Bien que la série sur Apple TV+ prenne des libertés par rapport au livre de Keys, il est savoureux de voir cette histoire mise en scène avec justesse. Les maladies mentales sont enfin traitées avec le respect qu’elles méritent.

Une série inspirée d’une histoire vraie

Billy Sullivan est un jeune homme arrêté après une tuerie de masse à New York. Au fur et à mesure qu’il est interrogé par la psychiatre Rya Goodwin, il se remémore les moments pivots de sa vie et se rend compte qu’il est atteint de trouble de la personnalité multiple.

Inspiré du livre de Daniel Keyes intitulé Billy Milligan, l’homme aux 24 personnalités,  Milligan était un violeur en série connu pour être la première personne de l’histoire contemporaine à être reconnue non responsable de ses actes dûs à son trouble de la personnalité multiple.

Campé par le minet Tom Holland qui délaisse son costume pour un rôle beaucoup plus sombre, Holland confirme sa capacité à interpréter des rôles plus matures que ceux de super-héros, et cela depuis The Devil All the Time. Quant à sa partenaire Amanda Seyfried, qui délaisse les paillettes de Mamma Mia et son visage d’ange dans Mank, elle confirme également toute sa vaste palette de comédienne.

La maladie mentale, bonne source d’inspiration

Les maladies mentales ont toujours été un terreau fertile pour les cinéastes, au point de volontairement mélanger les choses pour des raisons dramatiques. Il est commun pour les productions cinématographiques de confondre volontairement schizophrénie et trouble de la personnalité multiple, ce qui entretient la confusion chez les spectateurs. Selon le médecin psychiatre Jean-Victor Blanc dans son livre Pop & Psy, la schizophrénie consiste à avoir un décalage avec la réalité, entre autres des idées délirantes ou des hallucinations (comme dans Un Homme d’Exception).

Le second contient une superposition de personnes à l’intérieur d’un même corps. Le cas de Billy Malligan est un cas unique dans l’histoire et la plupart des psychologues et psychiatres s’accordent à dire que les troubles de la personnalité multiple sont d’une extrême rareté, mais bien pratiques pour la fiction. On ne compte plus le nombre de fois où ce ressort narratif est utilisé comme plot-twist dans des thrillers, à l’exception du Black Swann de Darren Aronofsky. La manipulation mentale est aussi un bon sujet pour les scénaristes.

The Crowded Room © Apple TV +

Des acteurs très (trop?) impliqués

On peut ici souligner le jeu particulièrement juste de Tom Holland qui s’est énormément investi dans ce rôle, au point de déclarer vouloir faire une pause après ce projet. Mais aussi parce qu’il a enchaîné les tournages en un an ce qui l’a fort fatigué. Ayant été victime d’une vague de remarques homophobes suite à une scène de sexe gay, il a aussi déclaré quitter les réseaux sociaux pour préserver sa santé mentale.  Quand à Amanda Seyfried, tout aussi juste dans son jeu, on peut voir sans rougir dans la relation qu’entretiennent ces deux personnages des similitudes avec celle du Joker et d’Harley Quinn (qui seront exploitées dans le prochain film de Todd Phillips). Il faut également savoir que l’histoire de Billy Miligan a failli être adaptée par le control freak David Fincher et que Miligan a beaucoup inspiré l’incroyable film Split de M. Night Shyamalan.

Bande-annonce The Crowded Room (2023) en FR: