L’intitulé de l’exposition Woman Before Fashion , La Femme Avant La Mode capture à merveille la personnalité de cette icône de la mode née à Bruxelles en 1946 qui s’est fait un nom à New-York en inventant la robe portefeuille symbole de la Libération des Femmes en 1970. Cette année, on fête le 50ème anniversaire de cette création.  

Ce n’est certainement pas un hasard si Le Musée De La Dentelle montre l’ensemble du travail de Haute couture de l’Artiste qui a recherché elle-même une intime et unique manière de dévoiler le parcours de l’existence hors du commun « de la petite exilée Belge » célébrée Citoyenne d’Honneur de la ville de Bruxelles depuis 2018. Il s’agit d’une étroite collaboration où la volonté est de refléter le  thème de la mode avec au centre la Femme, source éternelle d’inspiration pour Diane Von Fürstenberg.  

Le premier chapitre

©Sandra Treacy

Il s’ouvre sur une vision synoptique de la vie personnelle et professionnelle de l’artiste illustrée par des photographies et annotations écrites de sa main des moments marquants de son existence et parcours professionnel de 1946 année de sa naissance à 2021. 

Il examine l’aspect de création sobre attaché à la fabrication de la robe portefeuille, dévoile les différentes sortes d’imprimés en la plaçant dans l’histoire de la Mode.

Le « portefeuille » consiste en deux pans qui se croisent l’un sur l’autre afin de souligner la plastique de la Femme et notamment ses hanches. La Robe jersey fabriquée en coton ou soie-synthétique est extensible et super confortable. On pourrait penser qu’elle «embrasse » les courbes et ferait ressortir les défauts mais en fait, elle « épouse » les formes et les flatte quelle que soit la morphologie.    

Dans l’histoire de ce vêtement, l’archétype est un « principe antérieur en perfection aux choses, aux êtres qui en dérivent » et plus communément un « modèle ». C’est une idée faisant universellement autorité. La Robe Portefeuille en jersey imprimée est devenue un archétype de la mode connecté à d’autres archétypes de l’histoire traditionnelle du costume en Occident et Extrême–Orient : le drapé Grec antique, le Kimono et l’uniforme. Les variantes façon Robe Portefeuille sont inspirées à la manière de Elsa Schiaparelli (créatrice de mode italienne des années 30), de Charles James (grand couturier-sculpteur anglais des années 30) et de Claire McCardell en 1942 (créatrice de mode américaine à l’origine du Prêt-à-porter) dont les productions demeurèrent confidentielles. 

Si l’origine de la Robe Jersey date du début des années 70 en Italie, c’est aux Etats-Unis que Diane Von Fürstenberg a vendu pour la première fois un haut cache-cœur porté avec une jupe et qui deviendra une robe en 1973. Depuis lors, tout en conservant son essence, le modèle est devenu le support de variations formelles et visuelles, décennie après décennie.  

Le deuxième chapitre

Diane von Furstenberg. Woman Before Fashion©E. Laurent

Cette section se focalise sur les inspirations ainsi que le rôle des myriades d’imprimés et des coloris dans la relation à l’Art, la Nature, la Liberté.

Les histoires de Diane Fürstenberg sont plurielles et foisonnantes. Elles se racontent à travers ces trois inspirations centrales tout au long de sa carrière.

 « l’Art s’empare de l’émotion. Modeler conduit à la Beauté »

L’art et les artistes sont une source d’inspiration plurielle pour Diane Von Fürstenberg dans la vie comme dans ses créations. Cette inspiration est liée aux goûts de la désigneuse et à ses amitiés. Elle donne lieu à des collaborations inédites, à des réinterprétations personnelles des œuvres originelles, sans les dénaturer, ainsi qu’à des créations ex-nihilo. 

Diane von Furstenberg. Woman Before Fashion©E.Laurent

« La Nature s’apparente aux Femmes, elle est source de vie, d’énergie et de beauté »

La nature est une source d’inspiration centrale pour Diane Von Fürstenberg. Amoureuse de la vie en plein air, elle effectue des prises de vues lors de ses randonnées ou de ses voyages. Chaque élément qu’elle rencontre donne une impulsion nouvelle à sa créativité. Afin de souligner le caractère continu de cette inspiration, les silhouettes sont articulées en « conversations » et présentent alternativement des motifs des années 1970, 2000 ou actuels.

« La Liberté est Tout »

À la manière de Gabrielle Chanel qui libéra la femme du carcan des corps enserrés à l’intérieur de corsets en inventant des vêtements amples et confortables, Diane Von Fürstenberg appartient également à cette longue lignée de femmes créatrices de mode qui affranchissent et exaltent le corps des femmes. Contrairement à leurs homologues masculins dont l’objectif se borne à « costumer » la silhouette féminine, son désir est bien de procurer confort physique et psychologique dans l’aisance des mouvements en adéquation aux multiples activités quotidiennes, tant par le choix des matières, que des coupes et des esthétiques.

Le troisième chapitre

Un nouveau regard qui révèle l’expérience de Diane avec le Rêve Américain en examinant ce qui a fait son succès ainsi que les circonstances de son arrivée à New-York.

 « J’ai vécu le Rêve Américain grâce à la Robe Portefeuille »

Celle qui a toujours affectionné la dentelle et qui a également une prédilection pour les perles et la soie tire son savoir-faire d’un travail acharné qui tient de l’orfèvrerie. Elle a débuté comme « petites mains » à l’intérieur des ateliers avant de devenir la créatrice mondialement connue et adulée.  

La liberté est une inspiration essentielle, non seulement pour la vie mais aussi pour la marque de Diane Von Fürstenberg. Matérialisée par le sac-« sa petite valise »-qu’elle transporte partout avec elle, la liberté se lit au fil de la vie de la désigneuse. De manière plus symbolique, Diane Von Fürstenberg est associée à la figure de la Statue de la Liberté, dont elle devient marraine en 2019. 

   

À peine installée à New-York en 1970, Diane Von Fürstenberg rencontre le cercle très fermé de la Haute Couture new- yorkaise grâce à son époux le prince Edward Egon von Fürstenberg. Elle débute sa carrière dans la mode, convaincue qu’un manque existe sur le marché. Elle comble un vide avec un vestiaire fondé sur « la petite robe ».

Rapidement après la création de sa marque, en 1972, le succès est au rendez-vous : des millions de robes se vendent, les commandes se succèdent. La désigneuse devient l’emblème du Rêve Américain dans le monde de la mode.  

Le chapitre ultime 

WeAr(e)Able stories, est un jeu de mots inspiré de l’anglais « histoires portables » (Wearable stories) et « nous sommes capables » (We Are Able).

Il éclaire le visiteur sur les motivations de philanthrope de Diane Von Fürstenberg afin d’encourager les Femmes. Il permet d’incarner le pouvoir donné par Diane Fürstenberg aux Femmes, d’abord par sa marque, puis par son engagement. Elle considère en ce sens la Femme avant la mode.

Diane Von Fürstenberg pense le vêtement à partir de ses propres problématiques (confort, séduction, confiance en soi). Elle le conçoit sur le corps de la Femme ainsi que sur le sien, en procédant à des essayages successifs. En vendant ses collections, la désigneuse partage avec les clientes ses réflexions pratiques et leur donne confiance en elles. Fait rare dans le monde de la mode, Diane Von Fürstenberg  met un point d’honneur à rencontrer  les femmes afin d’écouter leurs histoires et leurs besoins.


N’hésitez surtout pas à vous rendre à l’exposition Diane Von Fürstenberg ouverte au public depuis le 21 avril 2023 et ce jusqu’au 7 janvier 2024. Une inspiration cette Femme ! Je suis moi-même une fan inconditionnelle. La preuve…