Les visiteurs sont invités à un voyage captivant à travers un siècle de photographie, accompagnés par certains des appareils photo les plus iconiques jamais produits. Que vous soyez amateur de photographie argentique, passionné d’histoire ou simplement curieux, le 99 Cameras Museum offre une expérience unique à Paris.

Faire un tour au Studio Harcourt est toujours une merveilleuse expérience qui met des paillettes dans les yeux et dans l’esprit. C’est un lieu de légende, où plus de 1500 vedettes du cinéma français et international se sont faites photographier, de même que 500 000 particuliers. Leurs archives recèlent cinq millions de clichés ! Une collection unique au monde, et d’une magnifique qualité technique. Un témoignage sur le beau monde, notamment parisien, qui s’étale sur plus d’un siècle. Elles ont été achetées par le Ministère de la Culture en 1986 sur l’impulsion de Jack Lang qui voulait sauver ce patrimoine.

Le plateau Cocteau © Studio Harcourt

Une longue histoire pleine de clichés

Le studio est cofondé en 1934 par Germaine Hirschfeld (1900-1976), fille d’immigrés juifs allemands qui vont se réfugier à Londres pendant la Première Guerre Mondiale. Revenue en France au début des années 20 avec un léger accent britannique, femme très élégante à l’allure chic, elle préfère prendre un nom qui entretiendra l’ambiguïté autour de ses origines : Cosette Harcourt, moitié Cosette, la pauvresse inventée par Victor Hugo, moitié Harcourt, comme l’illustre famille historique de la noblesse normande.  Les autres co-fondateurs sont les frères Jaques et Jean Lacroix, des patrons de presse, et Robert Ricci, le fils de Nina Ricci.

Lorsque les Allemands reviennent en 1940, Jacques Lacroix épouse Cosette Harcourt ; c’est un mariage arrangé pour échapper aux persécutions contre les Juifs. Mais elle devra tout de même s’exiler et reprendre le chemin de Londres. Elle reviendra après la guerre et sera à nouveau aux commandes de son studio auquel elle imprimera sa patte si particulière jusqu’à sa mort. Le succès est au rendez-vous dès l’après-guerre et tout le monde peut aujourd’hui encore reconnaître le « style Harcourt » en noir et blanc aux fameux clair-obscurs prononcés.

Bienvenue dans le temple du portrait

Passez l’entrée du 6 Rue de Lota dans le seizième arrondissement et vous pénétrez dans le temple du portrait artistique et élégant. Un grand escalier de marbre blanc recouvert d’un tapis rouge, des portraits de célébrités aux murs, des lampes de studio, ça y est, vous êtes déjà une star en devenir. Nous avons pu voir le mythique studio de photo avec son fond gris et ses éclairages subtils. Un profond canapé rouge vous permettra de vous reposer, avant ou après la séance de maquillage. Mais quels sont les secrets de fabrication du mythe ?

Le style Harcourt

Le studio Harcourt s’exprime sur ce sujet en 2010, et cette explication technique est reprise par Wikipedia : « Le style Harcourt se caractérise par un plan rapproché du sujet, plan taille cadré sur le buste ou gros plan sur le visage, ce qui implique un travail de retouches assez élaboré, sur le négatif comme sur l’épreuve, pour gommer les imperfections du portraituré et affiner le grain de la peau selon une esthétique extrêmement codée. Le modèle est pris sous son meilleur angle, souvent de trois-quarts ou en contre-plongée, éclairé par une lumière de projecteurs de cinéma généralement latérale, éclairage au tungstène qui favorise les effets de luminescence sur le visage et de moire sur le front. Fond en dégradé du gris au noir, attention portée sur les yeux. »

Un musée qui vient de s’ouvrir

Le 99 Cameras Museum présente une exceptionnelle collection de 99 appareils photos rares, répartis sur un siècle ; c’est un héritage familial. Elle a été rassemblée par Gianpaolo Benincasa sur une période de plus de 50 ans et est désormais exposée par son fils Federico au Studio Harcourt. Les visiteurs y découvriront 99 appareils photo de marques mythiques tout comme des trésors moins connus qui ont façonné la photographie du 20e siècle. L’accent est mis sur la période industrielle et les innovations qui ont rendu la photographie accessible au grand public. Les appareils sont accompagnés de descriptions concises et accessibles axées sur des anecdotes et des points de relief. On y voit d’exceptionnels appareils photos camouflés à des fins d’espionnage. Bienvenue dans le monde de James Bond.

Une très intéressante collection de 99 appareils photo historiques © photo Grégoire Tolstoï

Studio Harcourt, un lieu de mémoire mais aussi de vie

Une exposition temporaire, « Bestiaire Américain », consacrée à l’artiste équatorien Pablo Corral Vega est accrochée aux cimaises de la Galerie du studio, et cela jusqu’au 30 janvier 2024. Ce sont des créations oniriques réalisées à partir de l’intelligence artificielle. Un café très chic et agréable vous apportera une pause bienvenue pour boire un verre ou grignoter quelque chose.

Vous voulez votre portrait du Studio Harcourt ? Le « Portrait Prestige » (celui des stars) est à 1995 €. Par contre la visite du musée est gratuite. Une occasion à ne pas manquer pour aller humer l’air du mythe Harcourt.


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