Café Palace au lac de Côme : « la Villa d’Este »
Vous n’avez pas des centaines, voire des milliers d’euros, à dépenser pour une seule nuit dans un palace historique et mythique ? Mais peut-être avez-vous de quoi vous offrir un café ? Bienvenue au palace « La Villa d’Este », à Cernobbio, sur les bords du lac de Côme.
Et moi, qui comme un bienheureux, pensait benoîtement débarquer à la Villa d’Este sans réservation. Sachant que l’endroit est cher, et que nous étions au creux de l’été, il me semblait possible de trouver une table pour dîner. Innocent, que j’étais ! Tout est réservé longtemps à l’avance, et les clients se bousculent (façon de parler bien sûr, tout le monde se tient bien, avec élégance), arrivant dans de splendides voitures, ou en Riva, par le lac. Obtenir une place pour un café est déjà une gageure.

Un lieu préservé où tout est tranquille © photo Grégoire Tolstoï
Car l’endroit est mythique. Ancien couvent du Moyen-Âge, le lieu est transformé à la Renaissance en villa de luxe, et sa vocation est la même depuis 1568 : accueillir les grands de ce monde dans un cadre enchanteur de calme, luxe et volupté. Une tradition qui se perpétue jusqu’à nos jours. Je vous épargnerai la liste fastidieuse des personnalités qui sont descendues en ces augustes murs ; qu’il vous suffise de savoir que Grégoire Tolstoï y était, c’est tout dire. Et sachez qu’il est tombé, comme tous avant lui, sous le charme discret et aristocratique de la perle du lac de Côme, un lieu rare et bien gardé dès l’entrée de la propriété par un personnel stylé mais attentif.

Débarcadère de la Villa d’Este. La douceur de l’été italien au bord du lac de Côme © photo Grégoire Tolstoï
Car pour pénétrer dans cette succursale du Paradis, on doit montrer patte blanche. J’ai vu de potentiels clients en voiture de luxe se faire rejeter, poliment mais fermement. Avec le sourire des gardiens, peut-être intérieurement un peu narquois. Une fois les grilles de Saint Pierre passées, la Dolce Vita vous tend ses beaux bras légèrement hâlés, et vous sourit derrière ses lunettes de soleil surdimensionnées. La terrasse ensoleillée au bord du lac de Côme est splendide.

La Villa d’Este met des Rivas à votre disposition © Villa d’Este
Les vedettes (bateaux) déposent les vedettes (snobs, et autres) avec une grâce de cygne. On voudrait ne jamais repartir. Ceux qui ont la chance de loger à la Villa pourront continuer à contempler le lac et les montagnes environnantes. La Suisse est seulement à vingt minutes de voiture, j’irai y dormir. Et le lac de Lugano est pour moi plus beau que celui de Côme. Mais hélas, il n’y a pas sur son bord la chicissime Villa d’Este.

La Villa d’Este en gravure, à la fin du XVIIIe siècle © Villa d’Este
Pourquoi le nom « d’Este » ?
La villa fut la propriété de plusieurs familles italiennes, comme les Odescalchi, les Marliani, les Calderara, jusqu’à devenir en 1815 la propriété de la princesse Caroline de Brunswick, reine consort d’Angleterre et de Hanovre, épouse du roi Georges IV du Royaume-Uni, surnommé en son temps Le Premier Gentleman d’Angleterre.

Perspective dans le parc, pour une perspective plus agréable de la vie © Villa d’Este
Cette reine a des ancêtres issus de la fameuse famille d’Este, dont elle est très fière, et qui l’inspirent pour baptiser sa nouvelle acquisition. Illustre famille de la province de Padoue, qui régna notamment sur les duchés de Ferrare et de Modène, les d’Este sont une famille très emprunte des valeurs chevaleresques. Ne prétendaient-ils pas descendre des chevaliers de la Table Ronde ?

Un temple dans le parc de 25 hectares de la Villa d’Este © Villa d’Este
Cette prestigieuse lignée s’est éteinte en 1829 avec sa dernière représentante, la princesse Marie-Béatrice d’Este, duchesse de Massa et princesse de Carrare. La fin annoncée de sa famille aura-t-elle laissé la princesse de Carrare de marbre ? Sans doute pas, car elle a fait en sorte que la descendance qu’elle a eu avec l’archiduc Ferdinand d’Autriche relève ce nom historique. De nos jours l’histoire de cette famille se poursuit, par exemple avec le mariage de l’archiduc Lorenz d’Autriche-Este avec la princesse Astrid de Belgique.

A l’abri dans la fraîcheur de la villa, on voit le lac scintiller, tout proche © photo Grégoire Tolstoï
La Villa d’Este a été transformée en palace en 1873, et accueille chaque année un prestigieux concours d’élégance, ainsi que le Forum Ambrosetti, un sommet international. Un des premiers films d’Alfred Hitchcock, encore muet, y a été tourné en 1925 : Le Jardin des Plaisirs. Un nom qui lui va à merveille.
Visitez le site de la Villa d’Este (et pensez à réserver si vous voulez y aller).

Fin de journée dans le parc de la Villa d’Este © photo Grégoire Tolstoï
Une visite guidée avec l’accent italien, et français (ANGL) :
Château de Coppet, chez Madame de Staël