Squid Game, la téléréalité : déception
Netflix vient d’insérer une nouvelle téléréalité sur sa plateforme, qui fait déjà réagir beaucoup de monde . Quand les Américains s’emparent d’un produit haut de gamme sud-coréen comme Squid Game et le transforment. Par ici la monnaie, mais les clients ne semblent pas vouloir apprécier le produit. Analyse du dernier fait culturel qui fait polémique en ce moment.
Votre prochaine émission de télé ne sera plus Squid Game, série créée par le Sud-Coréen Hwang Dong-hyeok, projet audacieux qui a été accepté après une décennie de refus, comme d’ailleurs beaucoup d’œuvres qui sont devenues cultes. Difficile d’imaginer un George Lucas se faire claquer des portes au nez par les grands studios pour son « Star Wars », ou un « Retour vers le Futur » recalé au moins quarante fois.
Squid Game , « Le Jeu du Calamar » en français et aussi sa dénomination pour le marché québécois, est une série mythique se composant de 9 épisodes. Elle est uniquement disponible sur Netflix, qui d’ailleurs se place avec YouTube et les plateformes vidéos comme la nouvelle télévision qui grignote un peu plus tous les jours les parts de marché de la traditionnelle télédistribution .
Vous savez, ces fameuses chaînes de télé où vous devez vous postez à telle ou telle heure pour voir votre film ou émission, très souvent entrecoupée de publicités, et avec une tonalité un peu trop consensuelle qui tranche réellement avec le ton plus libre et réactif de la proposition vidéo. Il est vrai que l’interaction avec les programmes, et le moment pour consulter ceux-ci, sont plus libres. Bref, l’âge moyen du spectateur traditionnel recule et on arrive à se demander qui regarde encore la télé, quoique la Belgique semble faire de la résistance face à un mouvement qui est international.
En tous les cas, Netflix est réellement devenu un nouveau pan de la culture grand public, avec la même popularité que Disney en son temps, qui avait réussi à capter le public pendant des décennies, jusqu’à ses déboires idéologiques récents qui lui ont fait perdre beaucoup en audience et dans les tiroirs caisses.
Quand la Corée du Sud fait de l’ombre à la culture américaine
Squid Game, comme BTS, Black Pink, et une ribambelle de films primés comme « Parasites « ou « Dernier train pour Busan », est un des nombreux produits culturels de la Corée du Sud qui s’installe de plus en plus dans le paysage culturel comme un concurrent des Etats-Unis, en raison de forts investissements de la part des autorités depuis le début des années 2000 dans le « Soft Power culturel », afin de rendre le pays plus attractif internationalement. Une émission de France Culture est consacrée au sujet.
Politique qui s’est avérée très efficace car désormais la Corée du Sud exerce une réelle fascination, même pour moi. Leurs films, séries, artistes musicaux, innovent et proposent une autre vision, plus réaliste de notre époque, sans se contenir ni s’autocensurer pour n’offenser personne, comme c’est devenu le cas aux Etats-Unis, pris dans une culture woke qui a une réelle mainmise sur le cinéma et les séries. Culture, qui aujourd’hui semble connaître un coup de revers de la part du public américain, qui s’en détourne et préfère des contenus moins censurés tels que les mangas japonais ou bien… les créations originaires de Corée du Sud. Et comme on le sait, les Américains ont toujours le flair pour sentir une nouvelle opportunité et faire tourner le tiroir-caisse.
Squid Game, retour sur un phénomène de masse
Et bien ici, ils n’ont pas voulu rater la nouvelle occasion offerte par ce succès mondial, car quoi de mieux pour amuser les chaumières qu’une télé réalité inspirée de Squid Game, la série qui bat tous les records : plus de 31 milliards de dollars de recettes, 2 milliards d’heures de visionnage ! Squid Game est devenu en l’espace de quelques années le titre le plus emblématique de Netflix, raflant au passage tous les records et créant la polémique, puisque des éducateurs des écoles primaires et secondaires ont été appelés à la vigilance dans les cours d’école : les enfants simulaient les jeux observés dans Squid Game la veille.
Petit rappel du sypnosis pour ceux qui ne détiendraient pas le sésame pour les longs marathons nocturnes : l’abonnement Netflix. La série raconte l’histoire de prolétaires et autres déchus de la vie criblés de dettes, forcés de participer à un jeu télévisé afin de rembourser leurs créanciers. Ces candidats participent à des jeux d’enfants aux tournures plutôt violentes, puisque les perdants meurent, et seul le gagnant reste vivant pour remporter l’immense cagnotte convoitée. Jeu télévise basé sur la compétition individualiste et les rapports entre les différentes classes sociales. Cela mériterait plusieurs analyses sociologiques bien huilées. Bref, de quoi faire saliver n’importe quel producteur américain avide de buzz et désireux de multiplier ses petits dépôts à la banque .
Le paragraphe qui pique
Déception, déception … quelle ne fut ma déception lors de la découverte de cette télé réalité américaine qui a conservé les décors, les costumes, l’ambiance ainsi que les célèbres jeux de la série originale. Dans des décors similaires à ceux de la série sud-coréenne, mais avec un côté rose bonbon qui parait insupportable et complètement à l’opposé du malaise désiré crée par les Coréens, afin d’infantiliser des adultes, les traitant comme des enfants qui ne se sont pas bien comportés.
Les rires et les conversations légères et moqueuses des candidats américains, comme des ados en pleine poussée d’hormones qui peuvent tout se permettre, et y compris parmi eux des personnes retraitées, désaxent complètement les fans de la première heure. Sans ajouter les jeux où des candidats qui sont touchés voient de leur protection suinter du faux sang noir. Des blagues, des bagarres, des vidéos louches mettant en péril la vie d’autrui (comme celle de cette jeune française invalide de 14 ans violée par quelques jeunes et qui a fait le tour des réseaux sociaux et heurté l’opinion), autant d’éléments qui mériteraient l’attention des forces de l’ordre, police que l’on retrouve déjà en nombre sur Snapchat et Telegram.
Du drame vécu par le jeu d’acteur réaliste dans la version coréenne, riche psychologiquement avec un scénario bien rodé, on se déclasse immédiatement dans la version US vers la grosse farce, du divertissement américain sans écriture, avec des candidats plus vides que « Les Anges de la Téléréalité ». Ha, ha, ha, que c’est drôle de mourir et… de jouer dans des conditions de tournage médiocres ne respectant rien des conditions de travail normales. Ha ! Ha! Mais c’est tellement drôle de passer sur Netflix, car même si on perd, nous connaîtrons notre quart d’heure de gloire. Le profil de ces candidats étant des personnes déclassées, sur le fil du rasoir, comme dans la série originale.
Promis, dès que la nouvelle saison arrive, je vous ferai une analyse de Squid Game pour vous expliquer en quoi la série est si proche de nous .
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Hugo décrypte ce que la série Squid Game dévoile sur nous :