Promenade culturelle à Istanbul, la Cité aux sept collines (3/3)
Depuis toujours, Istanbul ensorcelle ses visiteurs. Plus envoûtante que jamais, elle se dévoile au fil de musées exceptionnels, d’étonnantes galeries d’art et de lieux historiques récemment restaurés. Petit tour d’horizon et dernières adresses à savourer. Notre troisième article d’une série de trois.
Voguer sur les rives du Bosphore, entre l’Europe et l’Asie
La plus belle façon de quitter la Ville monde est celle de la saluer en s’offrant une promenade sur le Bosphore, en yacht privé. En journée ou à la tombée de la nuit, les somptueux « yalis » illuminent les rives européennes et asiatiques de leur intacte splendeur. Yali vient du grec Yialos qui signifie « rivage marin ». Ce terme fait référence aux résidences ottomanes ponctuant les rives de ce détroit reliant la mer de Marmara à la Mer Noire, généralement construites en bois et entourées de magnifiques jardins odorants.
Au rythme des vagues et d’une enivrante traversée effleurant l’Europe et l’Asie, on s’émerveille face au Palais de Ciragan, de Beylerbeyi, de Dolmabahce ou de l’un des plus spectaculaires yalis ayant appartenu à l’illustre famille des comtes Ostrorog. Aujourd’hui propriété des Koç (célèbres industriels turcs), on le reconnait facilement grâce à sa couleur rouge foncé.
Il est l’un des exemples les plus frappants de l’architecture ottomane du XVIIIe siècle. La Tour de Léandre, l’ancienne gare Haydarpasa, la forteresse Rumeli Hisari. Du nord au sud et d’ouest en est, de merveilles en merveilles… Il existe différentes formules pour fêter un anniversaire ou célébrer un évènement d’entreprise, informations sur leur site Lotusyat. Embarcadère à Karakoy/Galataport ou à Bebek que l’on peut joindre très facilement grâce au Galataport Istanbul Sea Shuttle. Celui-ci est situé à la fin de Galataport après les bateaux de croisières. Voyez ici la rubrique sea shuttle pour les horaires.
La magie d’Istanbul vue depuis le Bosphore © photo Letizia Missir
Nuits ottomanes au Ciragan Palace Kempinski
Parmi les lieux à visiter absolument dans la ville, figure le somptueux Palais de Ciragan ! « Ciragan » signifie « plein de lumière » en persan. Cette parole fut assimilée au Palais durant l’ère des Tulipes (période durant laquelle débute l’occidentalisation de l’Empire ottoman entre 1718 et 1730), lorsque les torches illuminaient les jardins la nuit durant les « Ciragan Festivals ». Situé sur la rive européenne et face à l’Asie, il est, aujourd’hui, le seul Palais impérial transformé en un extraordinaire hôtel de luxe.
L’entrée monumentale du Ciragan Palace Kempinsky © Ciragan Palace Kempinsky
A l’origine, ce bâtiment totalement unique datant du XVIIe siècle, comprenait différentes ailes dont un pavillon d’été et un fastueux palais en marbre. Il fut entièrement restauré pour devenir, en 1991, le bijou hôtelier le plus ancien d’Europe signé Kempinski. La partie la plus ancienne offre onze merveilleuses suites avec des vues époustouflantes sur le Bosphore et vos majordomes personnels à l’affût de vos moindres souhaits. Quant au bâtiment plus moderne, il respire tout aussi merveilleusement le faste, le luxe et la magnificence ottomane.
Un nouveau design grâce à l’expertise du spécialiste mondial d’art ottoman Serdar Gülgün
Récemment, le bâtiment entier, les chambres, le lobby et d’autres espaces ont été repensés et redécorés par Serdar Gülgün afin que s’en dégagent encore plus intensément les splendeurs et les prouesses artistiques de l’époque ottomane. En découvrant le Palais de Ciragan, le visiteur s’immisce dans un monde, dans l’histoire de l’architecture ottomane, à son insu. Chaque détail a été choisi avec le plus grand soin afin de révéler l’élégance, l’opulence et le raffinement extrême de l’époque vécue dans ce palais et magnifié par ses jardins parfumés, par les sublimes eaux bleues du Bosphore se reflétant sur l’immaculé marbre blanc.
Vue d’ensemble du Ciragan Palace Kempinsky © Ciragan Palace Kempinsky
Le passé et le présent se côtoient ici dans une harmonie parfaite. Nacres, lustres vénitiens en verre de Murano, miroirs, motifs de tulipes ou Cintemani aux murs ou sur de magnifiques textiles rappelant leur signification spirituelle. Les chandeliers ont été reconstitués selon les documents d’époque et les meubles inspirés de l’art ottoman dit « Ebru » (art turc du papier marbré). Colonnes élancées, fontaines de marbre et fleurs mises en beauté dans de superbes vases créés sur mesure, le regard ne sait où se poser face à tant de détails et de majesté suscitant l’admiration.
Rêveries au bord du Bosphore © Ciragan Palace Kempinsky
L’entrée donne, sans attendre, le ton de cette élégance unique au monde, grâce aux céramiques d’Iznik datant des XVIe et XVIIe siècle qui y sont exposées. Et puis ce marbre gris mêlé en demi teintes avec d’autres, partout dans les salles de bains, rappelant les gracieux et traditionnels hamams. Les fins gastronomes seront tout aussi ravis en découvrant les nouveaux espaces dédiés à la cuisine du monde ou ottomane fusion grâce à des recettes étonnantes rehaussés de vins exceptionnels millésimés… Un chef d’œuvre!
Inspiration des céramiques d’Iznik au Ciragan Palace Kempinsky © Ciragan Palace Kempinsky
Les bons plans de Mélusine à Istanbul
Où poser ses valises à Karaköy ?
Ouvert il y a à peine deux ans, l’Hôtel de Rêve promet de belles découvertes grâce à sa situation exceptionnelle. A 15 minutes à pieds de la tour de Galata et du musée d’art contemporain Istanbul Modern, ce petit bijou hôtelier n’est autre que l’ancienne ambassade d’Estonie. Ce bâtiment historique a été entièrement rénové pour offrir à ses hôtes un séjour de rêve ! L’équipe est une grande famille aux petits soins de chacun ! Ce boutique hôtel se distingue des autres par son accueil personnalisé et son service irréprochable. Au dernier étage, la terrasse où sont servis d’exquis petits déjeuners et diners par Mustafa est tout simplement magnifique : on ne se lasse pas d’y contempler l’horizon, de se laisser bercer par les eaux du Bosphore, d’admirer la Basilique Sainte Sophie et le palais de Topkapi. Pour être accompagné dans les différents bazars de la ville sans perdre trop d’énergie et de temps, Umut est joignable au Tel : 0090.545.272.37.49
Vue depuis l’Hôtel de Rêve © photo Letizia Missir
Où diner sur la Place Taksim ?
Le Sofitel possède deux restaurants. L’un est plutôt calme. L’autre, le Nomads, installé sur la terrasse du dernier étage, organise des soirées-spectacles très animées et en tous genres. www.sofitel.accor.com
Quel hamam choisir pour un moment de détente totale ?
Situé à Cukurcuma, en plein cœur du quartier des antiquaires et autres jolies boutiques de décoration, ce hamam mixte est à découvrir lors de votre visite stambouliote. Selon des sources sérieuses, il fut construit en 1830. Le poète Constantin Kavafis -ayant vécu à Istanbul entre 1880 et 1885- l’aurait dirigé durant un moment. Rénové en 2018, il offre une pause essentielle dans un décor ottoman d’une grande élégance. Magnificence, splendeur et raffinement. Optez pour le Süreyya dream.
Le hamam Cukurcuma © Cukurcuma hamam
Au programme : deux heures de déconnexion, un massage aux huiles détoxifiantes ainsi qu’un masque visage aux ingrédients naturels uniques. Réservation obligatoire Tel : +90 530 933 05 13.
Dans le quartier de Besiktas, l’Hôtel Shangri-La possède un Spa (CHI) qui mérite le détour pour reprendre des forces après une longue journée de visites à travers les musées et la galeries d’art de la ville. www.shangri-la.com
A prendre dans ses bagages :
Cartoville Istanbul, Guides Gallimard (dernière édition). Le goût d’Istanbul, Ed. Mercure de France, 2004. Istanbul insolite et secrète, Emre Oktem, Letizia Missir. Ed Jonglez 2016. Pierre Assouline, Le dernier des Camondo, Ed. Gallimard, 1997.
Un livre passionnant qui vous dévoile les secrets de la ville : Istanbul Insolite et Secrète © Éditions JonGlez
A feuilleter avant et après le voyage: le très beau livre de Stephane Yerasimos. Constantinople. De Byzance à Istanbul, Ed. Place des Victoires, 2000. A paraître : un petit livre original et inédit sur le Palais de Topkapi, écrit et réalisé par Letizia Missir di Lusignano.
A lire ou à relire: Orhan Pamuk, Istanbul, souvenirs d’une ville. Ed.Gallimard 2007.
A voir : Le Film A touch of spice de Tassos Boulmetis (2005). C’est l’histoire de Fanis, un petit Grec qui grandit à Istanbul avec pour maître son grand-père, un sage de l’art culinaire qui lui enseigne, que dans la cuisine comme dans la vie, il faut mettre une once de sel pour donner du goût et du piment ! De très belles prises de vues dans différents quartiers d’Istanbul.
A touch of Spice :
Ne ratez les deux premiers épisodes de ce reportage en trois parties : les lieux historiques et les musées et galeries.