Les habitants de Sugny vous invitent à revivre le célèbre procès de sorcellerie des Ardennes belge et française, ce dimanche 28 mai.

L’histoire de la reconstitution du procès 

En 1980, la commune de Vresse avait motivé les villages de leur entité, et leurs associations à célébrer le 150ème anniversaire de l’indépendance de la Belgique par des activités originales. C’est ainsi que la fidèle reproduction de la première locomotive construite en Belgique sous la direction de John Cockerill, « Le Belge » verra le jour et s’installera à deux pas du S.I de Vresse. Les habitants de Sugny ne seront pas en reste puisqu’ils eurent l’idée de reproduire l’un des plus grands procès en sorcellerie des Ardennes, qui se tint en leur village en 1657.

Le poète bouillonnais, Maurice Pirotte, avait déjà écrit le texte de la pièce, basé sur d’érudites recherches dans les archives d’époque. C’est Roland Titeux qui s’occupa de la mise en scène, avec succès, et la pièce se rejoua ainsi chaque année jusqu’en 1988. Mais le manque de participants interrompit une première fois la manifestation. En 2007, la perspective du 350ème anniversaire du sinistre procès relance l’idée, le Comité désireux de rejouer la pièce se remet à la tâche et la pièce se rejouera ainsi tous les deux ans jusqu’en 2015. Nouvelle interruption, mais les Ardennais sont du genre têtu, et une nouvelle programmation est prévue pour 2020, étouffée dans l’œuf par un vilain invité, Mr Covid.

Qu’à cela ne tienne, on prend les mêmes, et quelques nouveaux, et forts des succès précédents qui ont enchanté deux à trois milles personnes, on recommence.

C’est ainsi que c’est officiel, le célèbre procès des Sorcières de 1657 va revivre le dimanche 28 mai pour le plus grand bonheur de tous. La « Jeunesse » et le Syndicat d’initiative de Sugny ont retroussé leurs manches. La mise en scène de la pièce, quelque peu remaniée, est assurée cette année par Jacques Ravedovitz.

La sorcellerie en Ardenne

Les 16ème et 17ème siècles furent des temps sombres pour les Ardennes françaises et belges. La Réforme, la Contre-Réforme conduisirent aux guerres de religion, et à son cortège d’atrocités. De nombreux procès en sorcellerie se tinrent dans toute l’Europe, mais il est vrai que la région paya un lourd tribut à cette folie. Relativement peu peuplée, elle connut pourtant de nombreux bûchers, et l’un des plus importants fut sans aucun doute celui de Sugny en 1657.

Le procès de Sugny

L’affaire débuta par une série de morts inexpliquées dans le village, tant les humains que le bétail étaient touchés. Décès, maladies, inconforts de tous ordres, s’enchaînent à toute allure, l’angoisse montait et explosa brusquement en une hystérie collective qui connut un dénouement tragique.

Le village était alors dirigé par le Seigneur de la Bische, sombre personnage, aussi peu éclairé que ses administrés, taciturne et tourmenté par ses noires pensées, il ne brillait ni par son empathie, ni par son esprit. Sugny dépendait alors de la Cour souveraine de Bouillon. Épouvantés par leurs déconvenues diverses et les morts qui endeuillaient la commune, les villageois entendaient faire cesser leurs tourments et s’emparèrent de 4 femmes qu’ils jugeaient responsables de tout. Jeannette Petit (75 ans), Jeannette Huart (60 ans), Marson Huart (60 ans) et Jenne Pihart (45 ans). Chacune avait touché, soufflé, simplement regardé l’un des villageois qui connut ensuite un sort funeste. Quant à la pauvre dame Huart, pensez donc, sa mère et sa tante avaient déjà été brûlées comme sorcières, qu’attendre donc d’une telle engeance ?

Les interrogatoires furent menés par des échevins illettrés qui signèrent les actes d’une croix, leur greffier étant plus cultivés qu’eux-mêmes. Les pauvres femmes eurent beau protester de leur innocence, on trouva 40 témoins pour les avoir vus qui se rendre au sabbat à la Goutelle, qui copuler avec le diable, avoir touché le linge d’une autre victime, l’on s’enfonçait de jour en jour dans l’irrationnel et l’obscurantisme le plus total. Et comme elles s’obstinèrent à nier, les questions chaudes et froides leur sont appliquées. Je vous laisse imaginer leurs tourments, les aveux suivirent, la peine aussi.

Au matin du 27 mars, trois des condamnées furent menées au bûcher, la dame Pihart ayant pu disparaître, à temps, avec l’aide dont on ne sait qui. Ses biens furent néanmoins confisqués (tiens donc).

Cette histoire emblématique d’une bien sombre période sera donc rejouée sur différents lieux de scènes au travers du village de Sugny.

Programme des festivités

Une exposition de « Makrâles » dans tout le village afin de créer une ambiance de sorcellerie. Tous les habitants de Sugny décoreront leurs habitations de sorcières exposées devant leur habitation. Et une sorcière géante sera promenée dans les rues.

10h00 : Marché artisanal (jusqu’à 18h) avec les animations musicales de Acus Vacuum (musique médiévale), Romane Douny (accordéon), Red Barril’s (percussions sur tonneaux), Christophe Michelet et son professeur Steven Didier (cornemuse).

12h00 : Acus Vacuum.

13h30 : Red Barril’s (percussions sur tonneaux).

14h30 : Début du procès. Cortège, arrestation, jugement, pendaison, bûcher.

 17h00 : Meute fantastique revinoise. Acus Vacuum (musique médiévale).

L’entrée est gratuite, de petites restaurations et un bar seront à votre disposition. Infos et réservations : 0479/40.64.40.