Depuis une dizaine d’années, la réalité virtuelle est bien connue du grand public. Est-ce une révolution ? Pour certains, non, il s’agirait simplement d’un nouveau médium.
À Bruxelles, on retrouve de nombreuses salles de réalités virtuelles dédiées aux jeux, et de
plus en plus d’expositions en immersion, à l’instar de Van Gogh : The Immersive Experience.
Avec l’appropriation des nouvelles technologies par les musées, les visites virtuelles depuis
son salon et les collections d’art en ligne ont également le vent en poupe. L’expérience Whispering Lights nous invite à découvrir des lieux physiques et organiques,
difficilement accessibles en temps normal.

Entre perception et illusion, nous sommes invités durant l’exposition Reset Immersive – Whispering Light à traverser des cellules végétales photographiées au microscope électronique, à nager dans l’océan avec des méduses. Dans une mare de béton, nous sommes conviés à déambuler entre dispersion et transfert de lumière, flux et mémoire d’une existence consciente, avec cette sensation (plaisante ou déplaisante) quand on enfile un casque de VR, qu’il est impossible d’échapper à l’image.

Les organisatrices de l’événement et le lieu RESET

Marine Haverland et Laure Hendrickx ont créé fomo.scene en 2022. C’est une structure de
curation, d’intermédiation et de production dans le domaine des expositions numériques et des installations immersives. Reset Immersive est leur première exposition.

© Margaux Frasca

En 2021, l’équipe bruxelloise d’Arty Farty, en partenariat avec Bozar, LaVallée et UnderMyGarage, a été désignée par la ville de Bruxelles comme gestionnaire de son projet d’occupation transitoire d’une durée de plus de deux ans, du site à l’étrange forme alvéolée. Abandonné pendant plus de 20 ans, l’ancien bâtiment de la banque Dexia ouvre ses portes et se transforme en RESET, un espace de 3 000 m2 qui accueillera des soirées clubbing, des expositions et des conférences, aux frontières de l’exploration urbaine.

Réalité virtuelle VS Sobriété numérique

Dans le contexte actuel de transition énergétique et de crise climatique, la réalité virtuelle ne
semble pas vraiment compatible avec la sobriété numérique.

Si dans un premier temps, le numérique apparaît comme une promesse de décarbonation de la culture avec le postulat que le numérique viendrait remplacer le déplacement des visiteurs par une expérience en streaming depuis chez soi par exemple, la course aux formats toujours plus lourds et au développement de réseaux de plus en plus puissants entraîne une croissance de la consommation énergétique du secteur de la culture.

Si le format 1280×1440 pixels pour chaque œil, des casques oculus, semble ici raisonnable, d’après certains experts, il sera difficile de rendre la VR respectueux de l’environnement à l’avenir.

La nouvelle universalité, c’est de sentir que le sol est en train de céder.

Bruno Latour, Philosophe de l’anthropocène

Mais qu’est-ce que nous permet la réalité virtuelle ? De poser un regard plus profond sur le
monde qui nous entoure ? De nous en donner l’illusion ? Elle apparaît séduisante comme une
poupée russe high-tech pour nous baigner au cœur de l’infiniment petit et de l’infiniment grand. Le monde vivant nous résiste-t-il tant ? Pourquoi sommes-nous en quête d’immersion et de symbiose ? Plonger dans une atmosphère hors du réel pour mieux le retrouver, se fondre dans un environnement immatériel pour mieux toucher la matière, subir un mouvement descendant ou ascendant en faveur d’un vertige holistique.

Doit-on redouter un état de débordement ou pouvons-nous ériger des digues virtuelles pour nous protéger ? Si nous sommes en quête d’apesanteur, la gravité, comme l’école, est gratuite, laïque et obligatoire, elle ne nous laisse pas le choix. Nous avons les pieds sur terre. Mais qui n’a jamais rêvé de voler au-dessus des montagnes ou de tournoyer avec les galaxies ?

Alors que le numérique n’a jamais autant exigé de matières premières et que nos sols sont
progressivement exploités et fragilisés, la réalité virtuelle basée sur des flux physiques réels bien qu’invisibles à première vue, quand on enfile un casque de VR, met en lumière cet étrange paradoxe : en nous enfonçons dans le sol, nous nous en éloignons.

Les microarchitectures imaginées par les curateurs et scénographes pour visionner les
expériences visuelles peuvent évoquer des isoloirs, voire des cabines de visionnage à caractère pornographique, créant et accentuant un espace d’intimité, pour une immersion poétique dans le monde et à l’intérieur de soi.

Informations pratiques

Reset Immersive – Whispering Lights , une exposition éphémère qui aura lieu jusqu’au 14 mai 2023 au Reset Brussels, rue de la Banque 7, 1000 Bruxelles.

Afin d’accéder à l’exposition, il vous faudra réserver votre place à l’avance. C’est également accessible aux personnes à mobilité réduite (prévenir par mail au minimum 24h avant votre arrivée).

Du mercredi au vendredi : de 15h à 22h.
Du samedi au dimanche : de 12h à 19h.
Durée : entre 30 min et 50 min.
Âge minimum requis : 10 ans.