Entrer dans une propriété abandonnée et imaginer la vie d’avant pourrait s’apparenter à du voyeurisme. Au contraire, des photographes immortalisent certains lieux en ruine, à travers leur objectif. Ils nous font découvrir la beauté de constructions délaissées par l’homme. C’est le cas de Céline Danloy et Delphine Buxant. Dans leur ouvrage photographique « Terminus », elles nous  proposent de les accompagner entre France et Belgique. 

L’urbex, ou l’exploration urbaine, est une pratique exercée de plus en plus par des artistes curieux. Ils visitent des lieux construits et laissés à l’abandon. Des usines, des appartements, des hôpitaux, des manoirs, ayant rayonné jadis.

Visiter, être présent et imaginer la vie d’avant est la passion de certains photographes. Comme eux, Céline Danloy et Delphine Buxant ont décidé de faire le mur, d’entrer et d’immortaliser ce qui tombe en ruine. Les vestiges d’une vie passée ne sont alors plus oubliés. À travers les yeux de nos autrices, on peut découvrir la beauté de certains sites et, à la fois, on peut s’interroger. 

©Céline Danloy et Delphine Buxant

La plupart sont encore préservés. 

Pourquoi cet appartement parisien est-il abandonné ? Où sont passés les proches ? Les photos sur les meubles témoignent pourtant d’une vie riche et remplie.

On peut observer des assiettes dressées, des lits faits, des dentiers sur des tables de chevet, des bobines de film rangées,…

Les propriétaires se sont évaporés. 

Seules la poussière et les araignées ont marqué le temps. 

Certains autres sont des constructions autrefois majestueuses. 

Combien de pièces ont été jouées dans ce théâtre ? Combien d’hommes ont transpiré dans cette usine ? Combien d’enfants ont appris à nager dans ces piscines ? 

Seuls la moisissure et des tags habitent ces endroits démesurément vides.

Autant de questions qui viennent en observant ces lieux, souvent impressionnants.

Ce livre est décrit comme une “plongée photographique au cœur de lieux interdits et désertés”

L’intitulé de l’ouvrage nous pousse curieusement à la visite. Ce livre nous donne envie de partir à la découverte de ces lieux cachés. On plonge facilement dans cet univers. En tournant les pages, on découvre une part de mystère, de secret aussi.

Une certaine poésie se dégage de leurs photos. Pourtant, leur travail en amont n’est pas aisé. La recherche de ces sites prend du temps. « Il faut remonter des pistes à partir de mots ou de dates, chercher des indices sur les photos des autres, lire la presse locale qui parle des fermetures de lieux publics » précise Céline Danloy. Un travail de longue haleine.

La photographie, un art complet et complexe

À l’heure où la photographie est à la portée de tous, au temps des filtres et corrections automatiques, tout le monde peut se prétendre photographe. 

La photographie est un art accessible à tous. Mais, tout le monde ne peut pas prétendre avoir la patience, l’œil, la créativité. 

©Céline Danloy et Delphine Buxant

Il faut être respectueux aussi. Cette notion est indispensable quand on pratique l’urbex. Nos deux photographes ont toujours fait attention à ne rien déplacer. 

Ne pas créer de mise en scène. Ne ramener aucun trésor. 

Tout laisser sur place, intacte, comme si elles n’étaient jamais venues est leur règle fondamentale. Savoir raconter une histoire à travers un cliché, c’est en ça que réside véritablement leur art. Et sur ce point, Céline Danloy et Delphine Buxant excellent.

Delphine Buxant Céline Danloy (2021), Terminus (2021),RACINE, 240pages