Les festivités de l’Ommegang vont s’installer dans le centre de Bruxelles du mercredi 28 juin au samedi 1er juillet. Quatre jours de liesse feront le bonheur des Bruxellois et autres visiteurs, qui pourront se plonger dans les modes de vie et produits d’antan. Avec en point d’orgue, les cortèges du mercredi et vendredi soirs qui se termineront en spectacles magnifiques sur la Grand Place de Bruxelles.

Des racines qui remontent au Moyen-âge

L’Ommegang de Bruxelles était à l’origine une procession lustrale.  « Ommegang » vient du terme latin « circumambulatio », c’est-à-dire « marcher autour ».  Il s’agit donc d’un cortège autour de la ville, qui servait à purifier.

Cette procession a été fondée en 1348, pour célébrer l’arrivée surnaturelle de « Notre-Dame à la Branche ». Une jeune Bruxelloise très pieuse, Béatrice Soetkens, a vu en rêve la Vierge, qui lui a demandé d’aller chercher une statue de Marie (probablement une ancienne icône païenne), taillée dans du bois, située à l’origine dans la cathédrale d’Anvers. Aidée par son époux et un batelier, Béatrice a pu se saisir de la statue et la ramener à Bruxelles, aidée par des puissances divines qui ont dirigé la barque jusqu’aux quais de la cité où elle a été accueillie par le duc de Brabant et les arbalétriers qui avaient été prévenus de ce prodige.

Cette Vierge, qui a pris plus tard le nom de « Notre-Dame des Victoires », a été installée par les Arbalétriers dans la Chapelle du Sablon. Celle-ci a pu être agrandie grâce aux dons qui ont afflué pour la Vierge miraculeuse. Notre-Dame du Sablon est devenue l’autre grande protectrice de la ville avec l’Archange Saint-Michel.

À l’origine de l’Ommegang, la statue de la Vierge partait de l’église du Sablon. Elle était accompagnée par tout le corps social de la ville qui défilait dans l’ordre croissant d’importance, au fur et à mesure qu’on s’approchait de la Vierge. D’abord, il y avait les gens de guerre de la ville de Bruxelles, ensuite venaient les doyens des corporations du commerce et de l’industrie, et enfin, les Lignages (l’aristocratie urbaine) et les magistrats qui précédaient directement la statue, entourée par le clergé et les arbalétriers du Grand Serment.

Le cortège était très coloré puisque chaque groupe social était vêtu de ses propres couleurs (Les escrimeurs étaient vêtus de bleu et blanc, les arquebusiers, de blanc, les archers étaient en blanc, noir et rouge, les arbalétriers du petit Serment de Saint-Georges étaient en blanc et rouge, et enfin, les arbalétriers du Grand Serment étaient vêtus de vert). Ils précédaient une cavalcade composée par les jeunes gens choisis dans les plus importantes familles bourgeoises, qui évoquent les anciens ducs de Brabant, avec un porte-bannière, des hommes d’armes et des pages. Ensuite venaient les représentants des corporations et les chefs des Nations, dont les doyens étaient habillés de drap rouge, couleur de la ville de Bruxelles. Venaient ensuite les représentants des institutions de la ville, et de sa vie culturelle dont les chambres de Rhétorique (membres d’une même profession, ou d’un même quartier, qui se réunissaient pour discuter des affaires de la cité, échanger des informations ou avoir des conversations « savantes » ou littéraires).

Au cours du temps, le cortège s’est considérablement étoffé pour arriver à son apogée vers le milieu du 16e siècle.  D’ailleurs à cette époque, les ornements pour la cavalcade étaient si nombreux que la ville a dû acheter une maison rue d’Or pour les y entreposer.

L’Ommegang de 1549

Vers le milieu du 16e siècle, l’Ommegang est à son apogée. Le 2 juin 1549, l’empereur Charles Quint vint à Bruxelles.  Il venait présenter son fils et successeur, le futur roi Philippe II, à nos régions. Le Magistrat de la ville décida donc de l’accueillir en grande pompe en lui présentant l’Ommegang, afin de montrer la puissance économique et militaire de la ville. Chaque ville des Pays-Bas s’est également investie à cette occasion afin de se montrer sous son meilleur jour. Cette année-là, l’Ommegang fut plus resplendissant que jamais. C’est d’ailleurs le cortège de cette année-là, qui sert de modèle aux représentations actuelles. Par la suite, des remous politiques et religieux agitent les Pays-Bas espagnols. Nous en connaissons les aléas grâce au journal de Jean de Potter, l’un des bourgeois de la ville. Il y a décrit l’Ommegang au fil des années.  Entre 1580 et 1585, lorsque la ville était aux mains des Protestants, la procession a été purement et simplement annulée. L’événement a retrouvé son lustre sous le gouvernement d’Albert et d’Isabelle (1598-1621), mais dès le 18e siècle, le déclin de la manifestation s’amorça, et le dernier Ommegang, fort réduit, eut lieu en 1785. La ville de Bruxelles était alors sous domination des Habsbourg d’Autriche, qui depuis Vienne, imposent une domination de plus en plus centralisée. La révolte grondait, et on se dirigeait vers les turbulences révolutionnaires que l’on connaît.

Le spectacle actuel

En 1930, on célébrait le centenaire de l’indépendance de la Belgique, et à cette occasion de nombreuses manifestations ont été organisées à travers tout le pays.

À Bruxelles, le folkloriste Albert Marinus, aidé par quelques érudits passionnés d’histoire, comme François-Henri De Smet, et soutenus par le bourgmestre de la ville, Adolphe Max, s’est lancé dans l’organisation de la reconstitution de cette procession. Le spectacle a connu un tel succès que de nouvelles éditions ont été organisées par la suite. Dès 1930, le comité organisateur a senti que l’Ommegang susciterait un grand intérêt pour le public, y compris par les spectateurs étrangers, friands de reconstitutions historiques. La visite de Charles Quint et la présentation du prince héritier, Philippe ayant été particulièrement bien documentées par la description contemporaine de Juan Calvete de Estrella (précepteur du prince Philippe) dans son journal de voyage dans les Provinces-Unies, ce sera cette manifestation qui servira de modèle pour les reconstitutions ultérieures, et contemporaines.

L’Ommegang actuel ne respecte plus la périodicité ancienne, puisque maintenant, il est représenté deux fois fin juin et aussi dans des lieux qui se situaient hors des remparts de la cité.

Actuellement, l’Ommegang est redevenu une marche folklorique. À l’origine, le cortège était la procession d’une guilde d’arbalétriers, donc, les festivités commencent par un concours de tir à l’arbalète, dont le gagnant entre sur la Grand Place avec le défilé. Après la sortie de Charles Quint de l’Église Notre-Dame des Victoires au Sablon, les serments reconstituent la procession historique. Le géant des Brasseurs sortira de la brasserie de l’Ommegang, située rue de la Montagne. N’oublions pas que Charles Quint était un grand amateur de bière.

Inscription sur la liste du Patrimoine Culturel Immatériel de l’Unesco

Ainsi qu’il a déjà été mentionné, l’Ommegang a beaucoup évolué au fil du temps, ce qui fait de lui un spectacle vivant. Bon nombre de participants font partie du cortège depuis plusieurs décennies et les enfants et petits-enfants des participants suivent le modèle des aînés de leurs familles. 

À l’initiative de la société organisatrice « Ommegang Oppidi Bruxellensis », un dossier a été rempli afin que cette manifestation soit reconnue comme Patrimoine Culturel Immatériel. 

Près de 1200 personnes font partie des bénévoles de l’Ommegang. Parmi eux, on trouve les serments d’arbalétriers, d’escrimeurs, d’arquebusiers, cercles de Rhétorique, échasseurs, manieurs de drapeaux, représentants des Guildes et Corporations, Gilles de Marchienne, géants et animaux symboliques (et leurs porteurs), danseurs et musiciens et le bon peuple e Bruxelles. Les dignitaires de la ville et de la Cour sont incarnés en partie par les descendants des Lignages qui ont connu autrefois Charles Quint. De nouveaux dépositaires du PCI des régions flamande et wallonne rejoignent chaque année cette magnifique reconstitution.

L’Ommegang a rejoint la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité en décembre 2019, après avoir déjà reçu le titre de chef-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

L’édition 2023

Les invités d’honneur de l’édition 2023 sont les suivants :

Axelle Red tiendra le rôle du Héraut. Chanteuse, compositrice, flamande chantant en français, elle excelle dans différents domaines, et incarne à elle seule une Belgique fière et unie. Ses engagements humanitaires font d’elle une vraie inspiration.

À ses côtés, il y aura également la chanteuse Jo Lemaire, qui assurera avec Axelle Red, une présentation en français, néerlandais et anglais.

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Comme invité du 9ème art, le Comité a choisi le dessinateur DuBus, toujours drôle, et dont on apprécie à juste titre les dessins formidablement lucides qui traduisent son regard sur notre actualité.

Le maître de cérémonie sera incarné sous les traits de Thomas de Bergeyck, animateur de place Royale sur RTL.

Le ténor Sébastien Romignon Ercolini et la mezzo-soprano Isabelle Everarts de Velp assureront les prestations musicales du spectacle dont la mise en scène sera assurée pour la 15ème année par Giles Daoust.

De nombreux moyens de mise en scène modernes (dont de grands écrans) rendront le spectacle encore plus vivant et plus accessible, puisqu’ils permettront de suivre les différentes parties du cortège avant leur arrivée sur la Grand Place.

Cette année, la Corée du Sud sera le pays invité des organisateurs de l’Ommegang et différents espaces vous permettront de découvrir ce pays sur les différents sites du cortège.

 

Informations pratiques

L’Ommegang du mercredi 28 et vendredi 30 juin 2023.

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