Dans une rentrée littéraire qui s’achève, parmi les nombreux livres et bandes dessinées qui sortent, il y en a un particulièrement qui sort du lot. Tout le monde, qu’il l’ai lu ou pas, a son avis. En effet la célèbre pop star emblématique des années 2000, au destin tourmenté, vient de sortir l’une des plus grosses ventes mondiales au rayon librairie : oui, Britney Spears est de retour!

Vite, du scandale !

Rares sont les sorties littéraires qui font autant de bruit dès leur parution. Sauf peut-être quand on vous rabâche à tout va les oreilles avec le dernier « Asterix et Obelix », même sur YouTube où vous en subissez les publicités. Mais les aventures des Gaulois ont plutôt le mérite d’être consensuelles face aux coulées d’encre provoquées par les 280 pages écrites de façon très simple par Britney Spears en personne.

D’ailleurs la chanteuse reproche actuellement aux médias de ne se pencher que sur les détails glauques, ou bien aguicheurs de son livre, tels que ses rapports avec sa famille, son avortement dans les toilettes avec Justin Timberlake jouant de la guitare à côté, ou ses nombreux déboires comme la justification de son crâne rasé. Bon en même temps nos instincts préhistoriques sont bien plus attirés par ce qui ne fonctionne pas que par les choses plus heureuses, et bien sûr les ragots flattent nos instincts de commères du village.

La Femme en Moi, l’autobiographie de Britney Spears © JC Lattès

Si le livre est écrit par une personnalité publique, il est tout à fait normal d’avoir les tabloïds à l’assaut de l’ouvrage, comme pour n’importe quelle autre personnalité. Quoique l’excellente biographie d’Elon Musk par Walter Isaacson n’ait pas accompli la même prouesse médiatique… Tentons de comprendre. Ce livre pourrait également modifier l’industrie du disque car il remet les fondements du formatage des artistes en question.

Gros évènement

Au début des années 2000, Britney est partout et l’on parle de véritable « Britneymania » chez les ados, au même titre que les groupes actuels Black Pink et BTS qui battent des records au niveau mondial. Sauf si vous n’aviez pas accès aux médias de l’époque, vous ne pouviez pas échapper au phénomène Britney Spears, surtout pendant cette décennie durant laquelle la presse à scandale était à son apogée.  Aujourd’hui cette presse souffre de la concurrence des réseaux sociaux où tout le monde est averti dans la minute qui précède l’info, accélération de notre époque oblige .

Baby On More Time, illustration par Mechaa Fact © Mechaa Fact

L’intérêt généré par Britney Spears touche également à la proximité médiatique et l’accès facile à sa production musicale. N’oublions pas que Britney, comme elle le rappelle également dans son livre, est une chanteuse commerciale, formatée pour plaire à un certain public jeune. Public qui se pose moins de questions au sujet des artistes crées de toute pièces par les majors que la « gen z », beaucoup plus en demande d’authenticité, et aux aspirations plus réalistes que les milléniaux.  

Pour ces milléniaux il était bien plus facile de se divertir sans se poser de questions d’ordre éthique, une certaine naïveté régnait à cette époque . « La femme en moi »  est avant tout les révélations d’un phénomène de société qui a bouleversé son époque . À côté, Elon Musk fait plutôt parler de lui dans ses communications qui n’agitent que les fans, mais reste éloigné de l’interaction médiatique directe avec le grand public.

Britney Spears, icône des années 2000

On dit toujours que la mode n’est qu’un éternel recommencement, les tendances des années 2000 reviennent en force, ainsi que toute son imagerie saupoudrée de «  Hello Kitty «, de Nokia 3310, de paillettes, de CD’s et de ses images de popstars. Britney est sans doute l’une des meilleures représentantes de cette iconographie, puisqu’elle était aussi une it-girl (ancêtre de l’influenceuse) et une digne représentante du « Mcbling » qui repointe son nez, explication ici avec une plongée dans la culture populaire grand public.

Britney Spears en concert © GETTY IMAGES

Britney ne serait qu’une victime de la culture d’une époque qui se permettait le voyeurisme avec l’arrivée de la télé réalité, de la permissivité mêlée à l’insouciance, où l’on croyait que tout serait encore possible demain, avant l’éclatement de la crise de 2008. Britney fut aussi l’égérie des années 2000 au même titre que Michael Jackson ou Madonna dans les années 1980, avec son lot de tragédies qui accompagnent très souvent les destinées qui rayonnent sous les projecteurs.

Frances Farmer, un destin similaire

Étrangement, le destin tragique de Britney rappelle celui de Frances Farmer, dont je ne peux que vous recommander l’excellent biopic réalisé par Graeme Clifford et sorti en 1982. Ici il s’agit d’une actrice née en 1913. Comme Britney Spears, Frances commence sa carrière tôt en décrochant des premiers prix à des concours de théâtre. Plus tard, elle signe avec la Paramount qui exploite son talent au cinéma, avec une autorité, une infantilisation semblable à celle que Britney a subi.

Frances Farmer © Wikipedia

Révoltée, Frances ne s’est pas rasée le crâne mais a jeté un pot d’encre sur un juge en charge de la juger pour conduite en état d’ivresse. Frances Farmer est alors internée en psychiatrie (comme Britney Spears). Frances est mise sous tutelle de sa mère qui se comporta de façon aussi insidieuse que le père de Britney, lors de la tutelle de celle-ci. Après son retour à la liberté, Frances envisage une carrière à la télévision avant d’écrire son autobiographie. Un destin qui rappelle celui de Britney. Certaine photos de Frances sont encore plus étranges, et font penser au visage de Britney Spears.

Un livre qui peut changer le monde de la musique

Le live de Britney pourrait même modifier le monde de l’industrie musicale puisqu’il étale le formatage des artistes, le manque de liberté, le sexisme, les dictats, un rythme de vie très soutenu, uniquement pour enrichir les maisons de disques qui prennent la plus grande part de gâteau. Il pourra peut-être s’avérer fondateur et instigateur de changements pour d’autres artistes qui vont sûrement trouver en Britney Spears un porte-parole.

Free Britney on Instagram, illustration par Mechaa Fact © Mechaa Fact

Le destin de Britney est tragique, mais il n’est pas sous le silence comme beaucoup qui connaissent les mêmes conditions de travail. Voyez ici l’interview de la chanteuse Pomme qui a su résister à ces cahiers des charges infernaux, et qui a pris son destin en main. Peut-être aussi a-t-elle moins souffert de sa famille que Britney.

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Mechaa fact est une illustratrice de talent, visitez son Instagram !

La chanteuse Pomme se livre les problèmes qu’elle a vécu dans le monde de la musique :