Jusqu’au 22 janvier 2023 , Train World, ce musée situé dans la gare de Schaerbeek, propose une très émouvante exposition, de toute beauté et à la plus forte double charge historique possible. Royals&Trains s’adresse aux passionnés de l’histoire des chemins de fer belges, de la Belgique et de sa royauté. Et à tous les publics, y compris scolaires…

Train World

Il existe depuis toujours des liens très étroits entre les chemins de fer belges et la royauté. Le roi Philippe a d’ailleurs inauguré Train World le 24 septembre 2015, en grande pompe (non à essence, puisqu’il s’agit de trains !). Et il fit de même le 9 mai 2022 pour notre expo, sise donc gare de Schaerbeek où se trouve Train World.

Ce lieu est le musée permanent de la SNCB : on peut donc y découvrir à volonté les collections permanentes, mais les expositions sont toujours le premier facteur d’attraction du musée.

Repères historiques

Avant de décrire, fatalement dans les très grandes lignes, cette expo, quelques repères historiques pour cadrer ce propos «royalo-ferroviaire».

On doit vraiment, en tout premier lieu, répéter ceci : la Belgique a inauguré la toute, toute première ligne de chemin de fer Bruxelles -Malines, le 5 mai 1835. En présence du roi Léopold 1er qui n’embarqua pas ce jour-là, dans ce train qui circula à la vitesse vertigineuse de 50km/heure. Malines est donc une commune historique à cet égard.

-16 avril 1836 : premier voyage royal ferroviaire, de Léopold Ier, dans le train l’Éléphant (hélas disparu) qui reliait Malines à Gand.

-23 juillet 1926: création de la SNCB (et NMBS côté flamand). L’État cède l’exploitation du réseau à cette société concessionnaire, non propriétaire, créée dans ce but.

-4 octobre 1952 : inauguration de la jonction Nord-Midi par le roi Baudouin.

-22 mai 1955 : inauguration d’une autre première mondiale : Bruxelles Central. Soit la Gare Centrale et l’aéroport de Zaventem, la première liaison mondiale entre une gare et un aéroport.

-Novembre 1976 : dernière utilisation d’un des deux trains royaux de 1939 pour la visite de la reine Margrethe et du prince Henrik du Danemark.

Trains de grand luxe

L’exposition se situe partiellement dans la gare elle-même, le siège du musée. Mais surtout dans un bâtiment adjacent : il faut sortir de la gare et après une petite marche, on y pénètre, sur la droite.

Dans la gare, on peut voir des photos, documents et une œuvre de Dewasme-Pletinckx représentant l’inauguration avec le roi Léopold 1er de la ligne de chemin de fer sise gare de l’Allée verte, le 5 mai 1835. On signale qu’une autre œuvre immortalisant cet événement se trouve sur un mur de la station de métro Élisabeth, ex-Simonis.

Dans le bâtiment adjacent, qui abrite également la boutique de Train World, se trouvent les merveilles en question. La SNCB a conservé six trains royaux dont cinq sont exposés.

Les trains en question ont eu plusieurs fonctions, outre les voyages. Des mariages et enterrements royaux. Ou des funérailles comme celles de trois reines : Louise-Marie (1850), Marie-Henriette (épouse de Léopold II), et la reine Astrid (1935).

On peut assister à l’évolution : du bois qui fut utilisé au début comme composant important des trains de l’époque, on passe aux convois métalliques. Mais tout cela vu de l’extérieur : on ne peut pénétrer dans ces hyper précieux véhicules, pour conserver toute leur intégrité. On peut observer en détail les compartiments et même les chambres à coucher royales où les draps sont munis d’armoiries royales incrustées.

La plus ancienne est peut-être -ce qui est totalement subjectif -la plus impressionnante : c’est la Berline royale de 1901 de Léopold II. C’est presque un petit habitat roulant…

Cette Berline en bois qui captive et retient irrésistiblement le regard, même celui du visiteur toujours trop pressé,  et peinte en brun chocolat selon la livrée officielle des Chemins de fer de l’État belge en cette époque reculée. Avec bien sûr du verre et des éléments en fer.

Il comprend une cuisine et donc un espace de restauration, d’autres dédiés aux réceptions, un bureau et un salon-couchette. La décoration des compartiments est Art nouveau alors que le grand salon est du style Louis XVI. Un mélange des genres qui ne laisse pas d’impressionner : en ce temps-là, on ne se contentait pas du purement fonctionnel et on y ajoutait une recherche artistique du meilleur aloi.

Il est vrai destiné à quelques têtes couronnées…

Les quatre autres véhicules exposés sont : une voiture-restaurant datant de 1912 ; une autre de 1925 ; une voiture-salon de 1939 et une voiture salle à manger de la même année. En 1939, la couleur est vert bouteille métallique.

Photos, documents et têtes parlantes

L’exposition nous dévoile bien d’autres choses que ces cinq trains, supports de nos rêves et témoins de la grandeur d’une Belgique disparue. Mais le souvenir en reste plus vivace que jamais et l’attachement de la population tant à l’histoire royale qu’à celle du train reste inoxydable.

Une remarque importante : la colonisation congolaise est totalement absente de cette exposition, à la seule exception d’un tableau africain hélas non décrit (et qu’on ne peut voir de près dans le compartiment), dans un des deux trains de 1939.

On y découvre des bustes blancs de tous les souverains belges et, au fil de nos déambulations, des gravures polychromes du chemin de fer datant de la première moitié du dix-neuvième siècle.

Des plaques d’entreprises wallonnes qui ont contribué à la vie du rail belge. Elles témoignent d’une époque où le savoir-faire industriel wallon était prisé dans le monde entier : rien d’étonnant à ce qu’une certaine aura de nostalgie de cette réussite puisse accompagner ces mises en valeur de petits bouts si parlants et significatifs de notre riche patrimoine.

La visite prend environ deux heures.

Les documents et photos surabondent et on ne se lancera pas dans une énumération fastidieuse, en laissant au visiteur le plaisir de la découverte.

Quelques articles de journaux et magazines sont visibles, malheureusement souvent non référencés. L’auteur de ces lignes a reconnu, pour l’un ou l’autre article, la provenance de la revue royale belge par excellence : Le Patriote illustré, dont tous nos amis internautes seniors, ou presque, se souviennent.

Parmi les photos, celle en couleur de la reine Élisabeth d’Angleterre venue en visite officielle belge du 9 au 13 mai 1966. La photo couleur exposée est due à un photographe inhabituel : le roi Baudouin lui-même.

Mai 1966, le prince Philip, duc d’Édimbourg, la reine Elisabeth d’Angleterre et la reine Fabiola de Belgique -visite officielle de la monarchie anglaise
Photo prise par le roi Baudouin, via Paul Nauwelaers

Exposition Royals&Trains à découvrir à Train World jusqu’au 22 janvier 2023.

Pour en savoir plus sur le sujet, nous vous conseillons le livre Royals & Trains de Michelango Van Meerten et Stéphane Disière (Snoeck Publishers).

MERCI : le commissaire Michelango Van Meerten. Train World Heritage. Archives et Collections du Palais royal. Le comité scientifique de six membres. Les Musée d’Art et d’Histoire, Belvue, Horta et différents prêteurs privés. Scénographie Expo Duo.