Ceux qui ont déjà eu la chance de découvrir ce film ne l’ont certainement pas oublié. Speak no evil est sans doute le film d’horreur le plus intense, choquant et intéressant de l’année passée. Le réalisateur Christian Tafdrup nous emmène en enfer pendant 1h30. Son film est terrifiant et nous prend aux tripes grâce à son réalisme et aux performances grandioses des comédiens. Assurez-vous d’avoir les nerfs bien accrochés !

Speak no evil ©Profile Pictures 

Speak no evil est un film d’horreur psychologique sorti l’année passée et qui a fait son petit effet dans les festivals dans lequel il est passé, je comprends pourquoi.

Le film raconte l’histoire d’une famille danoise qui se lie d’amitié avec une famille hollandaise durant des vacances en Toscane. Les Hollandais vont inviter les Danois à passer un week-end chez eux. Ceux-ci acceptent, mais se retrouvent vite gênés par le comportement de plus en plus étrange de leurs hôtes.

Speak no evil ne possède pas une intrigue très originale à première vue, mais ici c’est l’exécution qui est très intéressante. Les acteurs sont réellement sensationnels et jouent leurs rôles avec un réalisme assez terrifiant. On se sent proche de cette famille danoise, on s’identifie très fort à eux.

Une tension qui monte crescendo

Speak no evil ©Profile Pictures 

Tout le film nous plonge dans une atmosphère très inquiétante et nous met très mal à l’aise, la tension monte petit à petit. Ce qui est puissant, c’est que le comportement des Hollandais n’est au départ pas si terrible que ça. À chaque fois, ce sont des petites choses un peu gênantes, mais qui forment un tout.

Par exemple, ils sont parfois un peu trop sévères dans leur façon de gronder leur fils, ils font des remarques désagréables à l’épouse danoise parce qu’elle est végétarienne, ils n’ont prévu qu’un lit minuscule pour la fille de leurs invités… J’en passe beaucoup pour ne pas vous gâcher la découverte.

Au départ rien n’est gravissime, mais l’ensemble fait qu’on ressent, comme les Danois, une gêne assez forte. Nos héros se demandent s’ils doivent s’en aller ou pas, si leurs hôtes sont vraiment dangereux ou si au final ils se font juste des idées.

À leur place, je ne sais honnêtement pas ce que j’aurais fait.

Plus qu’un simple film d’horreur, une vraie critique sociale !

Speak no evil ©Profile Pictures 

Le long métrage teste nos limites, qu’est-ce qu’on est prêt à accepter ? Il critique le fait qu’on tolère des choses parfois incorrectes pour ne pas paraître impoli ou désagréable.

À chaque fois les Hollandais sont à la frontière de l’inacceptable, sans jamais vraiment l’atteindre, ce qui fait que les Danois ont du mal à vraiment se décider à partir. Nos héros avaient l’occasion de s’en aller ou de résister de nombreuses fois, mais ils se sont laissés faire et le pire, c’est que je crois que tout le monde dans leur cas aurait eu la même réaction.

Le film met en garde les spectateurs sur le fait qu’il ne faut pas fermer les yeux quand une situation est vraiment trop inconfortable, il faut réagir car les conséquences peuvent être horribles.

La mise en scène est également fantastique et renforce cette ambiance terriblement anxiogène, on est constamment sous tension, pris aux tripes et perturbé alors qu’il ne se passe pas tellement de choses à l’écran.

C’est psychologiquement que le film est éprouvant.

Un final qui glace le sang !

Speak no evil ©Profile Pictures 

Le dernier acte, lui, fait basculer l’œuvre vers l’horreur la plus impitoyable. Les vingt dernières minutes font très, très mal et c’est un habitué du genre qui vous le dit. J’ai rarement été aussi mal à l’aise devant un film. Pas seulement parce que c’est choquant visuellement. Ça l’est, certes, mais ça l’est surtout psychologiquement.

Le long métrage n’est pas gratuitement violent et ne nous balance pas des litres d’hémoglobine pour nous faire vomir, il est bien plus intelligent que ça. Car les acteurs sont absolument brillants, leur jeu est tellement réaliste, on ressent leur peur et leur désespoir à chaque instant. Si bien qu’on en oublie parfois qu’on regarde une fiction.

La mise en scène est également incroyablement maîtrisée, on se sent oppressé et sans défense, comme les personnages. Le film réussit donc complètement ce qu’il essaie de faire et m’a mis une vraie claque, il dresse aussi une belle critique de nos interactions sociales.

Je vous le recommande mais soyez conscient de ce que vous allez voir.