Le musée Carnavalet-Histoire de Paris consacre pour la première fois une exposition temporaire à un monument parisien, invitant ses visiteurs à le découvrir ou le redécouvrir, sous toutes ses facettes. Chef d’œuvre de la Renaissance française orné de reliefs du sculpteur Jean Goujon, la fontaine des Innocents structure le centre de Paris au cœur du quartier des Halles. La restauration de la fontaine débutée en juillet 2023 et qui a pris fin en juin 2024 offre l’occasion exceptionnelle de découvrir dans des conditions privilégiées les cinq reliefs de nymphes sculptés par Jean Goujon, déposés du monument. Exposition à voir jusqu’au 25 août, pendant les Jeux Olympiques de Paris.

Illustration : Jean Goujon, Nymphe et Triton entourés de deux petits génies, relief du soubassement
de la fontaine des Innocents, 1548-1549 © Musée du Louvre © GrandPalaisRmn (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle

L’exposition présente, à travers une sélection d’environ 150 œuvres de typologies variées et de dispositifs numériques, les transformations successives qui ont touché l’édifice, au cœur d’un quartier en constante mutation, celui des Halles. La fontaine, profondément ancrée dans un imaginaire parisien, devient alors une icône populaire. L’exposition explore également la figure de Jean Goujon, artiste majeur de la Renaissance française mais aujourd’hui peu connu du grand public.

John James Chalon, Le Marché et la fontaine des Innocents, 1822 © Paris Musées – Musée Carnavalet – Histoire de Paris

L’enjeu est d’évoquer le parcours artistique du sculpteur, de la réalité historique au mythe, en valorisant ses créations parisiennes, du Louvre à Saint-Germain- l’Auxerrois notamment. Son influence dans l’histoire de l’art est mise en scène à travers un florilège puisé dans différents courants artistiques. Si plusieurs générations de sculpteurs vont se nourrir de l’art de Jean Goujon, de David d’Angers à Maillol en passant par Carpeaux, une filiation se dessine également avec le peintre Jean Auguste Dominique Ingres, qui reprend la composition de l’une des nymphes de la fontaine pour La Source, un de ses chefs-d’œuvre achevé en 1856. Icône à la fois savante et populaire, cette œuvre devient à son tour source d’inspiration de nombreux artistes. Le modèle imaginé par Goujon pour la fontaine des Innocents continue ainsi son chemin, repris et réinventé, tel une éternelle fontaine de Jouvence.

Jean-Auguste-Dominique Ingres, La Source, 1856, Musée du Louvre, oeuvre en dépôt au musée d’Orsay, Paris © GrandPalaisRmn (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

Le temps-fort de l’exposition est la découverte, dans des conditions inédites, des reliefs créés par Jean Goujon pour la fontaine. Les nymphes déposées à l’occasion de leur restauration dialoguent de nouveau avec les reliefs aux décors marins retirés de l’édifice depuis le 19e siècle et conservés au musée du Louvre.

Antoine Feder, La fontaine des Innocents et le marché, avant 1791 © Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris Carnavalet

En regard de la dernière partie du parcours, un atelier permet d’assister à la restauration in situ d’épreuves anciennes en plâtre des nymphes de Jean Goujon, dans un espace dédié. Des dispositifs numériques complètent cette découverte sensorielle au cœur de la matière. Elle permet de présenter les problématiques de restauration auxquelles sont confrontés les professionnels responsables de la conservation du patrimoine : comment restaure-t-on des sculptures ? Pourquoi et comment dépose-t-on des reliefs ornant un monument ?

Eugène Atget, Fontaine des Innocents, 1904 © Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris Carnavalet

L’exposition invite à une exploration des coulisses d’une restauration à travers celle de la fontaine des Innocents et de ses métamorphoses successives, et met en lumière la postérité de ce monument emblématique de Paris dans la culture populaire et dans l’art.

Plus d’informations sur le site du Musée Carnavalet.


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