Le mot « festival » étymologiquement emprunté à l’ancien français signifie « de fête ; joyeux ; solennel » : 3 mots qui siéent à merveille au Festival La 1ère.

Faire escale à Marseille

Ce n’est pas un hasard si Marseille a été choisie pour accueillir cette première édition du « Festival La 1ère » du 30 mai au 2 juin prochains. Marseille, ville portuaire ouverte sur la mer. Marseille, la foisonnante, la bigarrée, la multiculturelle. Marseille et sa Friche Belle de Mai qui réside dans le quartier le plus créatif de la cité phocéenne. Si le festival a élu domicile dans ce haut-lieu culturel, c’est pour s’en accaparer totalement, c’est pendant 4 jours, scénographier l’espace, se saisir de ses salles de spectacles, de ses murs pour y graffer des fresques inédites, de son toit terrasse pour y donner des concerts, des cuisines du restaurant « les grandes tables » pour que s’exercent les talents de chefs et cheffes ultra-marins… Voilà le mot est dit : « Ultra-marin ».

Emma di Orio, Flower Power Inspiration © Festival La 1ère

Organisée par France Télévision 1ère, la chaîne dédiée aux régions d’Outre-Mer (la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, la Réunion, Mayotte, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon, les Terres australes et antarctiques françaises et les îles de Wallis-et-Futuna) fait la part belle à l’Art ultra-marin, qu’il soit littéraire, musical, cinématographique, théâtral, poétique, pictural…

Pictural ? Oui, car le festival s’inscrit dans la continuité des expositions « Aster Asterla » et « Des grains de poussières sur la mer » dans le cadre d’« Un champ d’îles » qui regorgent, depuis le 3 février dernier, d’œuvres de peinture certes, mais aussi nombre de sculptures et installations produites par des artistes Caraïbéens mais aussi réunionnais. Deux expositions sous le signe de l’histoire, du patrimoine, de l’identité, du corps social et politique. Deux expositions entre revendications et nature… Entre ici et là-bas…

Sisley Loubet © Festival La 1ère

Fragments d’art contemporain – un avant-goût du Festival la 1ère

A titre d’exemple, au 3ème, 4ème et 5ème étage de la Friche Belle de Mai, place est donnée à l’éco-féminisme dans les travaux « Flower, Power, Inspiration, Transformation » de Emma DI ORIO ou « Triko’d’po’d’ravine »de Florans Féliks, à la lutte contre le racisme et pour le féminisme dans un tapis mendiant de Prudence TETU qui réunit les slogans et logos de mouvements de luttes féministes et anti colonialistes des années 1960 à aujourd’hui.

Brandon Gercara, artiste non-binaire, Zoréole (autrement dit qui a une mère zorey – métropolitaine- et un père créole) défend, quant à lui, les valeurs queer post-colonialisme notamment au travers de son film « Le playback de la pensée kwir ».

Dans une perspective sociétale et politique et engagée, Morgan Vache, par la photographie  rend visibles celles et ceux qui vivent à l’écart, par tradition, par choix ou par contrainte.

Stéphanie Brossard, Sold Out © Festival La 1ère

Côté nature et toujours avec le medium photographique, focus sur les œuvres teintées d’humour de Kako et Kenkle qui ont décidé de cultiver et déplanter la canne, travailler le sol, penser le potager, créer une alliance des cultures, planter des arbres avec la merveilleuse idée de planter pour l’avenir et faire advenir un morceau de forêt primaire.

A son arrivée en France, Stéphanie Brossard, quant à elle, puise dans sa mémoire pour retrouver l’île de la Réunion. « Au creux d’une pensée de la créolisation, l’artiste prend à bras le corps la dimension minérale de l’île (les galets, les sables) pour faire surgir des souvenirs, des sensations, une poésie instable et fragile. Les sculptures regorgent ainsi de récits personnels et collectifs auxquels s’hybride une conscience décoloniale et écologique ».

Le travail de Louisa Marajo propose la cartographie d’une identité personnelle qui n’est ni complétement enfermée dans sa Martinique natale ni pleinement installée dans son nouveau foyer européen, mais évolue quelque part entre les deux. L’artiste signifie cette démarche par une esthétique de la catastrophe ou de l’apocalypse, qui laisse place à la rêverie et à la réinvention.

Jean-François Boclé, Sans Titre, série Caribbean Hurricane © Festival La 1ère

Et puis indiscutablement il nous faut évoquer la diaspora africaine au travers de l’œuvre de Jean-François Boclé « Caribbean Hurricane » dont les trois ventilateurs soufflent des sacs en plastiques recyclés, rouges, noirs et vert, couleurs du drapeau panafricain.

Très loin d’être exhaustive la mise en avant de ces quelques œuvres explore les principales thématiques qui traversent « Un champ d’îles » et illustre les valeurs du Festival par la convergence, l’hommage aux traditions avec la mise en perspective d’une nouvelle ère…

Qui mieux que Sylvie Gengoul, directrice du pôle Outre-mer de France Télévisions, pouvait exprimer la philosophie du festival ?

« Qui mieux que nous, des quatre coins du monde, avec nos histoires marquantes, à la fois plurielles et singulières, notre façon à nous d’être créoles, universels, résilients, avec nos mémoires vivaces et un présent vivant ?

Sylvie Gengoul, directrice du pôle Outre-mer de France Télévisions © Festival La 1ère

Qui mieux que nous pouvait entreprendre de faire dialoguer de façon fructueuse toutes ces France ? Pour faire apparaître les vrais contours d’un pays, à la porte de tous les mondes.

Et, à la confluence de tous ces océans, émerge un festival qui se laisse porter lors de sa première escale marseillaise par des flux musicaux, littéraires, des débats puissants, de vers en vers, d’acte en acte, de déclamation en déambulation, de performances en tout genre, culinaires ou acrobatiques, de contemplation en conscientisation…

Au cœur de ce festival donc : LA RENCONTRE et ses désirs de convergence… de connaissance… et de création.

La Friche © Festival La 1ère

Un chemin empreint d’humanité, avec trois dimensions :

• Intellectuelle – l’esprit du Festival est d’emblée porté par la rencontre de deux géants de la littérature, par une forme de pensée du Sud :

Patrick Chamoiseau, prix Goncourt 1992 avec Texaco, et Achille Mbembe, prix Holberg 2024, réunis autour de la pensée de l’immense poète et philosophe martiniquais Édouard Glissant.

• Artistique – avec une proposition vectrice de la diversité culturelle qu’appelle le mieux-vivre ensemble.

Des graffs, des sons, des projections visuelles et audio qui racontent de grandes figures, des saveurs et des savoir-faire de chefs de renom, de chez nous ou d’ici, qui font patte commune pour livrer les secrets de fabrication des identités plurielles, des fragments de textes mis en scène qui recollent les morceaux d’une histoire antiraciste portant le sceau du black label, des pigments de couleurs sur la peau, des performances pour la beauté du spectacle, de la danse pour exercer le corps aux jeux de l’esprit.

• Et humaine – par les chemins d’une traversée musicale inédite à travers les âges où chacun récolte ici et là des idées, des valeurs, des apports dans un champ de mai fertile et couvert d’îles pour l’occasion…

Moment de fraternité avec Mayotte pour célébrer les actions de l’association Wenka qui œuvre en faveur de ceux qui sont éloignés de l’emploi. Les seules recettes du festival seront reversées à cette association du quartier de Kawéni.

Kako et Stéphane Kenklé, La Cour Madame Henry © Festival La 1ère

Un festival itinérant, une fête du partage, avec son voisin d’accueil d’un jour, ou deux, trois, mais beaucoup plus encore…

La tenace conviction de la nécessité de faire commun et la force de la dimension culturelle portée par notre média dans tout projet de territoire dessinent et fortifient la ligne éditoriale de ce Festival La 1ère.

C’est un peu comme si la visibilité du Pacte de 2019 entrait dans sa phase active : l’audio, le visuel et le vécu se côtoient désormais pour toucher au cœur la réalité des uns et des autres. Chaque impression peut être ancrée, revue ou revisitée par des apports jusque-là méconnus. Les nœuds du dialogue se dénouent.

© Festival La 1ère

Puisse cette première édition se placer dans le sillage de Maryse Condé, qui nous invite à apprendre à vivre ensemble. »

Si le festival, tout en beauté de cœur et d’esprit, promet de réjouir nos 5 sens, ne manquez pas le spectacle de clôture de la danseuse et chorégraphe Sisley Loubet. Grâce à une scénographie métissée de son et lumière, portée par trois générations de danseurs, le spectateur revisitera « l’histoire de la musique, de la tradition aux bâtisseurs, en passant par les nouvelles générations ». Autre figure de ce festival : Joey Starr qui défend les valeurs du black Label, sans compter tous les artistes de haut vol à découvrir dans le programme de France Télévision


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