Chapelle Saint-Gabriel de Tarascon: la Lumière de l’archange Gabriel
La chapelle Saint Gabriel de Tarascon est un haut lieu de la spiritualité du Moyen-Âge et un des plus beaux exemples de l’Art Roman provençal. Chef d’œuvre des Templiers, elle cache aussi bien des secrets liés à la lumière.
Microcosme, Macrocosme
Toutes les photographies qui illustrent cet article sont de © Karoline Amaury
À la source de la Lumière
À L’ORIGINE, UNE OBSCURITÉ FÉCONDE… « Au commencement… les ténèbres couvraient l’abime, alors que la terre était informe et vide » (Gn 1, 1-2). Dans ce nocturne chaotique du récit de la Genèse, quelque chose semble déjà à l’œuvre à travers le vent de Dieu tournoyant sur les eaux. L’obscurité est féconde ! Pour que cette fécondité en puissance devienne effective, il est indispensable qu’intervienne une séparation, qu’advienne une altérité ouvrant ainsi au dialogue.
© photo Karoline Amaury
Cette séparation naît de la Parole divine. ELLE EST PUISSANCE DE VIE, CRÉATION NOUVELLE. Saint Jean ouvre son évangile par le même acte de foi que l’auteur du livre de la Genèse: « AU COMMENCEMENT ÉTAIT LE VERBE » (Jean 1, 1). « LE VERBE ÉTAIT LA VRAIE LUMIÈRE, QUI ÉCLAIRE TOUT HOMME VENANT DANS LE MONDE » (Jean 1, 9).
La Matrice Cosmique
Chaque jour de l’année, quand le soleil est à mi-chemin entre son zénith et son crépuscule, entre la 8e et la 9ème heure de son jour, la lumière du soleil pénètre l’espace de la basilique par l’oculus situé en hauteur de la paroi occidental de celle-ci. Les jours solaires ont une durée qui varie tout au long de l’année due à l’inclinaison de l’écliptique sur l’équateur. Quand la journée est divisée en 12 heures du jour = 12 heures de la nuit, ce sont les équinoxes. Nous avons alors une heure équinoxiale correspondant à la 24è partie d’un jour.
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L’Équinoxe de printemps est autour du 25 mars, soit le jour de la fête de Saint Gabrihel et l’Annonciation faite à Marie. L’équinoxe d’automne est autour du 21 septembre, et le 29 septembre est le jour de fête des archanges Michael, Gabrihel, Raphaël, et aussi le moment de la conception de Saint Jean le Baptiste par Elisabeth et Zacharie. Le jour du Solstice d’Hiver le soleil va parcourir l’espace intérieur, et ce pendant 7 minutes. Il s’éteindra sur un triangle Diophantin situé en haut du mur Nord. Le jour du Solstice d’Été le soleil va parcourir l’espace intérieur pendant 7 heures pour se coucher sur le mur Sud.
Le 6 Août, Fête de la Transfiguration du Christ © photo Karoline Amaury
Des Ténèbres à la Lumière
Dieu dit : « Que la lumière soit, et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière des ténèbres. Dieu appela la lumière « JOUR », il appela les ténèbres « NUIT ». Il y eut un soir, il y eut un matin : premier jour » (Genèse 3-5). De cette séparation émergent deux domaines fort distincts et inséparables, interdépendants : LA LUMIÈRE ET LES TÉNÈBRES, LE JOUR ET LA NUIT.
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Les cycles liturgiques
LA LUMIÈRE est un acteur privilégié des liturgies qui y sont célébrées. La lumière est une réalité qui parcourt toute la Bible et accompagne chaque célébration. Cycle, du grec kuklos : « cercle ». Ce qui domine les grandes religions et les grandes philosophies, c’est la conception cyclique du retour à un âge d’or primordial dont nous sépare toute une série de dégradations. Les cycles liturgiques, greffés sur les cycles cosmiques, permettent d’échapper aux cycles de la fatalité et, par les rites convenables, rendent contemporain du Temps primordial. Dans cette conception, descente et remontée sont successives.
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L’histoire n’est pas l’engrenage impersonnel et inéluctable de forces aveugles, mais la succession dans le temps d’actes libres, posés par des personnes. Dieu, pour nous atteindre, agit dans l’histoire, et nous-mêmes, répondant à ses initiatives, réagissons, dans le temps, à ses avances. L’histoire du salut n’est pas cyclique, mais linéaire : la descente de Dieu vers nous et notre ascension vers Lui ne sont pas successives, mais concomitantes et coordonnées ; il s’agit d’une rencontre, d’une Alliance.
Dans le christianisme, les cycles liturgiques existent. Ils suivent les cycles cosmiques : le cycle quotidien, qui voit se succéder les Heures canoniales, a son centre dans la messe ; le cycle hebdomadaire part du dimanche et revient au dimanche ; le cycle annuel déroule toute l’histoire du Salut, de manière plus détaillée, d’un Avent à l’autre (voir Année liturgique). A la vérité, c’est le même Mystère pascal que célèbrent ces divers cycles : ce sont des cercles concentriques qui, ayant un rayon plus ou moins grand, répondent au besoin humain de rythmes démultipliés.
Le 3 novembre 2010 ( Toussaint, lendemain de la Fête des Morts), glyphes du triangle sacré et de l’oeuf. Sans passer sur le triangle, les rayons viennent illuminer l’œuf, il est 16h44, ( Osiris/Orion) © photo Karoline Amaury
Naître c’est voir le jour
On transite toute sa vie, passant du jour à la nuit, de la lumière solaire à la pénombre nocturne, du rythme annuel de l’été lumineux à l’hiver assombri, de la vitalité de la jeunesse aux différents âges de la vie… jusqu’à l’ultime passage, l’ultime Pâques.
Autour du Solstice d’Hiver, L’œuf et le triangle Diophantin 20/21/29 © photo Karoline Amaury
L’archange Saint-Gabrihel, le Messager
Parole et Lumière divines sont, dès l’origine, une et indivises. Elles sont même Source. La figure de l’archange Gabriel, le messager céleste, est présente dans le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam (Djibril) Son Nom signifie « Force de Dieu ».
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La chapelle templière Saint-Gabrihel de Tarascon
La chapelle romane du XIIe siècle est construit par l’Ordre des Templiers sur un ancien lieu de culte Mithraïque, situé dans les Alpilles sur la commune de Tarascon (Var). Il y avait précédemment en ce lieu un important carrefour commercial romain, la cité antique d’Ernaginum, son nom fût donné par Claude Ptolémée au IIe siècle. Ernaginum constitua un relais routier majeur tout au long de l’Antiquité car la citée se situe à l’intersection de trois voies anciennes : la Voie Domitienne, la Voie Aurélienne et la Via Agrippa.
Le 1er novembre © photo Karoline Amaury
Cette chapelle du XIIe siècle constitue un des plus beaux exemples d’art roman provençal inspiré de l’Antiquité. En 1030, Saint-Gabriel est mentionné dans une charte de l’abbaye Saint-Victor de Marseille. La chapelle Saint-Gabriel de Tarascon, qui est propriété de la commune, fait partie de la première liste de monuments historiques français de 1840, qui compte 1034 monuments. C’est Prosper Mérimée, alors Inspecteur général des Monuments Historiques, qui la proposa au classement en même temps que le cloître Saint- Trophime d’Arles.
Le soir du solstice d’été, vers la fin de la 7e heure, la lumière du soleil couchant en forme d’œuf se retrouve sur une forme géométrique © photo Karoline Amaury
Le fronton
Nous pouvons lire sur le fronton du premier portail : Le prophète Daniel à qui Gabriel annonce la venue du Messie. La scène de Daniel dans la fosse aux lions, jeté aux fauves car il adorait son Dieu plutôt que son roi. A droite, Adam et Ève autour de l’Arbre de la Connaissance du bien et du mal entouré du Serpent, symbole de dualité…
Détail du fronton © photo Karoline Amaury
Le fronton triangulaire du deuxième portail intègre un bas-relief sculpté représentant dans un décor formé de trois arcades, à gauche et au centre, l’Annonciation faite à Marie et à droite la Visitation de Marie à Elisabeth enceinte de son fils, Saint Jean le Baptiste qui naîtra 3 mois plus tard, le 21-23 juin. L’Agneau Pascal surmonte le fronton triangulaire. L’Oculus est entouré du Tétramorphe (croisé gauche- droite) constitué des symboles des quatre évangélistes : En haut l’aigle de Saint Jean, en bas l’ange de Saint Matthieu, à gauche le lion de Saint Marc et à droite, le taureau de Saint Luc.
L’oculus et le Tétramorphe © photo Karoline Amaury
La vision d’Ézéchiel et les Quatre Vivants de l’Apocalypse
L’équateur est ceinturé par les des douze constellations appelées le Zodiaque animateur ou VIVANT. La constellation du Taureau est en opposition avec la constellation de la Balance et le Lion en opposition avec le Verseau. L’attribution des quatre symboles des évangélistes semble trouver son origine dans la mythologie grecque et dans l’association des deux axes du Zodiaque : L’axe Génésique (Lion-Verseau) et l’axe Sexuel (Taureau-Scorpion). Le Verseau, seul personnage à visage humain se retrouve chez Matthieu, le Lion chez Marc, le Taureau chez Luc et le Scorpion (qui sera remplacé par l’Aigle par le Canon de l’Église de Rome) pour Jean.
La Chapelle Saint-Gabriel © photo Karoline Amaury
Cette représentation est inspirée par la description des quatre vivants de l’Apocalypse selon Saint Jean (Ap 4,7),qui est inspiré par la vision d’Ézéchiel: « Le premier Vivant ressemble à un lion, le deuxième Vivant ressemble à un jeune taureau, le troisième Vivant a comme un visage d’homme, le quatrième Vivant ressemble à un aigle en plein vol ».
Saint Jean l’Évangéliste
L’Évangile de Saint Jean, nous éclaire sur son attention et son but. « Le temps vient, et il est déjà venu, que les vrais adorateurs adoreront le Père, en esprit et en vérité. Car le Père demande de tels adorateurs. Dieu est esprit et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité. » Ce sont les paroles de Jésus à la Samaritaine. Aucune sagesse ne peut contredire cette parole, parce qu’elle est universelle. Cette parole de sagesse peut apporter la paix à tous les hommes qui la cherchent, en esprit et en vérité.
Une merveille de l’art roman provençal © photo Karoline Amaury
Tout homme sincère, ayant en son cœur la volonté de lumière, doit écouter cet appel en lui-même, pour ne plus chercher, en vain, la lumière. Une vérité unique est à la base de toutes les religions. La révélation de cette unité devrait être un élément de paix et non de division. Seuls peuvent redouter cette clarification, ceux qui voudraient obscurcir l’enseignement primitif, pour légitimer leur emprise sur la conscience et l’intelligence des hommes. Le but étant donc d’adorer en esprit et en vérité, Saint Jean l’évangéliste nous mène sur le chemin intérieur de la culture de notre propre conscience, chemin qui, peu à peu, s’éclaire, pour se fondre, enfin, dans le chemin de lumière.
L’Ordre du Temple, l’Ordre du Christ-Roi, le rapport de l’invisible et de l’occulte
Lumière éternelle. Les Templiers ont construit la chapelle sur un site consacré à Mithra et lui ont donné le nom de St Gabrihel. Le sceau des Templiers montre 2 chevaliers sur la même monture. AGNUS DEI : En héraldique, un agneau de Dieu (ou agneau pascal, ou agnus Dei) est un agneau marchant, une patte levée, coiffé d’un halo, avec en arrière-plan une crosse surmontée de la croix de Saint Georges.
© photo Karoline Amaury
Méditer sur la Lumière
Chaque sens perçoit un état particulier de vibrations matérielles et les transpose dans son expérience personnelle. Toutes les architectures sacrées sont construites pour dialoguer avec la Lumière. Ils sont construits sur un lieu précis, à un moment précis et leur axe principal est dirigé vers une étoile particulière et spécifique à chaque lieu, sa mesure ou coudée propre sera mesurée à partir d’un bâton de 1 mètre et l’ombre du soleil projetée sur le sol. Soleil au solstice d’été ou un jour particulier de l’année.
© photo Karoline Amaury
Equinoxe de Printemps. Le soleil monte le long de l’arcade de l’abside, et en son milieu exactement (equi-noxe), il arrête sa course sur l’arcade et commence à monter sur le mur Est. A 22h02 il disparaît, « absorbé » par la pierre.
© photo Karoline Amaury
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