Engagement : « Acte par lequel on s’engage à accomplir quelque chose ; promesse, convention ou contrat par lesquels on se lie ». Cette définition est celle du Larousse 2022, année fatidique au cœur de moult changements : guerre, crise économique, transition énergétique, renouvellement social et tant d’autres sujets délicats qu’il n’est nul besoin de nommer ici tant cette belle farandole rythme notre quotidien et tendrait presque à nous faire oublier les efforts fournis pour continuer d’avancer. Au vu des magnifiques productions sorties cette année, on peut sentir qu’en ce climat si riche en dynamite l’actualité du cinéma opte pour un engagement profond envers les causes les plus humaines.

« Frère et sœur » d’Arnaud Desplechin

« Frère et sœur » d’Arnaud Desplechin avec Melvil Poupaud et Marion Cotillard – Why not production

Dualité, complémentarité scénaristique et drame familial, une recette incontournable mais pas inaltérable. Remettons-nous dans le contexte, nous sommes désormais à une époque où la psychologie et la stabilité familiale et sociale sont des domaines suivis de très près. Les premiers sur la brèche ? La tranche 19-27 ans, les adultes en devenir donc, dotés désormais d’une immense liberté d’échange et d’expression.

Comme pour attester cette volonté de véritablement comprendre ses problèmes, le film met en scène une histoire dans laquelle un trouble irrésolu oppose un frère et une sœur depuis toujours. On parle bien de deux adultes, en l’occurrence Marion Cotillard et Benjamin Siksou, 46 et 35 ans respectivement, acteurs déjà mis à l’honneur dans des scénarios où la relation
humaine et son développement est dénudée et étudiée (La vie d’Adèle, Nous finirons ensemble, La môme...). On ne parle pas donc pas ici de film moralisateur, mais de mise en perspective individus/contexte où il est important, non pas de pointer bêtement un fautif du doigt, mais bien d’exposer le rôle de chaque protagoniste dans l’affaire et de montrer son évolution. En bien ou en mal, suspense, le film vous le dira !

« Novembre » de Cédric Jimenez

Jean Dujardin dans « NOVEMBRE » de Cédric Jimenez — Studio Canal

Tapons dans le dur avec un peu de thriller, genre littéraire et cinématographique en pleine expansion ces dernières années. On peut citer parmi les classiques Le chuchoteur, Mr. Mercedes, ou Shutter Island. Puis on peut citer Novembre, petit dernier d’un pays une nouvelle fois en pleine révolution et dont le peuple cherche plus que jamais la fameuse unité scandée par le slogan national, la France. Le film nous catapulte dans la fatidique nuit du 13 Novembre 2015. Nous suivrons Jean Dujardin, cette fois-ci grimé en enquêteur des forces de police parisienne et en charge de traquer tout complice de l’attentat. Ce film soulève un lièvre : est-il suffisant de vivre sur le même sol pour clamer être égaux en droits et légitimes en tant que tels ? Ou une plongée plus profonde est-elle nécessaire pour comprendre le chemin à parcourir afin d’y arriver ? Après tout, il nous faut bien la réponse si nous voulons prétendre à la légalité.

« Reste un peu » de Gad Elmaleh

Bien plus léger, mais pas moins réfléchi que les deux précédents, cette production de Gad Elmaleh traite d’un éternel adolescent, désormais quinquagénaire, revenu une nouvelle fois à Paris chez ses parents chrétiens. Les raisons du retour ? Une conversion au catholicisme. La problématique du film ? Deux en une : pourquoi cette décision, et quelles incidences aura-t-elle sur la famille, parents en tête ? Cette petite perle de douceur reflète bien plus que l’humour facile et les grands déjà-vu du cinéma familial. Il s’agit d’une plongée dans l’univers d’un individu en recherche de stabilité. Un point de vue à observer avec soin dans notre climat politique où la stabilité et la foi, que cette dernière soit tournée vers une religion, un concept, un principe ou tout simplement notre prochain, sont des denrées dures d’accès.

« Reste un peu » de Gad Elmaleh

Évolution individuelle et sociale, différences, choix individuels, monde (au sens large et personnel) en lutte, voilà les thématiques communes à ces films que tout tend à différencier.
Je me permets d’évoquer ici une expérience personnelle ; dans le monde de la création (mode, urbanisme, écriture, dessin…), plusieurs individus interviewés ces derniers mois m’ont indiqué que la fantaisie individuelle était un véritable catalogue des possibles. Comment nous souhaitons-nous vêtir, interagir, bâtir nos vies, coexister ? Dans l’entrée au cœur de ce 21ᵉ siècle, regarder des films est plus que jamais un moyen de modeler les goûts de demain.