Imaginez que votre épouse disparaît subitement, vous êtes dévasté et vous désespérez de savoir ce qui lui est arrivé. Trois ans plus tard, un homme vient vers vous et vous révèle qu’il est le kidnappeur. Il vous propose de le suivre en voiture et vous promet de vous révéler ce qui est arrivé à votre femme. C’est une proposition à prendre ou à laisser. Seriez-vous prêt à accepter ?  C’est sur cette idée que se base « L’homme qui voulait savoir », thriller franco-néerlandais sorti en 1988.

Le thème du kidnapping n’est pas spécialement original, mais c’est la façon dont le film traite la psychologie de ses personnages qui est très intéressante et qui le fait se démarquer. La relation entre le mari et le kidnappeur est très forte et bien écrite.

On a d’abord cet homme totalement rongé par la disparition de sa femme, il ne parvient pas à passer à autre chose, il veut connaître la vérité et il est prêt à tout pour. Ensuite on a Raymond, le kidnappeur, un personnage vicieux et très intelligent, qui sait parfaitement comment manipuler et toucher le héros en jouant avec son désir de savoir.

Un face-à-face et un dos-à-dos inquiétant © Argos Films

Ce qui est terrifiant avec ce personnage c’est qu’il est comme tout le monde, derrière le psychopathe se cache un époux aimant et un père de famille. Il a également un travail stable, il est instituteur.

Il nous montre qu’il y a des monstres tout autour de nous. Le long métrage nous le présente directement, on sait qu’il est coupable, bien qu’on ne connaît pas encore ce qui est arrivé à la femme. Il est machiavélique, on le voit élaborer son plan étape par étape et c’est terrifiant. Ce qui fait peur, c’est qu’il a l’air de trouver ça normal, il est calme et serein alors qu’il est en train d’organiser l’enlèvement d’une jeune femme.

Raymond, psychopathe et sociopathe © Argos Films

Le film s’intéresse à sa psyché, il explique lui-même au héros le pourquoi de ses agissements, c’est un sociopathe. Sa seule raison de faire le mal est la curiosité, après avoir sauvé un enfant de la noyade, il voulait juste voir, après avoir réalisé une bonne action, ce que ça faisait de commettre la pire des atrocités. On se souvient de beaucoup de psychopathes mythiques du cinéma, comme Hannibal ou John Doe, et très peu de celui de ce film, pourtant il est très charismatique et surtout réaliste.

Il est interprété à la perfection par le comédien Bernard-Pierre Donnadieu, qui m’a vraiment bluffé dans son rôle. Les interactions entre lui et le héros sont fascinantes et très puissantes. Le mari va être confronté à un choix cornélien que je ne révèlerai pas…

© Argos Films

Bref « L’homme qui voulait savoir » est un thriller remarquable, tiré d’un roman de Tim Krabbé, très perturbant et écrit avec brio. Il est bien trop méconnu et c’est dommage. Le réalisateur George Sluizer a filmé son propre remake en 1993, une adaptation américaine que je n’ai pas vue, La Disparue, (The Vanishing, avec Sandra Bullock, Jeff Bridges et Kiefer Sutherland), mais qui dit-on ne parvient pas à égaler la force de l’original. Certains vont même jusqu’à l’appeler « le pire remake de tous les temps » ! L’original n’est pas évident à trouver mais si vous tombez dessus, je vous le conseille vivement !

Bande-annonce en Fr :


Qu’est-il arrivé à Baby Jane? un thriller de la grande période hollywoodienne.