Tout le monde connaît Elvis Presley, mais peu de gens connaissent sa femme, la mère de sa fille, Priscilla Beaulieu Presley.

Priscillia Wagner Beaulieu, est née le 24 mai 1945 à Brooklyn, d’un père pilote de chasse décédé peu de temps avant sa naissance. Sa mère An Lillian Iversen épouse Paul Beaulieu, capitaine de l’US Air Force d’ascendance française et canadienne. La famille déménage à WiesbadenenAllemagne de l’Ouest, où son père est affecté en 1956, puis déménage à Bad Neuheim en 1959.

L’actrice Cailee Spaeny © Sofia Coppola / American Zoetrope

C’est là que le film commence, Priscilla sirote seule un Coca-Cola dans un drive-in, lorsqu’un soldat de l’armée américaine l’accoste en lui proposant d’aller à une soirée chez Elvis Presley. Très intimidée, elle déclare qu’il faudra l’approbation de son père Capitaine dans l’armée, ce que le soldat s’empresse de demander. Elle rencontrera donc le King à une soirée privée du célèbre rockeur et s’acoquine très vite avec ce tombeur. La suite, nous la connaissons, Priscillia restera quinze années avec le chanteur, se mariera et aura une fille unique.

Casting difficile

Pour Sofia Coppola, il est difficile de choisir un duo d’acteurs capable de représenter un des couples les plus emblématique du XXe siècle, surtout après l’exploit d’Austin Butler dans le biopic sorti en 2022, mais Coppola veut le Elvis intime, pas la bête de scène qu’il était, et pourtant. C’est pourtant en déjeuner avec le jeune Jacob Elordi (the Kissing Booth), qu’elle réalise l’effet que ce dernier a sur les jeunes filles, pourtant l’acteur est tout à fait capable de montrer le privé et les tourments intérieur d’Elvis.

Jacob Elordi et Cailee Spaeny © Sofia Coppola / American Zoetrope

Quant à Priscilla Beaulieu, Coppola s’est longtemps arracher les cheveux avant de trouver la perle rare, c’est sur le tournage de Civil War (pas encore sorti) que son amie et collaboratrice de longue date, Kirsten Dunst, lui suggère sa partenaire de jeu Cailee Spaeny. Le choix de cette jeune actrice de vingt-cinq ans (qui en parait 18) fut judicieux, sa prestation lui valut d’ailleurs la Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine à la récente Mostra de Venice, et l’on ne doute pas que l’année prochaine, elle sera sans doute nominée pour les Golden Globes et les Oscars.

L’Ombre du King

Il est impossible de ne pas garder en tête le film haut en couleur de Baz Lhurman, habitué aux strass et aux paillettes tel qu’il nous l’avait déjà montré avec Moulin Rouge et Gatsby le Magnifique. Cependant, le long-métrage du réalisateur n’avait -à juste titre- pas beaucoup plu aux féministes qui trouvaient que le projet était un peu trop hagiographique à leur goût. Il est en effet de notoriété publique qu’Elvis était infect avec Priscillia et qu’il aimait beaucoup les très jeunes filles.

Jacob Elordi et Cailee Spaeny © Sofia Coppola / American Zoetrope

On rappelle que Priscillia n’avait que 14 ans et lui 24 ans quand ils se sont rencontrés, surtout que le monde entier savait que toutes les femmes se jetaient à ses pieds, et qu’il savourait cela. Le père de Priscillia en profitera pour le lui rappeler, se demandant en quoi il désirait sa fille plus qu’une autre. Lui et sa femme ont longtemps suggéré à leur fille de l’oublier et de sortir avec un garçon de son âge, ou du moins de son collège, flairant le mauvais coup.

En cela, notre dieu du rock aura beaucoup d’influence sur Claude François, fasciné par la star au point de reproduire le même schéma, imitant son style de vie et ses habitudes. On dit que Claude François aurait voulu une réplique exacte de la piscine du King avec sound-system intégré, et qu’après la mort d’Elvis il aurait voulu être momifié, tout comme lui.

Jacob Elordi et Cailee Spaeny © Sofia Coppola / American Zoetrope

Comportement toxique

Partant des faits avérés cités ci-dessous, Sofia Coppola semble cependant réticente à l’idée de détruire l’image du roi du Rock, mais cela n’est pas dû à un manque de talent ou une quelconque auto-censure, non ! Coppola semble avoir pleinement conscience de la norme imposée aux femmes dans les années cinquante et soixante, mais que tout cela est amplifié avec une star telle qu’Elvis Presley. Sa retenue et sa douceur nous donne un aperçu assez juste de ce qu’il était, comme si elle nous laissait le choix de faire nos propres recherches après le visionnage.

Une magnifique Priscilla interprétée par Cailee Spaeny © Sofia Coppola / American Zoetrope

Mais rien n’est oublié, outre ses tendances douteuses pour les jeunes filles et son infidélité, Elvis coche toutes les cases du mec toxique : violences physiques, violences psychologiques, menaces, chantage, agression sexuelle, contrôle de la sexualité et de la vie de sa femme, influence à boire de l’alcool et fumer la cigarette à un jeune âge, sans parler des médicaments pris par Priscilla pour pouvoir suivre son rythme de vie tout en poursuivant ses études secondaires. 

Un anti-Elvis assumé

Après la lecture bouleversante de la biographie de Priscilla, Sofia Coppola décide d’adapter ce livre, mais, petit bémol, les dates de production sont très proches du Elvis de Baz Lhurmann. De plus, il est interdit à la réalisatrice d’utiliser la moindre chanson du rockeur, la fondation Elvis Presley déclarant que ce film calomnieux, entache fortement la réputation du chanteur. Qu’à cela ne tienne, Coppola ayant plus d’un tour dans son sac, et réputée pour créer des bandes-son aussi iconoclaste et iconique que Quentin Tarantino (avec qui elle a eu une courte relation).

Le couple Elvis et Priscilla dans Priscilla © Sofia Coppola / American Zoetrope

Elle qui avait volontairement choisi des chansons anachroniques pour son Marie-Antoinette (2006), décide de ne prendre que des chansons n’ayant aucun rapport avec la star et dresse un itinéraire musicale historique au même titre que le Zodiac de David Fincher. Second problème, elle n’a pas le droit de montrer le manager d’Elvis, le tristement célèbre Colonel Parker, qui n’est ici que mentionné, mais jamais montré.

Cerise sur le gâteau, la fille d’Elvis Presley, Lisa Marie, est furieuse que cette adaptation voit le jour, déclarant que cette dernière n’est qu’un tissu du mensonge destiné à détruire la carrière de son père, et qu’elle ne reconnaît personne dans cette histoire. Jurant qu’une fois le film sorti, elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour le descendre, mais elle décédera hélas avant la sortie du film. Cette dernière sera retardée en raison de la grève des scénaristes. Certains fans mécontents du projet ne lésinent cependant pas sur la surconsommation de drogue et d’alcool, à l’instar du chanteur, réputé pour brûler la chandelle par les deux bouts.

Jacob Elordi et Cailee Spaeny © Sofia Coppola / American Zoetrope

Bien que nous ayons envie de comparer en permanence le projet de Baz Lhurmann et celui de Coppola, voulant voir la face A et la face B d’une même scène, obnubilés par le fait de vouloir savoir ce que le King a fait dans telle situation, il ne s’agit pas ici d’Elvis, il s’agit de PRISCILLA !

Bande-annonce VF :


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