Au sein de ses immenses salles d’exposition, le BPS22 se met au défi de dévoiler l’esprit adolescent à travers la voix d’artistes contemporains belges et internationaux. Mais quel est exactement cet esprit adolescent ?

Smells like teen spirit est une chanson qui a marqué toute une époque. Le titre chanté par Kurt Cobain a donné son nom à l’exposition du BPS22 à Charleroi et à la série de photos de Vincent Beeckman qui est au début du parcours. Chaque œuvre présente dans l’exposition sera en lien avec l’adolescence. Cette période où chaque individu cesse d’être considéré comme enfant et se construit en tant qu’adulte est propice à la réflexion artistique.

©Vincent Beeckman, Série Teen Spirit, 2019-2021. Photo de Thomas De Backer
 

La liberté, la recherche de ses limites, la construction du soi et les difficultés inhérentes aux générations actuelles seront les principaux sujets de l’exposition. De la Black Box à la grande halle, les œuvres sont présentées avec une scénographie minimaliste qui nous permet de les apprécier pleinement sans interférence. Le livret papier fournit en début d’exposition regorge d’explication sur les différentes démarches artistiques. Cette démarche de médiation permet de se plonger dans ces informations quand on le veut. Soit durant l’exposition quand on s’interroge sur une sculpture énigmatique ou après la visite pour confronter notre point de vue et l’intention de l’artiste.

La grande halle du BPS22. Photo de Thomas De Backer

Les différents supports artistiques de l’exposition se combinent très bien dans les différentes salles. Les projections vidéos disséminées habillement tout au long du parcours apportent une ambiance sonore particulièrement intéressante. La variété dans le contenu sonore de ces vidéos nous fait passer d’une atmosphère à une autre. On commence d’abord dans la Black Box avec la vidéo de Neïl Beloufa montrant des jeunes de sortie dans une Renault. Le fond sonore est un mélange de voix, de bruit de voiture et de musique. Dans l’espace d’exposition suivant, la vidéo d’Emmanuel Van Der Auwera est faite de témoignages trouvés sur internet évoquant un sujet dramatique. Le passage de l’ambiance sonore cinématographique dans une pièce sombre aux témoignages laissés sans filtre dans cette pièce d’un blanc immaculé est saisissant et celui-ci est accentué par l’étrangeté des sculptures de Maen Florin. L’ensemble de l’exposition est faite de ce type de contrastes qui permettent de rythmer la visite.

©Maen Florin. Photo de Thomas De Backer

Je retiendrai de cette exposition certaines œuvres visuellement très impressionnantes comme la sculpture de Daniel Firman au centre de la grande halle, l’installation Johan Muyle ou les peintures de la série Déesse de Charlotte Beaudry présente tout au long des salles. La scénographie minimaliste ne cède pas non plus à la facilité. Les œuvres sont disposées avec justesse au sein des différents environnements du musée et celles-ci se répondent très bien entre elles. Le sujet de l’exposition est loin d’être anecdotique et les différentes propositions artistiques permettent de l’aborder selon des points de vue toujours pertinents.

©Johan Muyle. Photo de Thomas De Backer