnifiquement mis en scène ou encore les séquences de procès, magistrales au niveau de la reconstitution et des dialogues.

J’ai également beaucoup apprécié la manière dont l’Amérique des années trente, jusqu’à la fin des années quarante a été reconstituée, on se sent réellement envoûté par cette époque. En conclusion « Aviator » est un très bon film.

Kate Beckinsale, une Ava Gardner très crédible © Warner Bros

Peut-être que voir à nouveau un long métrage de trois heures qui dresse le portrait d’un homme et son évolution avait légèrement lassé les amateurs du cinéma de Scorsese à ce moment-là, ce qui expliquerait pourquoi il est un peu moins aimé que d’autres de ses œuvres.

Pourtant, si on regarde bien « Aviator » est très différent de ses précédents films, justement le cinéaste se renouvelle. II nous livre un long métrage palpitant du début jusqu’à la fin, réalisé à la perfection et porté par un casting fabuleux.

Il manque cependant peut-être ce petit grain de folie qui en aurait fait un chef-d’œuvre, ce petit quelque chose qu’on ne peut pas définir, mais il reste incontestablement une très grande réussite.

Bande-annonce du film « Aviator », en FR:


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