Sorti en début d’année chez nous, « Godzilla Minus One » est clairement le Blockbuster à ne pas manquer du moment. Le réalisateur Takashi Yamazaki nous fait oublier les récentes visions américaines de la créature et nous offre une œuvre à la fois audacieuse, spectaculaire et intelligente, il nous prouve que Godzilla est bel et bien japonais.

Godzilla, une créature vieille de 70 ans

« Godzilla » est l’une des franchises les plus longues de l’histoire du cinéma, avec presque quarante longs métrages. Le célèbre monstre existe depuis 1954, le premier film avait pour but de montrer l’étendue des dégâts et les conséquences des explosions des bombes de Hiroshima et Nagazaki.

Godzilla est de retour, et il n’est pas content © Tōhō Studios

En effet, l’apparition de la créature est directement liée à celles-ci. On peut considérer Godzilla comme une sorte de représentation du traumatisme de la bombe atomique pour les japonais.

Il est intéressant de constater que ce monstre, initialement créé en réponse à une terrible tragédie vécue par le Japon, est devenu l’une des figures les plus emblématiques de tout le cinéma du pays.

En sept décennies d’existence, il est évident que le lézard géant a fortement évolué au fil des œuvres dans lequel il est apparu, pour le meilleur et parfois pour le pire. On l’a vu affronter des homards géants, des robots, des dragons ou encore King Kong…

L’acteur Ryūnosuke Kamiki © Tōhō Studios

Il y a également eu une période où Godzilla était devenu un gentil lézard, ami des enfants. On était donc complètement à l’opposé du discours sombre du long métrage de 1954.

On a pu voir aussi les multiples réadaptations américaines de la créature avec notamment les récents films du « Monster verse ».

Ce « Godzilla Minus One » se veut être un retour aux sources, il revient là où tout a commencé, car son action se déroule juste après la fin de la deuxième guerre mondiale.

Godzilla en eaux troubles © Tōhō Studios

Une très belle écriture de personnages

L’une des raisons qui font de cette œuvre une grande réussite est le grand soin qui a été mis dans le développement des personnages et de l’intrigue. Le film ne reproduit pas l’erreur commise dans beaucoup de précédents longs métrages mettant en scène Godzilla, celle de se concentrer sur l’aspect spectaculaire et de mettre le reste de côté. Cela a amené par le passé à des films impressionnants lorsque le monstre apparaît, mais ennuyeux lorsqu’on suit les protagonistes, car ils n’ont pas été développés.

Quand Godzilla fâché, lui toujours faire ainsi © Tōhō Studios

Je pense aux films du « Monster Verse » et particulièrement au récent « Godzilla vs Kong » qui est visuellement magnifique, mais qui possède un scénario totalement indigent et des personnages inintéressants.

Ici, dans « Godzilla Minus One», on a enfin des protagonistes forts, marquants et très bien écrits.

Je ne vous en dévoile pas trop pour ne pas vous gâcher la découverte, mais on va suivre Kōichi Shikishima, un pilote kamikaze qui, par peur, a décidé d’abandonner sa mission qui est de mourir pour sa patrie. Il est rongé par le déshonneur et il est considéré par un lâche par ses congénères. Il n’aurait pas dû survivre à cette guerre.

L’apparition de Godzilla va être un moyen pour lui de se racheter, en affrontant la créature. Ce personnage est à la fois très fort mais aussi imparfait et torturé. On s’identifie à lui, car il est très humain.

Il a l’impression d’avoir tout le poids de la défaite de son pays sur ses épaules, car il n’a pas accompli son devoir. Il va devenir obsédé par le fait de vaincre Godzilla pour enfin ne plus avoir honte.

L’actrice Minami Hamabe © Tōhō Studios

Le scénario est également une franche réussite, le discours livré par l’œuvre est évidemment toujours centré sur le traumatisme de la guerre, mais ce qui est passionnant, c’est qu’il y a une évolution dans la manière de représenter cette thématique, car nous sommes 70 années après le film original, il s’agit de la vision de ce traumatisme par le Japon de 2024.

Visuellement époustouflant 

Godzilla est bien sûr très impressionnant, le film n’oublie pas de nous offrir des scènes très spectaculaires, les séquences d’attaques de la créature sont très puissantes et nous en mettent plein la vue. Le lézard géant est également somptueux et superbement réalisé, c’est difficile de croire que le long métrage a coûté moins de 15 millions de dollars tant il est visuellement bien plus réussi que beaucoup de blockbusters actuels.

Bande-annonce en japonais sous-titrée français :


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