Au cœur du village de Rambures, se niche un magnifique château qui nous vient tout droit du Moyen-âge. Il émerveille les visiteurs et les plonge dans un magnifique voyage dans le temps.

Un exemple magnifique d’architecture militaire

Accueil

Le château de Rambures est un des rares châteaux médiévaux subsistant dans le département de la Somme dans l’arrière-pays du Tréport. Son plan est original et il s’agit également un chef d’œuvre de l’architecture militaire tardive.

Il est parvenu jusqu’à nous pratiquement intact car il a été épargné par Louis XIII lors des « ordonnances de Richelieu ». En effet, en 1629, Louis XIII sous l’influence du cardinal de Richelieu, a promulgué un décret démantelant toutes les forteresses françaises, qui n’étaient utiles à la défense du royaume. Rambures a été épargné en reconnaissance à Charles de Rambures, appelé aussi le « Brave Rambures » qui avait sauvé la vie du roi Henri IV à la bataille d’Ivry. Le plan de l’édifice n’a donc subi aucune modification jusqu’à nos jours.

L’origine et l’histoire des Rambures

La première mention de la famille de Rambures remonte au XIIème siècle. Dès 1421, le « chastel » de Rambures est cité dans les places tenues par les Anglais dans le Ponthieu (ancien pays de France dont la capitale était Abbeville). Les seigneurs de Rambures vont occuper une place de tout premier plan, surtout pendant la guerre de Cent Ans (1337-1453).

Des tours fortifiées avaient été construites près de l’emplacement actuel de l’édifice. C’est en 1412 que David de Rambures a pris la décision de construire le château actuel, mais il sera tué ainsi que 3 de ses fils à la bataille d’Azincourt (1415) où les troupes françaises seront écrasées par les armées anglaises d’Henri V, pendant la guerre de Cent ans. David est d’ailleurs cité dans la pièce de Shakespeare « Henri V », où il est appelé « lord Rambures, chef des arbalétriers ».

Après bien des péripéties et une captivité de plusieurs années en Angleterre, son fils, André de Rambures rentra en France, libéré après le versement d’une forte rançon.

Après un bref passage dans les mains anglaises, le château est repris en 1431 par les Français. André de Rambures, le seul fils survivant d’André, est donc rentré en possession de son château après son retour d’Angleterre en 1436. Il a pris part à la reconquête du pays contre les Anglais, avec son fils Jacques.

Au XVIème siècle, les Rambures continuèrent à s’illustrer dans la carrière des armes, et le plus illustre d’entre eux est Charles de Rambures, dit le « Brave Rambures », qui sauva la vie du roi Henri IV à la bataille d’Ivry. Il y laissa le bras droit, mais sauva ainsi la forteresse du démantèlement sous Louis XIII.

En 1676, la duchesse de Caderousse a hérité du domaine à la mort de son frère Louis-Alexandre de Rambures, tué accidentellement par une décharge de mousquet à 18 ans. Son cousin germain, le marquis de la Roche Fontenilles hérita alors du domaine, lequel est toujours dans la famille actuellement. A partir de la fin du XVIIème et dans le courant du XVIIIème siècles, le château sera transformé peu à peu en château de plaisance.

Il faut aussi signaler qu’en 1798, grâce à une pétition des Ramburois, le château qui avait été confisqué par les révolutionnaires, fut rendu à la famille, ainsi que tous les biens qui n’avaient pas encore été vendus comme biens nationaux. 

18 générations de Rambures et 7 générations de Rambures-Fontenilles se sont succédé comme propriétaires du château. Celui-ci n’est plus habité par ses propriétaires depuis les années 30.

Un château classé et un jardin remarquable

On pénètre dans le parc du château de Rambures par un grand portail en fer forgé, couronné par le blason familial. Tout de suite, on est charmé par cette construction massive, et pourtant si élégante, malgré l’impression de force qui s’en dégage.

Sur la gauche, les communs qui abritent une maquette et des informations sur les différentes rénovations du château. 

Le château féodal est de plan carré, bien qu’aucun mur ne soit droit. Ses tours et demi-tours en briques et pierre calcaire, qui a durci sous l’action de l’air, sont imbriquées les unes dans les autres. Les tours sont placées dans les angles du carré et sont reliées entre elles par des demi-tours, depuis les caves jusqu’au deuxième étage. La communication verticale se fait par un escalier à vis (vis de Saint-Gilles) placé dans les angles internes des tours d’angle. 

Le choix de la brique a été fait afin de mieux résister aux tirs d’artillerie. En effet, la brique se réduit en poudre sous les chocs des boulets, et cela réduit considérablement la taille des trous. De même, la forteresse ne possède aucun mur droit, les boulets ne peuvent donc pas s’encastrer et l’effet de ripage réduit considérablement la force des impacts. Les murs ont également une épaisseur vraiment conséquente, puisqu’ils peuvent aller de 3,5 à 6 mètres.

Le château est construit dans une fosse sèche, mesure défensive contre l’artillerie. Des canonnières de défense sont placées au niveau du plateau situé au-delà de la fosse. Cette fosse sèche porte également le nom de « saut-de-loup » ou « ah-ha » (type de fossé utilisé depuis l’antiquité dans les fortifications pour retarder les assaillants, et qui, aujourd’hui, est utilisé pour son côté esthétique, comme défense mais sans borner la vue).

Un château de plaisance

Au XVIIème siècle, de grands travaux d’aménagement seront entrepris au château. On modifie la tour nord et on supprime des fortifications, ainsi que la chapelle, et on construit un escalier monumental au centre de l’édifice. De même, les huit tours et demi-tours sont aménagées et il ne reste plus qu’une seule pièce à tous les niveaux, offrant ainsi un espace de vie unique et entourée de chambres. Les chemins de ronde et de nombreux mâchicoulis (constructions en saillie au sommet des murailles de forteresse d’où on pouvait faire tomber des projectiles sur les assaillants) seront endommagés lors de ces travaux.

Les travaux se poursuivront au XVIIIème siècle, des pièces de réception sont aménagées, notamment au deuxième étage, et l’on perce de grandes baies qui endommageront les mâchicoulis. Un plan de 1754 montre l’existence d’un parc à la française autour de château, et il sera transformé en parc à l’anglaise dans le dernier quart du XVIIIème siècle. 

Les communs sont organisés autour d’une cour de gazon, en forme de U, et sur la gauche, on peut admirer de grandes pelouses plantées d’arbres et de haies taillées. Au centre, un grand parterre est bordé d’une allée qui mène au château. Sur la gauche, se trouvent également les communs, où l’on peut admirer une maquette du château et en apprendre plus sur la chronologie des restaurations du château jusqu’à nos jours.

Un jardin remarquable

Le parc qui entoure le château est constitué de vastes prairies, et d’allées ombragées bordées par de nombreux arbres séculaires, aux fûts impressionnants. Des chemins sinueux se fraient un chemin dans toutes les directions, et permettent d’admirer autant d’arbres d’essences précieuses, dignes d’un vrai jardin botanique. Ils côtoient les allées rectilignes datant du XVIIIème siècle.

Une roseraie a été créée en 2003 par madame de Blanchard (descendante de la famille de Rambures), à la place de l’ancien potager. Le tracé de celle-ci est d’inspiration médiévale, et reprend la symbolique du Moyen-Age : des carrés, des croix, des oppositions deux à deux représentant les 4 éléments primordiaux : le sec et l’humide, le chaud et le froid. Cette roseraie est close sur trois côtés par de hauts murs et d’une haie taillée.

Le jardin est divisé en deux parties : le jardin des roses abrite de plus de 500 variétés différentes qui offrent un spectacle absolument enchanteur de massifs géométriques mêlant subtiles senteurs et palette de couleurs des plus tendres aux plus vives.

Et ensuite, le jardin des « simples » au tracé lui aussi géométrique, où l’on retrouve des plantes utilitaires (condiments, plantes aromatiques, médicinales et tinctoriales (plantes servant à fabriquer des teintures), ainsi que des pommiers tiges ou palissés (ne sommes-nous pas au pays du cidre ?). Une des pommes porte d’ailleurs le nom de Rambour.

Un site classé

Le site du château de Rambures est classé depuis 1927, quant au jardin, aménagé à la fin du XVIIIème siècle, puis réaménagé au XXème et XXIème siècle, il a été labellisé en « jardin remarquable ».

Il s’agit sans aucun doute d’un formidable but de promenade. La visite du château vous fera découvrir des pièces aux ameublements soigneusement restaurés et mis en valeur, et vous pourrez achever votre visite par une longue balade dans les allées du parc.

La magie du lieu vous prendra sans aucun doute.

Cette visite vous est proposée dans les activités de la box « Culture in the city ».