À l’heure du streaming et des plateformes qui donnent accès à d’innombrables films en provenance du monde entier, nous nous sommes penchés sur la question de la réadaptation des classiques cinématographiques à la télévision. En effet, depuis quelques années nous assistons à la résurgence de chefs-d’œuvre du 7ème art sur nos écrans. Les cinéastes maintenant disparus, de nouveaux réalisateurs prennent le relais délaissant parfois l’essence même du film. Pour illustrer ces propos, nous nous sommes intéressés au film Rebecca d’Alfred Hitchcock.

Lorsque l’on pense au film Rebecca, oscarisé en 1941 dans la catégorie du Meilleur film, on pense immédiatement à la contribution du réalisateur et scénariste britannique Alfred Hitchcock. Né en 1899 et mort en 1980, “le maître du suspense” comme on le surnomme est considéré comme l’un des réalisateurs les plus influents du cinéma avec les monuments que sont les films Psychoses (1960), Sueurs Froides (1958) ou encore Fenêtre sur cour (1954). Des œuvres qui prouvent son talent et que l’on étudie encore sur les bancs des universités.

Rebecca, le livre avant les films

“Rebecca est un de ces romans qui hantent un esprit toute une vie” selon les propos d’Olivia Mauriac pour le journal Figaro Madame.

Comme bon nombre de cinéastes, Alfred Hitchcock s’est inspiré d’un livre pour réaliser son film. Œuvre de Daphné du Maurier, romancière, nouvelliste et dramaturge britannique née en 1907 et disparue en 1989, l’ouvrage connait un franc succès à sa parution avec pas moins de trente millions de lecteurs à travers le monde. La femme de lettres fait partie des romancières les plus lues de Grande Bretagne. Plusieurs de ses œuvres comme Les Oiseaux (1963), célèbre histoire d’épouvante reprise par le réalisateur, sont adaptées au cinéma avec réussite.

Amatrice du suspense psychologique et criminel, Daphné du Maurier fait de Rebecca une histoire aux airs gothiques. Celle d’un manoir du nom de Manderley qui serait hanté par la présence de son ancienne propriétaire décédée qui porterait le nom de Rebecca de Winter. Pour résumer, Maxim de Winter, le veuf de la disparue, rencontre lors d’un voyage à Monte Carle une jeune femme de compagnie qu’il décide d’épouser. Après les noces et la lune de miel, ce dernier l’emmène dans son manoir Manderley où elle devient la maîtresse de maison.

Mais c’est sans compter sur les obstacles que le personnel et l’entourage du couple représentent, incarnés principalement sous les traits de Madame Danvers, une gouvernante bien entreprenante et quelque peu étrange. S’en suivent de multiples péripéties qui s’articulent autour de la défunte Rebecca. Entre présence surnaturelle et tourment psychologique, l’histoire finit par atteindre un paroxysme inévitable.

Joan Fontaine et Judith Anderson dans la version de Hitchcock © Wikipedia Commons

Le roman qui profite aujourd’hui d’une nouvelle traduction en français est désigné par la journaliste Marine de Tilly pour le magazine Le Point comme retranscrivant “remarquablement les atmosphères nimbées de mystère et l’ambiguïté – si chère à Hitchcock – des personnages, qu’ils soient morts ou vifs.”

Rebecca : version 1940 vs version 2020

La liste serait bien trop exhaustive. Cependant, nous relevons quelques points significatifs dans le traitement des films. Tout d’abord, la version de 1940 dégage une atmosphère presque irréelle, possible grâce aux jeux de caméra qui rendent les scènes oppressantes à la limite (parfois) du supportable. Le fantasmagorique, l’ami du fantastique, est constamment présent et le spectateur oscille entre rêve et réalité. Excepté la jeune épouse, Madame de Winter, pour laquelle on a accès à son intériorité et à son caractère, les autres personnages principaux demeurent mystérieux comme environnés d’une ombre impénétrable jusqu’à ce que l’on en perce le secret.

La version de 2020 fait quant à elle appel au surnaturel à travers des messages oniriques et subliminaux. Les personnages sont moins subtils, et donc plus faciles à lire. La nouvelle Madame de Winter voit son personnage évoluer vers le féminisme. On lui attribue d’ailleurs un rôle audacieux qui converge vers l’époque actuelle.

Adapter les œuvres à l’air du temps ?

Nous n’en dirons pas plus sur les deux propositions de films pour les personnes qui ne les auraient pas vu. Nous explorons uniquement les grandes lignes à titre indicatif et comparatif. Toutefois, le constat général que nous ne pouvons taire est que la réadaptation des modèles cinématographiques se rapprochent des pensées et des visions de nos sociétés. Il n’est pas forcément question d’art mais de représentations. Les films doivent refléter notre imaginaire moderne.

Lily James et l’inquiétante Kristin Scott Thomas dans la version de 2020 © Netflix

Nous vous encourageons à regarder les deux versions si ce n’est pas déjà fait et à vous faire votre opinion personnelle. Entre classique et moderne, lequel choisir ?

Pour retrouver l’esprit de l’époque du film Rebecca (et l’actrice de Rebecca Lily James), bientôt Downton Abbey revient sur nos écrans !

Pour vous donner envie de voir le film Rebecca de Hitchcock :